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Opinion

Informatique, éducation, géopolitique, économie… fin du monopole et début de la décentralisation

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Le monopole érodé laisse place à un monde multipolaire

Le modèle du monopole est fragile, il est lourd et érodé par la révolution NTIC : l’instantanéité des échanges, la rapidité de la circulation de l’information et l’évolution rapide des nouvelles technologies.

La fin du monopole se traduit aussi en géopolitique, que ce soit d’une hégémonie américaine ou d’un mode bipolaire marqué par la guerre froide, la situation actuelle ressemble au modèle expliqué par Susan Strange dans « The retreat of the State : The Diffusion of Power in the World Economy » soit une fin de l’hégémonie corrélée à l’avènement d’un monde multipolaire, avec des puissances émergentes, et des pouvoirs économiques ayant plus de pouvoirs que les États.

La fin du monopole géopolitique semble changer la donne sur bien d’autres domaines. Que ce soit dans l’éducation, l’informatique, l’économie… le processus d’interaction a perdu de sa centralisation pour se décentraliser dans toutes ses facettes.

Du P2P informatique à l’apprentissage entre pairs dans l’EdTech… l‘apprentissage à l’ère de la transformation numérique.

Dans l’éducation traditionnelle, il y avait un professeur face à des élèves.
Dans l’audit de sécurité informatique, il y avait un rapport d’audit de sécurité face aux équipes de sécurité ou de développement informatique.

Dans l’EdTech, il y a maintenant un élève face à une appli, un MOOC, ou un pair et un facilitateur. Dans la cybersécurité agile, il y a maintenant un rapport de vulnérabilité et des échanges entre développeurs, équipes de sécurité et hackers.

Du P2P au crowdsourcing agile dans l’informatique

Avec ce qui est communément appelé le time-to-market, les projets sont gérés dans une démarche agile car l’innovation dans la production est constante. Les audits de sécurité traditionnels ne sont plus adoptés à ces modèles agiles. Et de nouveaux types de service de cybersécurité naissent à l’orée de ce nouveau modèle.

Des entreprises comme Darktrace ayant vu leur croissance exploser, et qui permettent à une équipe de cybersécurité de visualiser un malware arriver sur une plateforme de manière aussi intuitive qu’une pizza dans une application de livraison à domicile.

Mais aussi des entreprises qui misent sur le fait que tant qu’à être attaqué, autant récupérer ensuite ses données sur le darkweb (comme CybelAngel).

Ou encore des compagnies qui vont appliquer le principe du crowdsourcing à la cybersécurité, en proposant des audits de sécurité sur le modèle collaboratif (YesWeHack).

Toutes ces entreprises sont des startups à forte croissance, et sont vouées à devenir les grands noms de la cybersécurité de demain, elles sont l’illustration de ce profond changement.

Cependant, cette transition ne touche pas que la cybersécurité, mais aussi la programmation informatique. L’évolution des connaissances dans la programmation est devenue si rapide, qu’il est difficile à soutenir pour ses artisans.

Si des entreprises que l’on pensait inébranlables ont oublié de faire les mises à jour de leurs logiciels et ont subi les conséquences de NotPetya et WannaCry, il faut avoir conscience que le degré de connaissance des développeurs doit lui aussi se mettre à jour indéfiniment.

Dans la réalité, cela se traduit par ces paroles d’une data scientist d’un grand groupe, « sans Stackoverflow je suis perdue car les évolutions dans la programmation sont trop rapides, je ne peux pas me former sur mes weekends et je dois donc le faire au fil de l’eau, avec l’aide active de la communauté ».

Stackoverflow, Quora etc. ne sont rien d’autres que des plateformes où le savoir est décentralisé, et où l’acquisition de connaissances se fait entre pairs.
Même les modèles de diffusion de savoir les plus anciens (les bibliothèques) commencent à recourir à ce système d’apprentissage entre pairs (comme le Guichet du Savoir mis en place par les Bibliothèques de Lyon).

Le pair à pair, nouveau pilier de l’économie

D’une manière générale, la nouvelle économie à l’ère du numérique et du collaboratif, est basée sur cette décentralisation : cette interaction de données émises par des pairs et leurs échanges de connaissances.

Il peut s’agir du modèle de recommandation sur Uber, Airbnb ou TripAdvisor, mais aussi ce qui garantit le bon fonctionnement de Waze (mises à jour en temps réel par les automobilistes) ou encore dans la cybersécurité lorsque l’on applique l’IA à la cybersécurité.

L’IA est gourmande en data, il ne peut donc y avoir d’IA performante en gestion des incidents de sécurité informatiques sans un grand nombre de données collectées, ainsi que d’échanges des équipes de sécurité pour améliorer en permanence le produit.

L’apprentissage entre pairs : une évidence et de nouveaux usages offerts par les nouvelles technologies

On pourrait croire que les nouvelles technologies et la numérisation de notre environnement ont rendu les individus dans une logique de pair à pair.
Sauf que ce n’est pas le cas, les ethnologues et paléoanthropologues ont démontré à de nombreuses reprises à quel point l’être humain est un être social ayant besoin de vivre en communauté et non en autarcie.

Il est pourtant indispensable de bien faire le distinguo entre une vie en communauté avec ses pairs régie par un système de monopole, et une vie avec ses pairs où la technologie permet une vie en communauté décentralisée.

Dans la formation à la programmation, les apprentis-développeurs de l’École 42, les maçons du numérique de demain, apprennent par pairs, sans aucun cours magistral.

Dans les grandes écoles et les groupes cotés en bourse, l’apprentissage entre pairs fait son entrée avec des initiatives comme WeArePeers, pépite française qui couple sa technologie à des ateliers entre pairs.

Le peer-learning a ses avantages face au MOOCs. Le faible taux de complétion de ces derniers (avoisinant en moyenne les 5%) est une proof of concept que rien ne vaut l’interaction humaine. Même si certains modèles de MOOCs arrivent à faire office d’exception. La startup française Artips qui se targue d’un score de 70% grâce à son format capsule, et les nouvelles initiatives VR qui permettent également une attention plus soutenue chez l’apprenant, en sont des exemples parlants.

Une évolution et en même temps un retour aux sources

Finalement, cette tendance EdTech est héritée de la tech elle-même puisque le peer to peer (Torrent, Pirate Bay), soit le partage de la connaissance à l’ère de l’internet libre, est petit à petit rogné par Hadopi, les réseaux sociaux et les GAFAM. Il s’agit de l’Internet de garage, underground, qui fut le fondement du monde numérique d’aujourd’hui.

L’évolution du pair à pair dans la technologie est d’ailleurs la blockchain, elle aussi basée sur le protocole P2P. Cette innovation vouée à disrupter les secteurs bancaires, des assurances, tout comme le droit, n’est que la traduction d’une décentralisation qui a déjà commencé dans les domaines économiques, informatiques, de l’éducation et de la géopolitique. C’est-à-dire la fin d’un monopole qui offre une voie toute tracée à la décentralisation des process dans un monde multipolaire.

Cette tribune vous est proposée par Louise Bautista, account executive chez Yes We Hack, première plateforme de Bug Bounty en Europe, et secrétaire générale du Club Français de la Cryptomonnaie (CFC).

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Louise Bautista

Louise Bautista

Account Executive chez YesWeHack où elle évangélise le bug bounty, Louise prône l'évolution des méthodes d'audits traditionnelles dans la cybersécurité vers le hacking éthique. Diplômée de l’EMLYON, secrétaire générale du Club Français de la Cryptomonnaie (CFC). Officier de réserve dans l’armée de l’air, membre de l’ANAJ IHEDN, elle a travaillé pendant quasiment deux ans dans la cyberdéfense avec une grands groupe du CAC40 et le ministère des Armées. Elle organise des conférences et rédige des articles sur les sujets Défense, cybersécurité et blockchain (Sécurité & Défense magazine, Harvard Business Review France…) Site de YesWeHack : https://www.yeswehack.com/ Site du CFC : https://www.leclubdescryptos.fr/
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