Le Bitcoin n’avait vraiment pas besoin de ça ! Déjà en crise, le Bitcoin s’est encore plus enfoncé avec la chute de l’exchange crypto FTX. La mauvaise passe crypto met dans le rouge beaucoup d’investisseurs. Parmi ces investisseurs, on trouve le Salvador, le pays qui avait adopté le Bitcoin comme monnaie officielle en 2021.
Le Salvador mise sur le Bitcoin
Un autre temps, une autre époque… L’an dernier, les cours cryptos battaient record sur record. Si bien que le président du Salvador Nayib Bukele avait décidé de miser sur ce nouvel or crypto. Ainsi, le pays avait décidé d’adopter le Bitcoin comme l’une de ses monnaies officielles. L’autre monnaie officielle est le dollar américain.
Un peu plus d’un an après cette officialisation, l’heure est à la soupe à la grimace du côté du Salvador. Il faut dire que le pays avait été mis à l’index par le FMI et les États-Unis pour son choix. Le président Bukele s’était moqué de leurs prises de position et a toujours montré une confiance totale dans le Bitcoin. D’ailleurs, en début d’année, il avait prédit que le cours du Bitcoin atteindrait les 100 000 $ en 2022.
Malheureusement, l’hiver crypto est passé par là et le cours du BTC s’est écroulé. Au moment de la rédaction de cet article, le cours du Bitcoin est de 16 250 €, soit une chute de près de 60 % par rapport au début de l’année. En effet, au 1er janvier 2022, le cours du Bitcoin était de 40 717 €.
Une autre prédiction du président Bukele pour 2022 portait sur l’émission de « volcano bonds ». Ces « bonds » devaient permettre de générer des revenus passifs en investissant dans l’énergie des volcans pour les activités de minage du Bitcoin. Force est de constater que les choses ne se sont pas passées comme il le souhaitait. Le cours du Bitcoin s’est écroulé et les « volcano bonds » n’ont jamais vu le jour.
« Si Bukele rêvait de pouvoir créer une politique monétaire innovante et différente et ce contre l’avis du FMI, ce rêve a échoué. » Luis Membraño, économiste au Salvador
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Le Salvador, isolé sur le plan financier
Pour être transparent, la chute du Bitcoin n’a que peu d’impact sur l’économie du pays, en particulier sur sa dette. En effet, si le pays a acheté beaucoup de bitcoins, la plupart des réserves monétaires du pays restent en dollar. Le problème porte plutôt sur l’isolement du pays. Comme expliqué ci-dessus, le choix d’« officialiser » le Bitcoin était unilatéral et déconseillé par les États-Unis et le FMI.
D’autre part, l’autre monnaie officielle du Salvador est le dollar. Or, en période d’inflation importante comme en ce moment, le pays n’a donc pas la possibilité de faire tourner la planche à billets.
Cette situation n’est pas évidente pour le pays, d’autant plus qu’une facture salée est due bientôt… En effet, en janvier, le pays doit payer l’équivalent de 667 millions d’euros pour l’amortissement des eurobonds. Fort des prédictions très optimistes en début d’année, le président Bukele avait misé sur le Bitcoin pour le paiement de cette somme. Désormais, ses options sont donc très réduites… mais un candidat propose justement de prêter main forte.
Le Salvador s’éloigne encore plus des États-Unis pour se rapprocher de… la Chine
Hasard du calendrier ou pas, au même moment oùl’exchange FTX se déclarait en banqueroute, le président Bukele a annoncé la signature d’un accord de libre échange avec la… Chine ! Le vice-président du Salvador a déclaré que la Chine était prête à racheter les 21 milliards de dollars de dettes étrangères du Salvador. Bien sûr, ce deal n’est pas un cadeau et permettrait à la Chine de placer ses pions.
« La Chine agit comme un prêteur, ils se font beaucoup d’argent avec ces deals. (…) Mais souvent ils en profitent pour assortir ces prêts de partenariats commerciaux et stratégiques, ouvrant ainsi la voie aux entreprises chinoises. » Evan Ellis, associé principal au Center for Strategic & International Studies de Washington DC
Un tel accord signifierait alors un tournant dans la politique du Salvador. Concrètement, cela marquerait un alignement du Salvador sur la Chine. La Chine deviendrait alors le principal « prêteur » du Salvador. Le pays marquerait alors définitivement sa séparation avec les États-Unis.
Il faut dire que les relations entre la Chine et le Salvador se sont ravivées depuis 2018. A cette époque-là, le Salvador avait stoppé ses relations avec Taïwan, pour le grand plaisir de la Chine. La Chine avait alors commencé à investir au Salvador, construisant des stades, des librairies, etc.