Le Bitcoin serait-il une couverture contre l’inflation? Cette question fait l’objet d’un débat assez agité au sein des gestionnaires de portefeuille. Si certains avancent l’argument de l’offre illimité de l’actif pour appuyer son caractère de valeur refuge. D’autres, quant à eux, pensent que la corrélation du bitcoin aux actifs risqués ne saurait faire de la cryptomonnaie une option de « flight to quality ».
Le PDG de Galaxy Digital, Mike Novagratz s’est invité à ce débat en affirmant que l’accélération du niveaux des prix (IPC) à l’échelle mondiale va booster l’adoption du bitcoin. Cette année, on parle beaucoup de stagflation – situation économique caractérisée par une forte inflation et une récession économique. Novogratz pense que ce contexte sera favorable à l’émergence des cryptomonnaies.
Quid de l’inflation?
Si depuis l’été dernier, la menace inflationniste pesait sur l’ensemble des économies développées. Les banques centrales, au lieu d’endiguer l’expansion du fléau, préféraient plutôt de le traiter de transitoire. Elles ont continué à faire tourner la planche à billet et les liquidités abondaient sur les marchés. Arrivé en novembre, l’IPC a atteint 6,8% aux États-Unis; du jamais vu depuis près de 40 ans. Il avait fallu qu’il franchisse ce niveau pour que Jerome Powell tourne sa langue et ne plus traiter l’inflation de transitoire.
Ajouté à la dérive monétaire, la crise des chaînes d’approvisionnement marquée par la rareté des matières premières nourrissent l’inflation. D’autant plus, la demande de travail excède l’offre dans certains pays. La Covid a alimenté cette prise de conscience chez les travailleurs, exigeant de meilleures conditions de travail. D’où l’apparition du phénomène de la « Grande Démission ». Alors, il n’est plus question de politique d’assouplissement monétaire pour l’année 2022, le redressement des taux est l’ordre du moment.
Du coup, cette guerre en Ukraine dont on accuse à tort d’être la source de tous nos maux a simplement mis à nu les fragilités des économies occidentales. L’Europe dont la Russie entretient beaucoup plus de relations commerciales que les USA a logiquement été plus touchée. Au mois de mars, La BCE a estimé que l’inflation devrait grimper à 5,1% au lieu des 3,2% prévu l’année dernière . Aux Etats-Unis, la situation, déjà grave, se détériore, le CPI monte jusqu’à 7,9%.
Une aubaine pour le Bitcoin
Dans une interview accordée à CNBC Markets, Mike Novogratz affirme que le bitcoin ne réussira peut-être pas en tant que monnaie transactionnelle mais qu’en revanche ce dernier sera une excellente réserve de valeur; tout simplement un « or numérique ». Il continue par expliquer que la communauté derrière le numéro un des cryptomonnaies est beaucoup plus dense qu’un pays comme la Russie. Le bitcoin attire des citoyens de la planète qui continuent de perdre confiance en leurs dirigeants.
Il prend en exemple la lire turque et le rouble pour illustrer sa position. Puis enfin, il affirme :
Ainsi, en cas de mauvaise gestion de l’économie – et notre gestion n’a pas été excellente, ne nous le cachons pas – le bitcoin offre une excellente alternative.
Il n’est pas la seule figure de la figure de la finance qui vante les qualités de réserve du bitcoin. Michaël Saylor, PDG de MicroStrategy qui compte 125 051 BTC dans son portefeuille ose même qualifier la cryptomonnaie de rêve américain.
S’il est vrai que le bitcoin a surperformé toutes les autres classes d’actifs lors de ses 10 dernières années, on remarque depuis quelques temps qu’il est corrélé au Nasdaq et décorrelé de l’or et des autres actifs refuge. Serait-il en train de s’institutionnaliser ou c’est juste une corrélation de courte durée. Malgré le caractère rare de l’actif, seul le temps nous dira si le bitcoin est en effet une bonne couverture contre l’inflation.