Si les hacks cryptos de la Corée du Nord sont largement documentés, il semblerait que l’état autoritaire utilise ces actifs numériques pour financer ses essais de missiles. C’est en tout cas l’accusation formulée par la Corée du Sud. Séoul voit d’ailleurs un parallèle évident entre la recrudescence des vols et l’accélération de son programme d’armement.
Le hack de Axie Infinity pour financer un programme d’armement ?
En mars dernier, la blockchain Ronin était victime d’un hack de grande ampleur. En tout, plus de 170 000 tokens ETH et 25 millions d’USDC avaient été dérobés. Soit plus de 600 millions de dollars au cours de l’Ethereum de l’époque. Cette attaque, tardivement identifiée, avait duré près d’une semaine. Une durée qui explique en grande partie l’ampleur et les montants dérobés.
Si le lien avec la Corée du Nord a rapidement été établi, Séoul accuse désormais son voisin d’avoir utilisé cette manne financière à des fins militaires. Et plus précisément pour financer le lancement de plusieurs dizaines de missiles balistiques. Des allégations faites au cours d’un congrès entre le ministère des Affaires étrangères américains et Kim Gunn, représentant pour les affaires de paix et de sécurité de la Corée du Sud. Ce dernier estimerait que Pyongyang aurait dépensé entre 400 et 650 millions de dollars pour le lancement de 31 missiles balistiques sur les 6 premiers mois de l’année.
Depuis le début de l’année, la Corée du Nord aurait déjà tiré 65 missiles balistiques si l’on en croit les données de Korea Herald. Soit déjà plus que ses deux prédécesseurs sur les 25 dernières années. Lors du colloque regroupant les deux nations, les États-Unis ont abondé dans le même sens. Par l’intermédiaire de Jung Pak, représente américaine en Corée du Sud qui considère que :
La crypto-monnaie offre à Pyongyang une arène lucrative pour se livrer à des cyberactivités malveillantes. Non seulement pour contourner le système financier international et échapper aux sanctions des Nations unies, mais aussi pour financer son programme d’armement en pleine expansion.
La République populaire démocratique de Corée est l’un des rares pays au monde à voler activement l’argent d’autres pays, de leurs entreprises et de leurs population.
Plus d’un milliard de dollars volés en 7 mois !
Selon les données publiées par la Corée du Sud, la Corée du Nord aurait dérobé environ 1 milliard de dollars d’actifs numériques entre janvier et juillet. Sur ce sujet, Jung Pak note par ailleurs que l’état dominé par Kim Jong Un aurait tendance à s’en prendre aux pays en développement. Pour la bonne et simple raison qu’ils ne disposeraient pas encore de cyberdéfenses suffisamment solides. Il y a quelques mois, le Japon mettait déjà en garde contre le groupe de hackers nord-coréen Lazarus.
Et la Corée du Nord n’en est pas à son coup d’essai. En 2014, des pirates ont réussi à dérober des documents confidentiels appartenant à Sony Pictures Entertainment. L’objectif derrière ce hack était surtout de faire pression pour empêcher la sortie d’un film humoristique dépeignant avec sarcasme, le dictateur nord-coréen. Trois ans plus tard, les hackers nord-coréens faisaient à nouveau parler d’eux avec près d’une cinquantaine d’attaques sur des établissements comme les hôpitaux. Le groupe Lazarus avait aussi fait parler de lui lors de l’attaque conjointe de 101 banques dans 31 pays différents en 2017.
États-Unis et Corée du Sud veulent apporter une réponse collective !
Si les hacks ne datent pas d’hier, l’ampleur qu’ils prennent pose aujourd’hui un vrai problème. Pour les représentants de la Corée comme pour ceux des États-Unis, la réponse à la menace nord-coréenne doit se construire collectivement. Lors du colloque ayant regroupé une quinzaine de pays, Madame Pak a fait part de cette nécessité :
Il est vital pour les gouvernements, les défenseurs des réseaux et le public de rester vigilants et de travailler ensemble pour atténuer la cybermenace posée par la RPDC.
De son côté, le représentant sud-coréen estime que ces activités illégales doivent être traitées fermement et pas uniquement sous le seul prisme du crime financier. Pour justifier cette posture, Lee Tae-woo précise que l’argent est directement réinjecté pour financer un programme de missiles nucléaires :
Les mesures visant à gérer les cybermenaces de la Corée du Nord signifient donc plus que la prévention des dommages financiers, il en va de la paix et de la stabilité de la société internationale.
Pour lutter contre le fléau, les États-Unis se sont engagés à prendre des mesures. Afin limiter les activités malveillantes, le pays de l’Oncle Sam a déjà imposé des sanctions aux hackers, mais aussi aux parties prenantes qui facilitent ces activités malveillantes. En mai dernier, le mixeur crypto Blender.io faisait l’objet de sanctions de la part des États-Unis.
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Charles Ledoux
