Depuis le début du marché baissier, une vague de fusions-absorptions est à l’œuvre dans l’industrie crypto. Binance, leader avec 54% de part de marché, n’est pas le moins actif. Cependant il aurait récemment refusé d’acquérir la participation de Justin Sun, fondateur de la blockchain Tron, dans la plateforme d’échange Huobi.
Les liens présumés de Huobi avec la Chine, un frein pour Binance
Huobi serait une cible de choix pour un rachat. La bourse crypto basée aux Seychelles a une preuve de réserves qui révèle environ 3,5 milliards de dollars en dépôts (32 000 BTC, 274 000 ETH, 820 millions d’USDT et 9,7 milliards de TRX). Ses récentes difficultés, avec le départ forcé de 20% de ses effectifs, renforcent l’intérêt de rejoindre le giron d’un acteur de plus grande envergure. Mais selon une source anonyme citée par CoinDesk, Binance n’aurait pas manifesté d’intérêt pour l’acquisition de Huobi en raison de rumeurs concernant ses liens avec le Parti Communiste chinois.
Binance préférerait éviter tout lien avec la Chine, ce qui expliquerait pourquoi l’échange n’a pas souhaité donner suite. De plus, Huobi aurait dans l’idée d’obtenir une licence à Hong Kong pour y lancer un nouvel échange appelé Huobi Hong Kong, ce qui pourrait renforcer les suspicions de liens avec l’Etat central chinois.
Fondé en Chine en 2017, Binance tente tant bien que mal de se défaire de son passé “chinois” d’avant 2019. Un récent article du très sérieux Financial Times révélait d’ailleurs comment le PDG Changpeng Zhao, aurait demandé aux employés de cacher leur présence dans le pays. Comme nous l’expliquions il y a quelques jours, Binance se serait servi de fonds provenant d’une banque chinoise avec un actionnariat étatique pour payer les salaires de certains employés et le loyer d’un local utilisé jusqu’à la fin de l’année 2019.
Les manœuvres troubles de Justin Sun et ses dénégations systématiques
Justin Sun, fondateur de la blockchain Tron, est connu pour son implication dans divers projets de cryptomonnaie et pour ses investissements dans des plateformes d’échange telles que Poloniex et Huobi. Cependant, il a souvent nié publiquement son implication dans ces projets, malgré des preuves en pagaille.
Par exemple, bien qu’il ait été confirmé par Huobi en janvier qu’il était un dirigeant d’About Capital Management, la société ayant acheté Huobi en octobre de l’année passée, les représentants de Sun ont déclaré qu’il n’était pas impliqué dans About. A son tour, Sun a nié cette affirmation et a déclaré qu’il n’était qu’un conseiller de Huobi. Pour ajouter à l’agacement, Sun a comparé les spéculations sur sa volonté de vendre sa participation dans Huobi à un “poisson d’avril”.
Prenons un autre cas, plus ancien. Justin Sun a nié être impliqué dans le rachat de Poloniex en 2019, avant de confirmer plus tard son investissement dans la plateforme. Ces dénégations systématiques, très vite contredites puis à demi-avouées, jettent le doute sur les véritables intentions de Justin Sun et soulèvent des questions sur sa crédibilité.
Avec d’autres célébrités, Justin Sun est dans le viseur de la SEC
En mars, la Securities and Exchange Commission (SEC) a accusé Justin Sun et trois de ses sociétés, dont Tron Foundation Limited, d’offre et de vente non enregistrées de deux “titres d’actifs cryptographiques”. La SEC a également accusé plusieurs célébrités, dont Jake Paul et Lindsay Lohan, d’avoir violé les lois sur les valeurs mobilières en faisant la promotion de jetons connexes. Sun et ses sociétés auraient offert et vendu Tronix et BitTorrent en tant qu’investissements via plusieurs “programmes de primes” non enregistrés.
La SEC a également déclaré que Sun avait encouragé les investisseurs à acheter TRX et BTT en orchestrant une campagne promotionnelle dans laquelle lui et ses promoteurs célèbres ont caché le fait que les célébrités étaient payées pour leurs tweets. Cette affaire pourrait avoir un impact sur la réputation de Justin Sun et soulever des questions sur la légitimité de ses projets et de ses investissements.
Il n’en faut pas plus, à notre avis, pour dissuader des partenaires potentiels tels que Binance – qui, justement, est dans le viseur de la SEC sur de multiples dossiers : soupçons de blanchiment d’argent, rachat de Voyager Digital en faillite, refus de racheter FTX avant sa faillite, mise à l’arrêt forcé du stablecoin BUSD.
Sources : Coindesk
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