Pas d’euro numérique avant 5 ans, mais une régulation mondiale de Bitcoin rapidement ? Christine Lagarde reproche au Bitcoin son usage pour le blanchiment d’argent et juge la cryptomonnaie comme hautement spéculative.
La répression tendrait-elle une fois encore à avancer plus vite que l’innovation ? C’est la conclusion à laquelle parviendront sans doute nombre d’experts de la crypto à la lecture de l’interview de la présidente de la BCE.
Avec la flambée du prix de Bitcoin, les décideurs sont appelés à se prononcer sur la première des cryptomonnaies. Et Christine Lagarde n’est visiblement pas une convertie. La patronne de la banque centrale européenne réfute notamment le qualificatif de monnaie.
Bitcoin renvoyé au blanchiment d’argent
Pour elle, Bitcoin ne peut revendiquer le statut de monnaie. En faire un moyen de paiement, comme d’autres cryptomonnaies, c’est pourtant l’ambition d’un géant mondial comme PayPal. Celles-ci permettent déjà de régler des achats auprès des commerçants partenaires de PayPal.
Pour la présidente de la BCE, Bitcoin est avant tout, et uniquement, un actif. Plus précisément, elle le qualifie d’actif « hautement spéculatif ». Difficile de lui donner tort compte tenu de sa forte volatilité ces deux derniers mois – voire jours.
Bitcoin « est un actif hautement spéculatif, qui a mené des affaires bizarres et certaines activités de blanchiment d’argent intéressantes et totalement répréhensibles », déclare encore Lagarde lors de la conférence Reuters Next.
La patronne de la banque centrale ne fournit en revanche pas de détails concernant ces affaires de blanchiment d’argent impliquant la cryptomonnaie. Cette position n’est cependant pas sans rappeler celle de la France.
L’euro numérique ? Dans 4 ou 5 ans
En décembre, le gouvernement adoptait une ordonnance s’opposant à l’anonymat des transactions en crypto-actifs. La France souhaite pouvoir systématiquement identifier les utilisateurs. Ces mesures s’inscrivent dans la lutte contre le terrorisme.
La régulation des cryptomonnaies est aussi un impératif pour la présidente de la BCE. Celle-ci appelle à l’adoption de règles internationales, en commençant par les pays membres du G7. « Il doit y avoir une réglementation. Elle doit être appliquée et acceptée au niveau mondial. Car s’il y a une échappatoire, elle sera utilisée », justifie Christine Lagarde.
Cet appel en faveur d’une régulation internationale des cryptomonnaies n’est cependant pas nouveau. La directrice de la BCE le préconisait en effet dès 2018, comme le rappelle Cointelegraph. Les États-Unis semblent d’ailleurs s’aligner à présent sur cette position, au travers par exemple de l’encadrement des wallets en self-custody.
Et l’euro numérique pendant ce temps ? Le projet s’annonce long, s’il est validé par les gouverneurs de la BCE au printemps. « Je pense que l’on aura un euro numérique », considère néanmoins déjà Lagarde. Quand ? Dans « pas plus de cinq ans j’espère » répond la dirigeante.