Ethereum, seconde crypto-monnaie en termes de valeur derrière le Bitcoin, a complété avec succès sa mise à jour The Merge. Après des années de doutes et de reports, la fondation Ethereum est enfin parvenue à réaliser son objectif.
Néanmoins s’il est vrai que la transition est effectivement une réussite, il est possible qu’elle ait créé de nouveaux problèmes pour la crypto-monnaie. En effet, étant donné que le principe même de l’opération de fusion consistait à modifier le mode de fonctionnement du réseau Ethereum, de nombreux experts estiment qu’elle pourrait avoir modifié sa nature économique et fiscale.
La majorité de ces experts appartiennent d’ailleurs au service de la Security Exchange Commission (SEC) qui est l’organisme servant à réglementer les marchés financiers aux États-Unis.
Le nouveau principe de fonctionnement de Ethereum
Le but principal de l’opération The Merge consistait à faire passer le réseau de la blockchain Ethereum du mécanisme Proof of Work au mécanisme Proof of Stake. Le premier étant un mécanisme où la sécurité et le fonctionnement de la blockchain se voit maintenu par des mineurs. Il est à l’origine de l’énorme quantité d’énergie nécessaire par ces derniers pour accomplir leur rôle.
Quant au système Proof of Stake, il s’agit essentiellement d’un mécanisme où au lieu que tout le monde doive faire des calculs uniquement certains sont choisis de façon aléatoire pour maintenir et assurer la sécurité du réseau Ethereum. Ici, l’on ne parle plus de mineurs, mais plutôt de validateurs qui agissent de manière plus ou moins indépendante et au tour par tour pour travailler.
Le passage de Ethereum vers le mécanisme Proof of Stake s’est vu être applaudi par le grand public étant donné que plusieurs rapports estiment que la crypto-monnaie serait en mesure de réduire de jusqu’à 99% ses dépenses énergétiques. L’annonce du succès de la transition de Ethereum vers son nouveau mécanisme n’a pas manqué de susciter des réactions de la part de plusieurs acteurs du monde de l’économie.
Toutefois, autant cette initiative était nécessaire, autant elle risque de créer de nouveaux problèmes au réseau Ethereum. En effet, selon des informations provenant des médias américains, Gary Gensler, actuel patron de la SEC, a signalé, quelques heures à peine après le succès de la transition, que son département analysait déjà une possible modification du rang et de la priorité accordée à la crypto-monnaie Ethereum.
Comment déterminer la nouvelle classification de Ethereum 2.0 ?
La SEC se sert d’une méthode assez simple pour déterminer dans quelle catégorie un actif financier doit être classé. Il s’agit d’une méthode appelée Test de Howey. Bien qu’elle soit très ancienne (existe depuis 1940), c’est toujours la méthode de base de classification de la SEC.
Selon les éléments pris en compte au cours de ce test, un actif peut être un contrat d’investissement s’il implique trois critères essentiels :
- Un investissement monétaire,
- Réalisé pour une entreprise classique
- Pouvant fournir à cette entreprise et aux investisseurs des profits qu’ils tirent des efforts des autres.
Lorsque l’on s’attarde spécifiquement sur chacun de ces points, il est vrai que l’investissement en crypto-monnaie rentre effectivement sous la coupe du Test de Howey. Néanmoins, une telle méthode classification peut tout de même avoir des interprétations variées.
À titre d’exemple, l’on ne saurait affirmer avec certitude que le réseau Ethereum actuellement en examen est réellement une entreprise classique.
Quel serait l’impact d’une nouvelle classification de Ethereum par la SEC ?
Lorsqu’il utilisait encore le mécanisme Proof of Work, ETH était l’une des deux seules crypto-monnaies avec le Bitcoin reconnu comme étant un actif de type “commodities” par les régulateurs fédéraux.
La reclassification de Ethereum dans la catégorie des actifs “securities” pose de très gros risques non seulement pour le réseau et ses utilisateurs, mais également pour l’ensemble des acteurs de l’industrie.
À travers ce changement de rang les investisseurs de Ethereum ainsi que les émetteurs et gestionnaires de tokens pourraient se voir soumis à de nouvelles règles d’imposition. Des différences se manifesteront particulièrement au niveau de leur méthode de déclaration.
Les modifications affecteront encore plus les nouveaux validateurs chargés du maintien de la sécurité du réseau et les diverses entités commerciales dont le rôle principal est de commercialiser des services de staking aux particuliers et aux institutions.
Bien que dans ses propos, le président de la SEC n’a pas spécifiquement pointé du doigt Ethereum, ses commentaires sont quand même intervenus quelques heures après que la blockchain ait achevé sa transition vers le mécanisme Proof of Stake via The Merge.
Au cours de son interview, Gary Gensler a tout de même déclaré que les crypto-monnaies de type Proof-of-Stake peuvent avoir la valeur de contrats d’investissement. Une nouvelle classification qui pourrait très bien les soumettre à la réglementation sur les valeurs mobilières. Des affirmations qui laissent présager un futur assez mouvementé pour l’industrie des crypto-monnaies dans son ensemble.
The Merge pourrait changer internet. Si vous voulez en savoir plus sur le futur de Ethereum suite à cette mise à jour, voilà un article à ce sujet.
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Emmanuel Mounier
Rédacteur
