Le gouverneur de la banque centrale de Corée en est convaincu : l’émission de monnaies numériques (CBDC – MNBC) mettra à mal la demande de cryptomonnaies, dont Bitcoin. En Europe, l’urgence n’est pas d’actualité.
Les banquiers centraux commencent à voir d’un mauvais œil l’adoption croissante des cryptomonnaies. Ils estiment pourtant, paradoxalement, qu’elles ne constituent en rien une menace pour les monnaies souveraines.
C’est pourtant bien l’annonce par Facebook de l’introduction d’un stablecoin qui avait déclenché le lancement de projets, partout dans le monde, de monnaies numériques de banque centrale (ou CBDC).
Bitcoin, cryptomonnaies et CBDC, même combat ?
Alors, menace ou non ? La riposte se prépare en tout cas. Et le gouverneur de la banque centrale de Corée du Sud en est déjà persuadé, ces équivalents numériques des monnaies fiat auront un impact sur la demande de cryptomonnaies.
« Lorsque la monnaie numérique émise par la banque centrale sera introduite, la demande de Bitcoin et d’autres cryptomonnaies comme moyens de paiement diminuera », déclare Lee Ju-yeol, cité par CoinDesk Korea.
Mais cryptomonnaies et CBDC répondent-elles à un même besoin, ce qui pourrait dès lors justifier un tel impact sur la demande ? Ce n’est pourtant pas l’avis du gouverneur de la banque centrale.
Comme d’autres de ses homologues, il pointe leur forte volatilité, qui en limiterait l’usage comme moyen de paiement et réserve de valeur. C’est cependant de moins en moins vrai. Et les services lancés par des géants des paiements comme Visa et PayPal le démontrent.
Retour au sommeil après l’éviction de Libra
Les États pourraient donc de nouveau accélérer leurs développements de CBDC, plutôt stagnants depuis la menace Libra (désormais Diem) contrecarrée. En Corée, un pilote démarrera plus tard en 2021.
D’autres pays, comme la Chine, la Russie, la Turquie et la Jamaïque mènent eux aussi des expérimentations. Et l’Europe ? En tête en matière de régulation, elle peine en revanche à trouver un accord entre ses membres.
Le calendrier de la BCE est sur la table. La banque centrale publiera « bientôt » les résultats de la consultation menée sur l’euro numérique. Mais une décision de lancer ou non des expérimentations n’interviendra pas avant le milieu d’année.
Et quand bien même le projet obtiendrait le feu vert, l’émission d’une CBDC prendra encore des années. L’horizon de 2 à 4 ans s’éloigne de mois en mois. « L’ensemble du processus – soyons réalistes – prendra à mon avis encore quatre ans, peut-être un peu plus. Mais j’espère que nous pourrons le maintenir dans les quatre ans », reconnaît Christine Lagarde auprès de Bloomberg.