C’est hyper intéressant de voir qu’un acteur comme EDF se saisit de ce sujet. Il y a un vrai enjeu de souveraineté française. Même si la blockchain est mondiale, s’il y a une majorité de validateurs américains, au final, tout l’écosystème pourrait être influencé par des décisions des législateurs américains. La présence d’un acteur étatique français est hautement symbolique et elle illustre encore une fois l’intérêt toujours plus poussé des grands groupes pour les crypto-monnaies.

Acteur principal de la distribution d’électricité en France, EDF est aussi impliqué dans l’univers des blockchains. Comme révélé hier par plusieurs médias, le groupe contrôlerait 150 nœuds de la blockchain Ethereum par le biais de sa filiale Exaion ! Voyons pourquoi cet élément n’est finalement pas si anodin.
Exaion : la filiale web3 d’EDF !
Créée en 2020, Exaion est la filiale web3 de l’entreprise EDF. Si vous ignorez l’existence de cette filiale, rien de plus normal. Sans avoir été créée de manière confidentielle, la filiale du géant de l’électricité n’a jamais été mise en lumière en termes de communication. Il faut dire qu’en 2020, et c’est encore le cas aujourd’hui, la blockchain ne faisaient pas encore l’unanimité.
Aujourd’hui, Exaion travaille sur plusieurs réseaux blockchains comme Polkadot, Avalanche, Tezos ou encore Cosmos. Pour chacun de ces réseaux, la filiale joue le rôle de validateur de transactions. Pour l’ensemble de ces réseaux, cela implique pour Exaion de détenir les actifs numériques liés à chaque blockchain. Sur ces différents protocoles, Exaion gère environ 300 nœuds différents. Hier, un article de The Big Whale révélait qu’Exaion gérait près de 150 nœuds sur la blockchain Ethereum.
Comment fonctionne Exaion ?
Comme nous l’avons vu, Exaion s’implique dans les blockchains en jouant le rôle de validateur. Un rôle que l’entreprise tient pour elle-même, mais qu’elle propose également en services à d’autres entreprises.
Ainsi, en passant par Exaion, d’autres entreprises peuvent mettre en séquestre les ETH qu’elles possèdent pour devenir validateur du réseau. L’avantage pour ces entreprises est qu’elles peuvent participer activement à la vie de la blockchain sans avoir à gérer un ou plusieurs nœuds. Cette mission est effectivement assurée par Exaion.
Pourquoi la présence d’EDF comme validateur est importante ?
Pour beaucoup, cette révélation revêt surtout une portée symbolique. En effet, il s’agit de la première fois qu’une groupe français de cette envergure s’investisse autant dans les technologies blockchain. Un élément d’autant plus symbolique que l’entreprise est en grande partie détenue par l’état (83,69 % selon les données de répartition du capital social de l’entreprise au 25 juillet 2022).
Mais en allant plus loin que la portée symbolique, cette nouvelle nous semble finalement bonne pour la décentralisation du réseau. Pourquoi ? Car la majorité des validateurs Ethereum sont américains. Comme le précise Stanislas Barthélémi, analyste chez Blockchain Partners.
De plus, l’ajout de nouveaux validateurs renforce la sécurité du réseau. En effet, plus les nœuds sont nombreux et plus, il est difficile d’attaquer une partie significative du réseau. Non seulement EDF œuvre pour que la blockchain Ethereum soit plus sécurisée, mais également pour rééquilibrer les forces en présence sur l’échiquier des validateurs.