Une nouvelle arme de lobbying ? Binance vient d’annoncer la création d’un « Global Advisory Board ». Un conseil mondial du Web3 qui sera dirigé par le fondateur et PDG de la plateforme, Changpeng Zhao. Parmi les missions prioritaires, se rapprocher des régulateurs du monde entier et les aider dans leurs visées réglementaires quant aux cryptomonnaies.
Un conseil consultatif mondial du Web3 pour coopérer avec les régulateurs du monde entier
Changpeng Zhao, aidé des 11 autres membres du conseil, ne s’en cache pas. La mission dévolue à ce Global Advisory Board sera de peser sur les futures réglementations :
« Nous assumons la responsabilité de guider l’industrie vers l’avant et de collaborer avec les régulateurs, alors qu’ils cherchent à établir un cadre réglementaire pour l’industrie. Des régulations saines favoriseront l’innovation technologique. Elles préserveront les propositions de valeur fondamentales de la crypto en matière de liberté et d’autonomisation, tout en veillant à ce que de bons garde-fous soient en place pour protéger les consommateurs. »
Le groupe de réflexion se chargera d’accompagner différents régulateurs, organismes gouvernementaux et banques centrales dans leur définition d’un cadre réglementaire pour la blockchain et les actifs digitaux. L’argument de l’expertise technique est au cœur de la proposition de valeur du think tank :
« Avec ce changement qui pointe clairement à l’horizon, le rôle de Binance en tant que leader de l’industrie doit être affiné et géré avec une expertise croissante. Bien que nous ayons redoublé d’attention quant à la conformité réglementaire et la transparence, nous voulons nous assurer que Binance ait en permanence à sa disposition une expertise stratégique. »
We can now officially share the names of the experts who form the new #Binance Global Advisory Board.
This collaboration highlights our commitment to compliance, transparency and ensuring a collaborative, trusting relationship with the world’s regulators.https://t.co/u7m0kWn00a
— CZ 🔶 BNB (@cz_binance) September 22, 2022
Un think tank de 12 membres, dont Changpeng Zhao
Outre CZ, l’équipe du GAB compte onze personnalités d’horizons divers, mais toutes issues des hautes sphères politiques et financières :
- Max Bacus (États-Unis) – Ancien ambassadeur des Etats-Unis en Chine, ancien sénateur démocrate US (Montana).
- Ibukun Awosika (Nigeria) – Première femme présidente de la First Bank of Nigeria, fondatrice de The Chair Center Group.
- HyungRin Bang (Corée) – Conseiller du Comité présidentiel coréen, ancien PDG de SoftForum Inc., ancien directeur exécutif de Hyundai.
- Bruno Bezard (France) – Associé-gérant de Cathay Capital, ancien conseiller économique du Premier ministre.
- Leslie Maasdorp (Afrique du Sud) – Vice-président et directeur financier de la New Development Bank, ancien directeur général et président pour l’Afrique australe de Bank of America Merrill Lynch.
- Henrique de Campos Meirelles (Brésil) – Ancien ministre de l’Économie, ancien président de la Banque centrale du Brésil.
- Adalberto Palma (Mexique) – Membre honoraire du conseil d’administration de l’Aspen Institute Mexico, ancien conseiller principal au bureau du chef de cabinet du président du Mexique.
- David Plouffe (États-Unis) – Homme d’affaires, stratège politique, ancien directeur de campagne, conseiller principal du président Obama à la Maison Blanche.
- Christin Schäfer (Allemagne) – Fondateur et directeur général d’ACS Plus, ancien responsable des opérations de risque du groupe Erste Group Bank.
- Lord Vaizey (Royaume-Uni) – Membre de la Chambre des Lords, ancien ministre et député conservateur.
- David Wright (Europe) – Président d’EUROFI, ancien secrétaire général de l’OICV, etc.
Binance et Changpeng Zhao, hérauts de la réglementation ou surpuissants lobbyistes ?
Qu’il semble loin, le temps où Binance agaçait les Etats par son opacité et son origine chinoise. Régulièrement décriée avant 2021 pour sa régulation nébuleuse (la plateforme n’avait pas de siège désigné), Binance est aujourd’hui à la pointe en matière de régulation.
Le timing de l’annonce n’a rien de surprenant car il fait suite à une série de mouvements de la plateforme, qui ne ménage pas ses efforts pour rentrer dans les bonnes grâces des régulateurs.
👉🏼 En juin dernier, Binance est par exemple devenue la première plateforme du top 10 à s’enregistrer comme PSAN (prestataire de services sur actifs numériques) auprès de l’AMF. Une garantie de respectabilité que la Commission Européenne a tenté de nuancer.
👉🏼 En août dernier, Binance a été invitée à une audience du Sénat aux Philippines pour débattre de questions relatives à une réglementation responsable des cryptomonnaies.
👉🏼 Plus récemment, c’est lors de la Binance Blockchain Week à Paris que Changpeng Zhao a émis des doutes sur la loi MiCA qu’il considère comme par trop restrictive. Un texte qui gagnerait selon lui à s’inspirer de la réglementation déjà en place en France, pays qui a tout pour devenir le hub européen du Web3.
On savait l’écosystème de Binance tentaculaire, voilà qu’il se fait pousser un nouveau bras.
Cette collaboration avec les régulateurs renforce davantage la poids déjà considérable de Binance sur le marché crypto : multiples investissements via sa filiale de capital-risque Binance Labs (Optimism, Polygon, Aptos, The SandBox, Axie Infinity, PancakeSwap) – Important validateur des principales blockchains à preuve d’enjeu (Solana, Ethereum, Cardano) – Omniprésence dans la DeFi (pools de liquidité) grâce au BUSD qu’il tente d’imposer par tous les moyens.