C’est une première pour l’Iran qui vient de réaliser sa première importation de marchandises en effectuant le paiement via des crypto-monnaies pour un montant de 10 millions de dollars. Le gouvernement iranien a en effet modifié les lois concernant les cryptos minées localement, il y a de cela deux ans afin de permettre de les utiliser comme paiement lors d’importations.
Une première pour l’Iran
C’est via l’agence de news Tasnin que le mardi 9 août l’information qui pourrait permettre à l’Iran de contourner les sanctions des États-Unis sur son économie a été dévoilée. Ainsi, pour la première fois officiellement une importation de marchandises d’une valeur de 10 millions de dollars a eu lieu avec un paiement réalisé par le biais de crypto-monnaies. L’agence n’a pas précisé quelle crypto exactement avait servi pour cet achat.
Un tweet d’Alireza Peyman-Pak, un officiel du ministre de l’Industrie a annoncé que d’ici à la fin de septembre l’utilisation des cryptos et des smart contracts devrait se répandre davantage dans les échanges étrangers avec des pays spécifiques.
C’est en 2019 que l’Iran a légalisé le minage des crypto-monnaies au sein de son pays. Un état qui produit environ 4,5 % du minage de Bitcoin à travers le monde. L’électricité n’étant pas cher en Iran, de nombreuses sociétés souhaitent s’implanter afin de pouvoir miner des cryptos. Néanmoins, les réglementations en Iran à ce sujet sont strictes et bon nombre de mineurs locaux en ont encore récemment fait les frais.
Pouvoir contourner les sanctions US
Les États-Unis imposent un embargo économique envers l’Iran presque complet. Ces sanctions s’appliquent notamment avec une interdiction de toutes importations aussi bien dans les secteurs pétrolier, bancaire et maritime du pays.
Ainsi, Téhéran s’avère être une des grandes économies qui n’a pas encore réellement adopté l’usage des nouvelles technologies comme les crypto-monnaies. Suite à cette récente importation payée en cryptos et l’annonce d’un officiel du gouvernement, cela pourrait changer très prochainement.
Les crypto-monnaies sont en effet à l’heure actuelle difficilement réglementées et servent indirectement d’outil de paiement tout en limitant le contrôle que les gouvernements puissent avoir sur celles-ci. De ce fait, avec les cryptos l’Iran pourrait gagner davantage en minant tout en étant capable d’acheter des produits importés à l’aide des cryptos permettant d’atténuer l’impact des sanctions imposées par les États-Unis.
Les cryptos au cœur de l’économie du futur ?
Bien que le secteur des cryptos soit relativement récent, de nombreux pays ont adopté cette industrie à bras ouverts. C’est notamment par exemple le cas du Salvador qui a adopté le Bitcoin comme monnaie légale dans le pays ou encore la République centrafricaine, connue pour être un des pays les plus pauvres au monde qui en a fait de même tout en parallèle sa propre crypto le mois dernier.
Bien que l’Iran n’en soit pas à ce stade, le pays semble se diriger vers une utilisation avancée des cryptos pour améliorer l’économie de son pays tout en limitant les sanctions de puissances mondiales comme l’Europe ou encore les États-Unis.
L’Union Européenne a déclaré présenter un texte prochainement pour relancer l’accord de 2015 concernant le sujet du nucléaire iranien. En effet, en 2015 l’Iran a réduit son programme nucléaire en échange d’une réduction des sanctions économiques à son égard, mais en 2018 le président Donald Trump est revenu sur cet accord en rétablissant de sévères sanctions sur Téhéran.
Les plateformes d’échange au-dessus des lois ?
Il est évident que de nombreuses puissances travaillent sur des réglementations plus strictes concernant les crypto-monnaies et leurs applications. C’est notamment le cas de l’Union Européenne qui a mis en place le programme MiCa afin de limiter les abus notamment sur l’utilisation des cryptos pour effectuer du blanchiment d’argent.
De même, à la suite du projet Terra de Terraform Labs, bon nombre de gouvernements veulent durcir les lois concernant les crypto-monnaies dans le but de protéger les utilisateurs et investisseurs de ce secteur volatile où tout peut basculer en quelques heures.
Pour autant, récemment les plateformes d’échange Kraken et Binance furent au cœur d’une polémique par rapport à leur rôle dans le respect des sanctions économiques à propos de l’Iran. En effet, après 2018 d’après certains rapports Binance et Kraken auraient permis à des traders iraniens d’utiliser leur plateforme respective afin d’acheter et vendre des cryptos.
Or, il s’avère que la compagnie était au courant de son succès en Iran. Techniquement après la décision de Trump, Binance a ajouté l’Iran à une liste de “pays sanctionnés” indiquant que la société pouvait restreindre ou refuser ses services dans de tels pays. En novembre 2018, la plateforme a même alerté ses utilisateurs iraniens de retirer leurs fonds au plus vite.
Pour autant, malgré un durcissement des conditions, il semblerait que certaines plateformes comme Binance ou encore Kraken n’ont pas respecté pleinement les sanctions appliquées envers ces pays.
La réglementation des cryptos poursuit son chemin et se montre de plus en plus nécessaire. De nombreux points sont à prendre en compte comme l’indique le CSF dans son futur rapport qu’il prévoit pour le G20 d’ici à la fin de l’année.