Le manque de liquidité du Bitcoin, que les investisseurs choisissent de conserver, freine son utilisation dans des transactions, observe Morgan Stanley. Pour autant, cette tendance est en train de changer.
Il est loin le temps où Laszlo Hanyecz, un expert Bitcoin, s’offrait deux pizzas pour 10.000 BTC. En conservant ces tokens, il disposerait aujourd’hui d’un capital de plus de 400 millions de dollars. Les promesses de croissance de la cryptomonnaie encouragent à la conservation et non à la dépense.
Et sur le marché du Bitcoin, la majorité des investisseurs partagent cet avis. Ainsi, la liquidité de la cryptomonnaie recule. Comme l’observe Morgan Stanley dans une étude, le BTC se concentre entre un petit nombre d’investisseurs.
Le BTC se concentre entre un petit nombre d’investisseurs
Pour ces derniers, l’objectif n’est clairement pas de vendre. Pour la banque, ce manque de liquidité présente un inconvénient. Elle empêche en effet le développement de l’usage du Bitcoin dans le cadre de transactions.
A ce titre, Bitcoin ne s’apparente pas à une monnaie et donc un moyen de paiement. Priorité est donnée à son usage en tant que placement. Ainsi, les adresses détenant pour plus d’un million de dollars en BTC progressent.
Les wallets stockant plus de 100 bitcoin représentent même 60% de l’ensemble des jetons en circulation. Et près de 30% de l’ensemble du Bitcoin est détenu par des portefeuilles possédant de 1.000 à 10.000 tokens.
Pour Morgan Stanley, les arguments en faveur d’un BTC moyen d’échange « deviennent plus difficiles à défendre ». Et si la liquidité de l’actif continue ainsi de diminuer, il est peu probable qu’il constitue un instrument attractif pour le commerce.
Des progrès du BTC comme moyen d’échange
La partie n’est cependant pas encore jouée dans ce domaine. La démocratisation de la cryptomonnaie en tant que moyen de paiement dépend également de la facilité d’utilisation. Or, l’arrivée d’acteurs comme PayPal et Mastercard devrait y contribuer.
Pour Ruchir Sharma, responsable des marchés émergents et de la stratégie chez Morgan Stanley, la « crypto sort de l’ombre. » Il estime ainsi que « Bitcoin commence également à progresser dans son ambition de remplacer le dollar comme moyen d’échange. »
Sharma reconnaît cependant que « la quasi-totalité des bitcoins sont détenus comme un investissement, et non utilisés pour payer des factures ». Néanmoins, ajoute-t-il, « cela est en train de changer. » Et la cryptomonnaie présente en outre de sérieux atouts dans les pays émergents.
Le dirigeant de la banque cite en particulier le marché des transferts d’argent des travailleurs expatriés. Celui-ci pèse 470 milliards de dollars. Or, ces transferts prennent généralement de un à cinq jours, pour des frais allant de 5 à 9%.
« Aujourd’hui, un système de paiement utilisant la cryptomonnaie peut envoyer la même somme en quelques secondes, pour quelques centimes », souligne-t-il. « Il est difficile d’imaginer pourquoi cette alternative n’aurait pas un solide avenir », en conclut Ruchir Sharma.