
Les 84 succursales de la First Republic, réparties dans huit États, se lèvent ce lundi sous les couleurs de JPMorgan. La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) a joué un rôle central dans cette opération, orchestrant la saisie administrative et la vente à JPMorgan. Cela n’a pas été sans conséquences, puisque le fonds d’assurance de la FDIC doit couvrir environ 13 milliards de dollars de pertes.
JPMorgan remporte les enchères pour 203 milliards d’actifs de la First Republic Bank
Les autres banques candidates au rachat de la banque régionale étaient Citizens Financial Group, PNC Financial Services Group et Wells Fargo. La FDIC a tenu une vente aux enchères accélérée ce week-end et choisi l’offre la plus avantageuse pour les clients et les créanciers de la banque déchue. La FDIC a écarté ces 3 offres car toutes proposaient seulement un rachat partiel.
En d’autres termes, elles ne portaient que sur une partie des actifs de la First Republic, et non sur la totalité. Elles visaient notamment à reprendre les agences, les clients et les prêts les plus rentables de la banque, en laissant de côté les actifs les plus risqués ou les moins performants. JP Morgan a été le seul à faire une offre de rachat globale, incluant une grande majorité des actifs (173 milliards de prêts en cours + 30 milliards de titres) ET les dettes de la First Republic. Rappelons que la First Republic détenait environ 229,1 milliards de dollars d’actifs et 103,9 milliards de dollars de dépôts.
Les difficultés de la First Republic sont liées à la crise bancaire qui a éclaté aux Etats-Unis en mars 2023, suite à la faillite de deux banques régionales spécialisées dans le financement du secteur technologique: la Silicon Valley Bank (SVB) et la Signature Bank. La First Republic partageait le même profil de clientèle fortunée et le même modèle d’affaires basé sur les prêts aux entreprises innovantes.
Son cours de Bourse a chuté de 97 % entre le début de l’année et le 1er mai, passant de 180 dollars à 4 dollars. La banque a tenté de se refinancer auprès d’autres établissements financiers, mais même une bouée de 30 milliards n’aura pas suffi.

La situation des banques régionales américaines est très tendue depuis les faillites de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank en mars
La SVB et la Signature étaient très exposées au secteur technologique. Or celui-ci a connu une forte correction boursière. Le resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine a augmenté les taux d’intérêt et rendu le financement plus coûteux pour les entreprises technologiques, déjà endettées. Plusieurs autres banques régionales ont donc vu ce type de sociétés faire faillite ou retirer massivement leurs dépôts, ce qui a mis en péril leur liquidité et leur solvabilité.
Certaines ont dû être sauvées par des injections de fonds ou des reprises par des banques plus grandes. Ce fut le cas de la First Republic Bank, qui a reçu 30 milliards de dollars de la part de 11 grandes banques américaines le 16 mars, mais cela n’a pas suffi à la sauver. C’est aussi le cas de la City National Bank, qui a été acquise par Wells Fargo le 10 avril pour 5,4 milliards de dollars.
D’autres ont demandé au régulateur de garantir tous leurs dépôts. C’est le cas de la Coalition des banques de taille moyenne (MBCA), qui regroupe 23 banques régionales et qui a demandé au régulateur de s’engager à assurer tous leurs dépôts pendant deux ans
Le marché de la dette subordonnée bancaire, qui sert à renforcer les fonds propres des banques, est également très volatile et les investisseurs craignent un effet domino sur d’autres banques systémiques européennes comme la Deutsche Bank. La banque allemande a remboursé par anticipation un emprunt subordonné à sa date de “call” le 24 mars. Un mouvement qui a provoqué une méfiance du marché et une chute de son cours de Bourse.

Il est difficile de dire si la situation est stabilisée, car elle dépend beaucoup de la confiance des déposants et des marchés. Dans notre analyse ce matin, nous rappelons que le rendez-vous clé de la semaine sera la réunion du FOMC de mercredi soir. Les traders de cryptomonnaies devront aussi surveiller la réunion de la BCE de jeudi, ou encore le rapport sur l’emploi américain du mois d’avril (NFP) vendredi après-midi.
Sources : Coin Telegraph
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