Depuis plusieurs semaines, la question de la censure frappe l’univers de la blockchain. À quelques semaines de “The Merge” certains s’interrogent sur le degré de résistance de la blockchain Ethereum à celle-ci.
Ethereum est-il résistant à la censure ?
Tout est parti d’un premier tweet de Lefteris Karapetsas, fondateur de Rotki Solutions GmbH, une entreprise allemande qui développe un outil open source de suivi de portefeuille.
S’adressant aux exchanges Kraken, Binance ou encore Coinbase, l’entrepreneur allemand cherchait à connaître leurs positions en cas de demande de censure des régulateurs. Un mini-sondage assorti de deux réponses possibles :
- A) Se conformer et censurer au niveau du protocole
- B) Fermer le service de staking et préserver l’intégrité du réseau
Cette première question a permis à Eric Wall de déplacer le débat sur l’acceptabilité de la censure :
Question pour la communauté Ethereum. Si une majorité choisit A dans ce sondage, allez-vous :X) Considérer la censure comme une attaque contre Ethereum et brûler leur participation par consensus social ?Y) Tolérer la censure ?
Pour l’heure, plus de 60 % de la communauté Ethereum considère la censure comme une attaque contre le réseau Ethereum. Seulement 10 % considère qu’il faudrait tolérer la censure. Un pourcentage relativement faible, bien que l’on puisse éventuellement s’interroger sur la formulation de cette deuxième réponse. Près du tiers des répondants a cliqué sur “Voir les résultats” sans se prononcer.
Cette question est née du fait que les 5 plateformes citées par le tweet de Lefteris Karapetsas détiennent 66 % des participations combinées dans la Beacon Chain. Selon de nombreux twittos, les 5 plateformes pourraient se conformer aux demandes des régulateurs et à la règlementation de l’OFAC (Office of Foreign Assets Control), un organisme de contrôle financier américain. Laissant craindre pour la décentralisation véritable d’Ethereum.
Vitalik Buterin se prononce contre la censure !
Dans un tweet publié il y a quelques heures, le co-fondateur d’Ethereum s’est ouvertement exprimé en faveur de l’option X au sondage ci-dessus.
Selon lui, les validateurs qui venaient à se plier aux demandes de censure doivent être punis par le réseau. Et le châtiment est tout trouvé : un burn de leurs tokens stakés.
L’épineuse question de la censure pour les acteurs cryptos
Ce débat avait déjà fait rage lorsque l’Occident a pris ses premières mesures contre la Russie. Si certaines plateformes comme Binance avaient dans un premier temps refusé de suivre les directives et la dynamique des sanctions, la pression règlementaire est vite devenue insupportable. Binance, comme d’autres ont donc dû s’adapter. Pour les puristes crypto, cette nouvelle a parfois été mal accueillie, car elle allait à l’encontre du principe fondateur de décentralisation. Au sein de la sphère crypto, le débat est resté vif pendant de longues semaines.
D’une certaine manière, l’entreprise Apple est confrontée aux mêmes problématiques depuis plusieurs années. Si la politique de la marque à la pomme est très claire en matière de protection des données de ses utilisateurs, celle-ci se heurte parfois aux foudres de l’opinion publique. Car Apple a érigé en principe inviolable la sécurité de ses appareils. Une politique qui pose des cas de conscience lorsqu’il s’agit d’accéder aux données de terroristes ou de tueurs en série. Apple s’est toujours refusé à donner accès à ces informations, quel que soit le contexte.
Un débat central après l’épisode Tornado Cash !
Cette discussion sur le réseau social de l’oiseau bleu est aussi très symbolique au regard de l’actualité Tornado Cash. Le 8 août dernier, l’acteur crypto a été sanctionné par le Trésor américain. L’organe considère en effet que Tornado Cash se serait rendue coupable du blanchiment de 7 milliards de dollars depuis 2019 et que la plateforme n’avait pas mis en œuvre les contrôles et les mesures nécessaires pour résoudre de problème.
Quelques jours après, la société a publiquement annoncé sa fermeture en précisant qu’elle “ne pouvait lutter contre les États-Unis“. Suite à ces évènements, Circle, qui développe entre autre le stablecoin USDC a ajouté sur liste noire l’ensemble des adresses Ethereum détenues par le protocole Tornado Cash. Une initiative suivie par Aave, comme le précise Justin Sun.
De son côté, l’organisation Coin Center prépare déjà une action en justice contre l’OFAC. Au motif que l’organisation aurait outrepassé son autorité légale. Qualifiant son action de potentiellement contraire au droit constitutionnel américain et à la liberté d’expression. Depuis quelques jours, le débat sur le véritable degré de décentralisation de l’univers crypto divise. Si certains considèrent que les protocoles ne doivent pas évoluer en marge des décisions règlementaires, d’autres estiment que le respect systématique de ces règles est de nature à tuer le concept de décentralisation.
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