
La Binance Smart Chain / BNB Chain aura son propre oracle. Bien souvent méconnus, les oracles sont pourtant la pierre angulaire des mécanismes de la finance décentralisée. Alors que ChainLink (LINK) reste le leader incontesté du secteur, Binance vient d’annoncer son propre oracle, baptisé Binance Oracle. Un service que Binance fera fonctionner uniquement sur “sa” blockchain (la Binance Smart Chain / BNB Chain) dans un premier temps, avant de partir à l’assaut d’Ethereum.
Les oracles de la blockchain : ces projets si méconnus et pourtant si essentiels à la blockchain
Avant de parler de Binance et de son incursion sur le marché des oracles, commençons par revenir sur leur caractère essentiel, pour ne pas dire fondamental, pour l’écosystème crypto. Dans la Grèce antique, l’oracle était la réponse donnée par une divinité à une question sur l’avenir, posée par une prêtresse. Par extension et déformation, c’est ensuite à l’intermédiaire humain, voire le lieu sacré, que le nom d’oracle a été attribué.
Un “oracle de blockchain” n’en est pas si éloigné dans sa conception. Aujourd’hui une application blockchain n’a conscience que d’elle-même. Si l’on veut y intégrer une data extérieure, le protocole informatique ne sait pas le faire tout seul. Les oracles sont une solution à ce problème : ils “transportent” des données issues du monde réel et les poussent ensuite dans le smart contract.
Pour les développeurs d’applications sur la blockchain, les oracles sont donc essentiels. 👉🏻 Imaginez que vous mettiez en place votre propre stablecoin adossé au Bitcoin (BTC), celui-ci aura besoin de savoir à tout moment le cours du BTC sur CoinMarketCap, ou directement sur Binance et FTX. 👉🏻 Imaginez un contrat de lending avec une garantie en Ether (ETH), il sera extrêmement important de surveiller, seconde par seconde, le cours de l’ETH pour liquider à temps le collatéral en cas de chute brusque des marchés.
Binance Oracle : une nouvelle pierre à l’édifice Binance
Avec “son” oracle baptisé Binance Oracle, Binance fait son entrée sur un marché largement dominé par Chainlink (LINK). Celui-ci dessert déjà plus de 690 000 utilisateurs actifs sur de nombreuses blockchains. D’autres projets concurrents existent, à l’image de Band Protocol, Ocean, Pyth ou encore API3.
Il est intéressant de noter que Binance semble s’être inspiré de certains protocoles DeFi qui ont préféré construire “leur” oracle : Maker qui fournit des données à MakerDAO (7,78 milliards de dollars en valeur), et WINKLink qui fournit des données à JustLend (3,39 milliards).
Pour Binance, cette solution maison va permettre de garder un certain contrôle sur la manière dont les données sont fournies au formidable écosystème DeFi qui s’est développé sur la BNB Chain / Binance Smart Chain. Le plus gros protocole, PancakeSwap (CAKE), est par exemple connecté à Chainlink.
L’écosystème BNB Chain sera donc le premier à utiliser Binance Oracle, bien que l’équipe envisage de l’étendre à d’autres chaînes. Plus de 10 projets BNB Chain ont déjà été intégrés à Binance Oracle. A terme, ce sont plus de 1400 applications qui vont être desservies par la nouvelle solution. Concernant la fiabilité des données, le communiqué de Binance indique :
“Binance oracle dispose d’un processus de traitement et de signature des données qui vise à rendre les données infalsifiables. Il a mis en place un système de signature distribué appelé Threshold Signature Scheme (TSS). Il signe les dernières données provenant de différentes sources, et toute personne détenant une clé publique peut vérifier l’exactitude et l’authenticité de cette signature numérique . Et personne ne peut modifier les données sans clé privée”

La fiabilité des données, même dans des scénarios extrêmes, semble être la préoccupation première de Binance. Car les oracles semblent être la nouvelle cible de choix des hackers. Plusieurs attaques récentes ont réussi à forcer des erreurs d’oracles, permettant aux pirates de surévaluer temporairement des jetons puis d’emprunter à volonté en les déposant comme garantie. Une fois les prix corrigés, les plateformes victimes ne peuvent que constater leurs pertes. Ce fut le cas sur Mango Markets en octobre (112 millions $), sur Mirror en juin (2 millions $) et sur Venus Protocol en mai (11 millions $).