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Bitcoin, altcoins et régulation : un mariage de raison au profit de l’adoption ?

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L’ordre inspire la confiance. La catastrophe TerraLuna, et les nombreux drames individuels qu’elle a pu causer, ont remis les cryptomonnaies dans le viseur des régulateurs. Europe, États-Unis, Royaume-Uni, les gendarmes financiers se sont (ré)emparés du sujet. Pour certains, la régulation n’est pas une bonne chose. Pour d’autres, la régulation pourrait apporter aux cryptomonnaies l’ordre dont elles manquent tant pour attirer des flux massifs de capitaux.

Examinons cinq aspects sur lesquels un éclaircissement des lois pourrait aider dans l’adoption massive de Bitcoin et des altcoins.

Que peut apporter la régulation aux marchés de cryptomonnaies ?

Tant que Bitcoin et les altcoins jouissaient de valorisations modestes, ils ne représentaient qu’une sous-niche comme une autre de l’investissement. Mais lorsque l’USDT de Tether et l’USDC de Circle se sont mis à dépasser les volumes de PayPal, les cryptos ont commencé à ressembler à des armes (contre les monnaies traditionnelles). La régulation des cryptomonnaies est un long serpent de mer qui n’en finit pas, mais elle peut faire tomber plusieurs barrières qui maintenaient les cryptos à la marge jusqu’ici.

1. La réglementation facilite la catégorisation et la compréhension des actifs virtuels

En Europe comme aux Etats-Unis, les cadres réglementaires existants font planer un sentiment d’insécurité sur les projets cryptos. Titres financiers (“securities”) ? Matières premières (“commodities”) ? Les méthodes presque au doigt mouillé de la SEC pour catégoriser les projets crypto dissuadent bien des capital-risqueurs à investir dans des niches prometteuses.

En Europe, les institutions financières et les banques crypto-friendly sont encore plus rares qu’Outre-Atlantique. La principale réponse aux clients et aux investisseurs est l’incertitude juridique qui entoure les actifs virtuels. N’oublions pas que les directeurs d’agences bancaires sont pénalement responsables des agissements de leurs clients. Le conservatisme dont ils font preuve vis-à-vis des cryptos est compréhensible.

Ce n’est qu’avec des directives plus claires que les institutions financières peuvent commencer à éclaircir les zones grises. A commencer par classer les actifs dans une optique de placement long terme, et en fonction de leur statut juridique. Cela aide les institutions financières à mieux couvrir leurs risques en anticipant les assurances à mettre en place, les clauses contractuelles avec leurs clients et la relation avec le régulateur.

2. La réglementation sonnera l’arrivée des capitaux institutionnels

0,01% : c’est l’infime exposition des grandes banques aux cryptomonnaies, selon le dernier rapport du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Un chiffre qui monte à 0,14% pour les 19 groupes bancaires les plus importants.

Dans les circonstances actuelles, les fonds de placement et banques d’investissement ne savent pas sur quel pied danser avec cette nouvelle classe d’actifs. Encore moins les risques de long terme qui y sont associés. Or sans compréhension, pas de promotion active auprès de leurs clients investisseurs, sauf à s’exposer à des risques inouïs.

Les sociétés d’analyse blockchain (ConsenSys, Messari, OtterSec) font un travail admirable pour suivre le mouvement des fonds lorsqu’un hack se produit, mais cela ne suffit pas. Les institutions financières ne peuvent pas opérer et créer des instruments financiers sur un marché où elles ne peuvent pas déterminer clairement les origines et vérifier la légalité des actifs sous-jacents.

Prenons un exemple : si une banque vend des BTC à un client, qui sont ensuite reliés au hack d’une plateforme, elle s’expose à une procédure pénale ou au moins à un recours collectif.

3. La réglementation permettra une évaluation précise des cryptos

Les prix élevés atteints par le bitcoin ne sont pas nécessairement une bonne chose.

Le bull run de 2020-2021 s’est terminé sur une chute lourde des cours dans laquelle les investisseurs particuliers ont subi des pertes massives en raison d’une surévaluation, de manipulations de marché et d’écosystèmes fragiles (Terra).

Le recours collectif contre Tether (émetteur de l’USDT) a par exemple mis en évidence une probable émission de millions d’USDT non collatéralisés pour pousser le cours du BTC à la hausse, et permettre à la plateforme-soeur Bitfinex de s’enrichir au passage.

Un marché réglementé et surveillé, où les identités réelles peuvent être reliées à un acteur, crée des règles de jeu plus équitables. Les faux ordres d’achat et de vente (le fameux “wash trading”), le spoofing et d’autres pratiques de manipulation bien connues des traders crypto seront plus difficiles à mettre en œuvre.

4. La réglementation aidera à faire passer Bitcoin d’un actif purement spéculatif à un actif utilisable

Les entreprises lancées dans des projets blockchain internes craignent souvent une réaction violente des régulateurs. Au gré des changements d’humeur des autorités, de grands groupes ne dépassent pas le stade de programmes pilotes et des tests “de bac à sable” pour offrir des solutions personnalisées à des problèmes qui peuvent représenter un marché.

C’est le cas des paiements des cryptos. C’est souvent l’une des premières questions que posent les “non-initiés” : que peut-on acheter en cryptomonnaies ? Pour l’heure, pas grand chose. Les annonces de grands groupes se succèdent en la matière (de Tesla à Microsoft, en passant par Starbucks et Burger King), mais la frilosité reste de mise.

Si le paiement est considéré comme un enjeu majeur du développement des cryptos, il n’en est qu’à ses balbutiements. Les rares commerces ayant annoncé accepter ce mode de paiement, comme le joaillier Courbet dès 2020 ou le centre commercial Beaugrenelle à Paris en juin dernier, ont ainsi réalisé de jolis coups marketing … mais le succès commercial n’était en revanche pas forcément au rendez-vous.

Elles utilisent un tiers permettant de réaliser une conversion immédiate pour avoir un flux fiat (en monnaie fiduciaire, ndlr) : BitPay, Bitcoin Commerce, UTrust (racheté par Elrond), …

L’absence de réglementation actuelle limite les cas d’utilisation de la plupart des cryptomonnaies actuelles comme étant principalement théoriques. Les grandes entreprises ont peur de mettre en œuvre des actifs virtuels dans leurs opérations, craignant d’attirer le courroux des régulateurs.

5. La réglementation rendra la propriété des crypto-actifs plus sûre

L’afflux attendu d’institutions financières dans une cryptosphère réglementée devrait entraîner une arrivée massive de personnalités et de moyens de recherche académiques sur le secteur.

Pareil pour les professionnels de la structuration de produits de placement et de cybersécurité. En clair, une professionnalisation encore plus importante.

La conformité et le contrôle de risques sont beaucoup plus matures et sophistiqués dans la finance traditionnelle, et les sociétés spécialisées dans la lutte contre le blanchiment d’argent que les plateformes crypto pourront consulter afin d’identifier les mauvais acteurs dans le monde ne manqueront pas.

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Les acteurs de la blockchain ont leur mot à dire

Nous vous rapportions récemment la création par Binance d’un nouveau think tank du Web3 pour se rapprocher des régulateurs. Avant elle, Coinbase avait aussi lancé en 2020 un groupe de réflexion chargé de peser sur la (future) réglementation américaine, toujours en gestation.

Tous sont d’accord pour dire que les régulateurs sont les gardiens de l’adoption massive. Si nous voulons que le marché crypto devienne un géant aux pieds agiles, il faut que les actifs virtuels comme Bitcoin soient considérés comme sécurisés, faciles à utiliser et disponibles dans le monde entier.

La réglementation est essentielle pour mettre de l’ordre dans le Far West qu’est devenue la cryptosphère. La réglementation ne devrait pas sonner le glas des cryptos, elle doit en marquer le début.


Remarquons, pour finir, que presque tous les coups de pump du Bitcoin depuis 2018 peuvent être reliés à des événements qui ont signalé une adoption plus large de Bitcoin : sa catégorisation par la CFTC comme une matière première (“commodity”), le lancement d’un contrat à terme sur le Chicago Mercantile Exchange, le lancement du premier ETF basé sur un dérivé de Bitcoin (le BITO), le lancement de Libra de Facebook, l’arrivée de BlackRock … Bientôt l’arrivée d’une réglementation plus claire dans cette liste ?

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Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Biographie

Romaric est journaliste pour Cryptonaute. Après un passage en faculté de lettres modernes, il s’oriente dans un domaine tout à fait différent, tout en gardant l’œil rivé sur les crypto et l’actualité de l’époque. Il investit alors dans son premier actif numérique : le bitcoin (BTC).

Majoritairement intéressé par Bitcoin, il s’est diversifié plus tard en se penchant également sur le web3, les NFT, les crypto-monnaies et la FinTech. Investisseur aguerri, il est capable d'orienter son entourage et ses lecteurs. Son expérience au sein de l’écosystème crypto et sur la blockchain lui permettent de proposer une actualité précise et experte à ses lecteurs, tout en gardant un recul et une objectivité indispensable à son activité.

Romaric se rend régulièrement en conférence ou à divers événements crypto dans toute l'Europe, notamment aux conférences Bitcoin, au Zebu Live ou aux événements relatifs à la blockchain. Fasciné par ce secteur en plein développement, il aime découvrir de nouveaux projets, apprécie l’innovation, et se laisse porter par son enthousiasme et sa curiosité.

Expertise

  • Bitcoin
  • Cybersécurité
  • Régulation cryptos

Accomplissements

  • Révélé un cas rare de cyberfraude
  • Rencontre avec de nombreux innovateurs de l’industrie
  • Participe à la création d’une équipe dédiée de journalistes

Publications

Éducation

  • Université Polytechnique des Hauts-de-France

Autres

  • Carte de presse FIJ n°1385
  • Journaliste indépendant

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