Dans une récente enquête, la banque américaine Goldman Sachs note un désintérêt croissant des ultra-riches pour les actifs numériques comme le Bitcoin. Paradoxalement, un nombre croissant de gestionnaires de grandes fortunes continuent à pénétrer le marché des cryptos. Voyons ensemble toutes ces subtilités.
Les ultra-riches de moins en moins intéressés par la crypto
L’enquête d’opinion récemment publiée par Goldman Sachs est riche d’enseignements sur la vision qu’ont les familles les plus riches au sujet des actifs numériques. Et si l’on pourrait croire à un engouement croissant, force est de constater que c’est l’inverse qui semble se produire. En 2021, 39 % des family offices interrogés disaient ne pas investir et ne pas être intéressés par l’investissement crypto. En 2023, ils sont désormais 62 %.
L’enquête a également permis d’illustrer que la part des family offices souhaitant investir à l’avenir dans les actifs numériques était aussi en très forte baisse. S’ils étaient 45 % à se prononcer favorablement à cette question en 2021, ils ne sont à présent plus que 12 %. Néanmoins, le nombre de family offices investissant est en hausse entre 2021 et 2023. Il s’agit vraisemblablement de ceux qui avaient répondu qu’ils étaient intéressés par des investissements crypto dans le futur en 2021. Les diagrammes suivants illustrent les différentes réponses apportées par les répondants :
A noter que cette enquête a été menée en janvier et février sur la base des réponses de 166 family office implantés partout dans le monde. Pour 93 % des répondants, la fortune en gestion dépassait les 500 millions de dollars. Pour 72 % des répondants, elle dépassait même le seuil symbolique du milliard de dollars.
Comment expliquer ce changement radical ?
Parmi les principales explications à ce désamour, beaucoup de family offices citent la très forte volatilité des marchés. Un phénomène qui a été rendu particulièrement visible en 2022 avec une année marquée par le bear market. Mais il ne s’agit pas du seul élément mis en avant. Beaucoup de répondants ont d’ailleurs cité le contexte agité et la série d’effondrements : FTX, Celsius et BlockFi pour ne citer qu’eux.
Mais si les conditions de 2023 sont évoquées pour expliquer la baisse d’engouement, celles de 2021 peuvent aussi être mises en avant pour expliquer pourquoi les grosses fortunes se sont massivement tournées vers les actifs numériques. Et au premier rang de ces explications, on retrouvait le fort risque d’inflation qui pesait à l’époque. Mais aussi la politique de taux bas prolongée suite à une année de stimulus monétaire des banques centrales (crise covid).
Si les ultra-riches se désintéressent des actifs numériques, ce n’est pas le cas de Goldman Sachs. Longtemps emprunt d’un fort scepticisme au sujet de la crypto monnaie, la banque américaine, à l’instar de son ancien PDG, change désormais son fusil d’épaule. Sans adouber les actifs numériques, le groupe semble aujourd’hui avoir bien compris qu’un rejet massif pourrait s’avérer stratégiquement problématique à plus long terme.
Récemment, Goldman Sachs a précisé qu’il restait ouvert à élargir son équipe crypto. Une équipe déjà composée de 70 personnes. La banque américaine loue aussi désormais les capacités de la blockchain à améliorer le fonctionnement de certains marchés et segments comme le capital investissement.
Source : The Block
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Romain Boyer
Rédacteur
