La Suède finalise la première phase de sa monnaie de banque centrale, l’e-krona. La Riksbank en reste néanmoins encore au stade du pilote et juge nécessaire de poursuivre son expérimentation technologique.
Les banques centrales européennes peinent à se mettre d’accord sur l’intérêt d’émettre un euro numérique. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, reconnaissait ainsi que plusieurs années seraient encore nécessaires.
Mais si l’Europe demeure au stade de la consultation, la Suède elle poursuit ses expérimentations. Et sa banque centrale, la Riksbank, vient ainsi de publier les conclusions de la phase 1 de son pilote. Pourquoi une telle différence en termes d’avancement ?
Un « complément numérique à l’argent liquide »
Sans doute car l’utilisation de l’argent liquide en Suède est en baisse. Et ce déclin s’explique en partie par les développements technologiques, à l’origine de plusieurs services de paiement numériques. Toutefois, la Riksbank identifie des risques potentiels découlant du déclin du cash.
L’e-krona pourrait ainsi y remédier en constituant « un complément numérique à l’argent liquide ». Lors de cette première étape, la Suède a donc simulé le fonctionnement d’une CBDC sur une blockchain Corda.
Conclusion : « la solution testée lors de la première phase du projet pilote e-krona a satisfait aux exigences de performance », constate la banque centrale. Malgré tout, il est encore trop tôt pour conclure à la pertinence ou non de ce modèle.
La Riksbank souligne que l’expérimentation s’est déroulée « dans un environnement de test limité ». En outre, « la capacité de la nouvelle technologie à gérer les paiements de détail à grande échelle doit être étudiée et testée plus avant ».
D’autres expérimentations jusqu’en 2026
Des points restent en effet à régler, dont le paiement hors-ligne. Cette fonctionnalité est essentielle, mais n’a pu être testée pour le moment. Par ailleurs, plusieurs options se présentent quant à la manière de stocker les clés et les tokens (localement ou non).
Ce n’est cependant pas le seul aspect d’une CBDC demeurant à éclaircir. Une telle monnaie numérique pose aussi des questions de confidentialité des données et de prise en compte du secret bancaire.
Lors d’une opération, des données relatives à l’historique des transactions sont transférées. Or, celles-ci concernent d’autres clients et d’autres participants.
« La Riksbank analyse actuellement dans quelle mesure les informations stockées dans l’historique des transactions peuvent être considérées comme des informations couvertes par le secret bancaire et si elles comprennent des données personnelles. »
Les travaux se poursuivent donc. Mais la finalisation d’une solution technique ne signifiera pas nécessairement l’émission d’une CBDC. La Riksbank estime qu’un nouveau cadre juridique pourrait s’imposer avant toute utilisation. Les pilotes vont donc continuer jusqu’en 2026.