Alors que de nombreux citoyens et politiques américains demandent des comptes quant à la façon dont le Hamas (groupe terroriste palestinien) a pu financer ses activités, et notamment la brutale attaque du 7 octobre dernier contre Israël, voilà que la spécialiste du contre-terrorisme de Binance, Jennifer Hicks, démissionne.
Un cadre de plus quitte Binance
Jennifer Hicks, responsable des opérations de contre-terrorisme chez Binance, a quitté son poste. L’information, révélée par Bloomberg, indique que cette démission a été repérée sur LinkedIn. Malgré nos recherches, nous n’avons pas retrouvé son profil.
Cette spécialiste du renseignement aurait donc travaillé pendant deux années au sein de la plus grande plateforme d’échange de crypto actifs du monde. Auparavant, elle aurait mis ses capacités au service de Chainalysis, société de référence pour tout ce qui regarde les analyses de transactions effectuées sur des blockchains. Bloomberg mentionne aussi qu’elle aurait été employée par la Marine américaine, la puissante US Navy.
Jennifer Hicks n’est pas la première personne de valeur qui décide d’abandonner le géant navire jaune et noir de Binance. Cet été, la société de Changpeng Zhao a vu plusieurs de ses employés les plus hauts placés plier bagage et partir.
Aussi Binance n’est elle pas dans les bonnes grâces des différentes institutions de régulations à travers le monde. L’autorité des marchés financiers des Etats-Unis, la SEC, a déposé pas moins de treize plainte devant le département de la Justice.
En France aussi, Binance marche sur des coquilles d’œuf. Une quinzaine d’investisseurs a porté plainte contre le géant des plateformes d’échanges pour “violation du monopole des prestataires de services sur actifs numériques (PSAN), pratiques commerciales trompeuses, recel et escroquerie”.
C’est donc une personne aux qualités rares et éprouvées que Binance voit partir. Il est vrai que, compte tenu de toutes les informations, exactes ou fausses, qui ont circulées et circulent encore sur le rôle des cryptos dans le financement des terroristes du Hamas, la situation devait être compliquée pour Jennifer Hicks. Mais aucune information ne nous permet d’affirmer que sa démission soit liée à ce contexte, certes extrêmement particulier, notamment aux Etats-Unis.
Le rôle des cryptos dans le financement du terrorisme
La part des crypto-monnaies dans les activités illicites, et en particulier le financement d’activités terroristes, est, depuis l’attaque du Hamas sur Israël, un sujet dont tout le monde s’empare. Mais il y a les opinions, certes respectables, et les faits, qui sont parfois contraire aux opinions. Dans ce cas, il faut prioriser les faits.
Or, contrairement a un narratif assez bien établi, d’après lequel les cryptos seraient une source majeure dans le financement des activités illégales, il s’avère que les faits racontent une autre histoire.
Chers journalistes ayant couvert la “levée de fonds” du #hamas en #crypto en relayant l’article du @WSJ : après un démenti de @chainalysis, un démenti de la “source” même du WSJ, @elliptic, le quotidien US fini par admettre avoir tort.
Un erratum pourrait être une bonne idée. pic.twitter.com/1BegiAEBJG
— Alexandre ‘unhosted’ Stachtchenko (@StachAlex) October 28, 2023
C’est le Wall Street Journal, qui déclarait dans un article du mois d’octobre, que le Hamas avait réuni près 80 millions d’euros en cryptos. Or, ceci a été démenti par la firme d’analyse des transactions blockchains, Chainalysis. Au final c’est un peu moins d’un million d’euros que le Hamas serait parvenu a récolté via les crypto-monnaies.
JUST IN:
Wall Street Journal claiming about $90 million worth of crypto was used to fund Hamas was “fake news” according to Chainalysis.
— Whale (@WhaleChart) October 23, 2023
Toujours est-il que la lutte contre le blanchiment d’argent et les activités terroristes demeure une des priorités des législateurs à travers le monde. En effet, de plus en plus les politiques de KYC deviennent obligatoires pour les plateformes qui veulent opérer dans les règles.