Traditionnellement considéré comme un mois fortement haussier pour Bitcoin et les actifs numériques, le mois d’octobre est, pour l’heure, synonyme de calme plat. Mais certains éléments comme le contexte macroéconomique ou géopolitique pourraient laisser place à la tempête. À moins que ce ne soit un élément plus propre au Bitcoin comme la clôture mensuelle qui ne mette le feu aux poudres. Voici plusieurs éléments à considérer cette semaine autour du plus grand actif crypto au monde.
Bitcoin est-il devenu un stablecoin ?
La très faible volatilité des dernières semaines pousse certains à qualifier ironiquement le Bitcoin de nouveau stablecoin. Ces dernières semaines, la mère des cryptomonnaies affiche même une stabilité plus importante que certaines monnaies fiat. Un comble ! Comme l’illustre le graphique suivant, tiré de la plateforme Tradingview. Un graphique qui reprend la clôture hebdomadaire du Bitcoin depuis le début de l’année :
Depuis 6 semaines, c’est le calme absolu sur le marché comme le montrent les bougies extrêmement plates. Pour celles et ceux qui parient sur un mouvement d’ampleur, à la hausse ou à la baisse, ce calme ne ferait que renforcer l’amplitude du mouvement à venir. Avec l’idée sous-jacente que la puissance du mouvement pourrait être guidée par la durée de cette traversée du désert. En d’autres termes, plus Bitcoin attendra, plus le mouvement risque d’être puissant.
Alors qu’il s’agit d’un mois très volatil pour le cours du Bitcoin, octobre (également nommé “Uptober” par les cryptophiles) est pour le moment très décevant. Certains prédisent que le mouvement pourrait se décanter en novembre. Quoi qu’il en soit, les haussiers semblent avoir du pain sur la planche, tant l’actif reste solidement bloqué sous la résistance des 20 000 dollars depuis plusieurs séances.
Pour Michaël Van de Poppe, fondateur de la société de trading Eight, Bitcoin est sur le point de connaître un mouvement d’ampleur. Il déclarait d’ailleurs récemment à ces followers que :
La semaine à venir est importante avec tous les événements, ce qui rend presque inévitable la sortie de cette fourchette. Je surveille cette résistance finale. Il faut qu’elle casse, et ensuite, la fête pourra commencer.
Un avis plus ou moins partagé par le trader et analyste Jackis qui prédit pour sa part, un mois de novembre “sauvage” pour Bitcoin. Avec un retour en force de la volatilité. Pour autant, Jackis ne précise pas si le mouvement sera haussier ou baissier.
Uptober ne tient pas ses promesses !
Alors que le mois d’octobre 2021 avait vu le cours du Bitcoin progresser de près de 40 %, le cru 2022 n’est pas d’aussi bonne facture. Avec une perte de 0,36 %, le mois d’octobre pourrait voir Bitcoin accuser des pertes pour la troisième fois sur les 10 dernières années.
Le tableau ci-dessous illustre la sous-performance du mois d’octobre par rapport aux autres années :
L’importance de la FED et de la BCE !
Comme depuis des semaines, le marché crypto est alimenté et guidé par les politiques monétaires des banques centrales. Elles-mêmes résultants des chiffres de l’économie réelle. Le 28 octobre prochain, le marché pourrait réagir à la publication de l’indice PCE aux États-Unis pour le mois de septembre. Si cet indice, qui détaille les dépenses personnelles de consommation est moins impactant que l’IPC, la date de la publication pourrait renforcer son influence.
En effet, la semaine suivante, la FED doit à nouveau se réunir pour décider des nouvelles hausses de taux à venir. Nul ne doute que l’institution fédérale prendra en considération les chiffres de l’indice PCE dans sa décision. Si le marché s’attend à une nouvelle hausse des taux de 75 points de base, certaines rumeurs font déjà état d’un possible assouplissement de la position de la FED. Si tel était le cas, cela pourrait bien avoir l’effet d’un boost important pour les marchés à risque. Quoi qu’il en soit, le cryptophile James Bull croit beaucoup dans cette théorie :
Nous en sommes au 11 ème mois et la FED envisage d’arrêter la hausse des taux d’intérêt.
L’analyste note par ailleurs qu’un marché baissier autour du Bitcoin dure en moyenne 12,5 mois. Amorcé en novembre dernier, nous serions donc proches d’un point bas selon cette théorie. De son côté, Charlie Bilello, PDG de Compound Capital Advisors estime que les baisses de taux commenceront en décembre pour s’accélérer dès le début de l’année 2023.
Quoi qu’il en soit, le consensus actuel semble être à une nouvelle hausse des taux de 75 points de base. Comme le montre le diagramme ci-dessous :
Mais il est intéressant de noter que le consensus évolue vers une hausse plus raisonnée. Si 7 % des acteurs économiques anticipent une hausse de 50 points de base, ils étaient seulement 2 % à imaginer cette issue il y a une semaine.
Au niveau de l’Europe, la BCE organisera une conférence de presse jeudi prochain. Pour le vieux continent, le marché semble également anticiper une hausse de taux de 75 points de base. Dans certains pays membres de l’Union, l’inflation a atteint des sommets. En dépassant à certains endroits les 20 %.
Le taux de hachage pourrait jouer un rôle crucial !
Malgré le bear market et l’effondrement du cours du Bitcoin, le taux de hachage continue d’exploser. Une hausse du taux de hachage, qui mesure la puissance de calcul de l’ensemble du réseau signifie donc que les mineurs consacrent de plus en plus de puissance de calcul à la blockchain.
Dans un contexte où les marges étaient déjà faibles, cela les réduit encore plus. Pour beaucoup de petits mineurs, la situation pourrait rapidement devenir impossible à assumer. D’autant plus qu’au niveau mondial, le prix de l’électricité suit une pente ascendante. Comme le détaille William Clemente, le cofondateur du cabinent de recherche Reflexititvy Research :
Je me demande qui est cette (ces) entité(s) qui pense(nt) qu’il est avantageux de miner avec le prix du BTC qui a baissé de 70%, les prix de l’énergie qui sont élevés et le prix du hash qui n’a jamais été aussi bas. Je me demande s’il s’agit d’un ou de plusieurs grands acteurs disposant d’un excédent d’énergie ou d’un accès à une énergie très bon marché.
Si l’identité des entités reste encore mystérieuse, celles-ci viendraient de Russie. Comme le présentait Steve Barbour :
C’est en Russie que va le hashrate. Les fabricants ont admis avoir vendu récemment plus d’ASIC à la Russie qu’aux États-Unis et devinez ce qui se passe quand vous faites sauter les pipelines et les goulots d’étranglement de l’énergie ? Le bitcoin règle le problème.
Selon MiningPoolStats, le taux de hachage serait aujourd’hui de 270 exahashes par seconde. Cette nouvelle hausse est à l’origine de l’augmentation de la difficulté de minage. Aujourd’hui, la difficulté a encore augmenté de 3,44 %. La portant à son plus haut niveau historique, proche des 37 trillions. Le vieil adage qui consiste à dire que le prix suit le taux de hachage semble aujourd’hui bien éculé.
Les capitulations se multiplient !
Le compte Twitter de Game of Trades résume la situation : “les capitulations sont là”. En exposant notamment que l’offre totale de BTC en perte est maintenant à son deuxième plus haut sommet historique, en prenant en considération une moyenne mobile à 30 jours.
Selon Glassnode, cela représenterait environ 8 millions de dollars et le deuxième plus haut sommet historique après 2019. Comme le montre le graphique ci-dessous.
Les vendeurs en perte se multiplient donc. Certains suiveurs ont néanmoins nuancé le propos en indiquant que les chiffres étaient plus bas en considérant uniquement l’offre en circulation. Dans le même temps, Glassnode note que la part des Bitcoin dormant depuis plus de 5 ans est à son niveau maximum : au-dessus des 25 %.
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Charles Ledoux
