[Exclusif] Face à l’offensive Libra de Facebook, des acteurs français de la blockchain, comme Ark Ecosystem et Ledger, s’organisent pour proposer aux autorités une crypto-monnaie nationale.
Avec sa crypto-monnaie Libra, Facebook joue le rôle « d’éléphant entré dans le magasin bancaire de porcelaine ». Pays du G7 et désormais Etats membres de l’UE entendent faire barrage au projet de la multinationale.
Plusieurs pays réfléchissent très activement au développement d’une crypto-monnaie nationale placée sous le contrôle des autorités. Mais la solution pourrait également venir d’autres entreprises privées.
Empêcher un fiasco comparable au cloud souverain
Un groupe en France est ainsi en passe de voir le jour à l’initiative d’Ark Ecosystem et de son PDG, François-Xavier Thoorens.
Aux côtés de « nombreux acteurs français », parmi lesquels Ledger, Tezos, LGO, il ambitionne ainsi de « créer une monnaie numérique avec contrepartie pour émettre un jeton en euro. »
Des réunions entre les membres sont prévues ces prochaines semaines pour faire avancer cette contre-offensive. Mais pourquoi une autre initiative privée aurait-elle plus les faveurs du ministère de l’économie ?
“C’est une monnaie française dont il aura la maîtrise” répond François-Xavier Thoorens, mettant notamment en avant le caractère open source de la technologie développée.
Et s’il défend une telle démarche, c’est notamment parce qu’il craint de voir se reproduire le fiasco du cloud souverain. L’Etat avait alors confié une enveloppe de 150 millions d’euros à deux consortiums de grandes entreprises françaises. En vain.
Les startups françaises « doivent jouer leur chance » et se faire entendre des autorités. Elles espèrent d’ailleurs obtenir le soutien de la BPI. La Banque Publique d’Investissement apporte déjà des financements à différents acteurs hexagonaux de la blockchain, dont iExec et Acinq.
Libra ou l’hégémonie du dollar étendue aux crypto-monnaies
Un rendez-vous avec un responsable de la BPI est d’ailleurs prévu début décembre pour discuter de ce projet français de tokenisation de l’euro. Un DG du Trésor pourrait être présent à cette occasion. A noter qu’une rencontre avec l’APCR (Banque de France), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, est prévue par ailleurs en novembre.
« Nous ne demandons même pas d’argent » insiste le patron d’Ark.
Et techniquement, assure-t-il, la complexité est tout à fait maitrisable. Suffisamment pour permettre à la France de réagir rapidement face au projet américain ?
Car malgré la menace d’interdiction des gouvernements, y compris aux Etats-Unis, Libra n’est pas encore enterrée. François-Xavier Thoorens estime d’ailleurs que Facebook, au prix de quelques ajustements, devrait in fine obtenir le soutien de la Fed américaine.
Il rappelle ainsi que Libra est adossé à un panier de devises, à dominante dollar (50%).
“De fait, Libra peut être vu comme un moyen hégémonique. La Fed tapera du poing sur la table, mais cela se terminera par un panier qui augmentera en dollar. Ce que Facebook vendra, c’est l’hégémonie du dollar” craint-il.
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