“EOS, tel qu’il est, est un échec”. Les mots sont de Yves La Rose, patron de la Fondation EOS, et décrivent bien la longue traversée du désert du projet blockchain autrefois porté aux nues. Aujourd’hui EOS cherche un second souffle en misant sur l’interopérabilité avec Ethereum, en se rendant compatible avec l’Ethereum Virtual Machine (EVM). De quoi rendre le réseau EOS EVM 3x plus rapide que Solana et 25x plus rapide qu’Avalanche. Explications.
EOS, une ICO record et puis … plus rien
EOS détient le record, bien lourd à porter, de la plus grosse ICO à ce jour : 4,1 milliards de dollars levés en 2018, en pleine euphorie et à l’apogée de l’ICO-mania auprès du grand public. Un carcan de trop pour la blockchain, la mettant dans une position difficile faite d’attentes irréalistes, de pression de la communauté et surtout de guerre de leadership entre investisseurs.
Après une première descente aux enfers en 2018 et une chute du cours de 90%, le faisant passer des 20 dollars aux environs des 2 à 3 dollars, le jeton EOS n’a jamais vraiment récupéré en 2019 et 2020, au contraire de Bitcoin et Ethereum. Pire, l’année 2021 achèvera de mettre le projet en situation d’échec.
Celle-ci commence avec le départ de Dan Larimer, figure historique du projet. Il quitte son poste de Chief Technology Officer de la société Block.one, qu’il avait fondée en 2014. Une annonce qui nourrit une puissante dynamique baissière pour le jeton EOS en janvier, perdant jusqu’à 40% de sa valeur. Avant cela, Block.one avait déjà été condamnée par la SEC en 2019 pour avoir omis d’enregistrer son ICO …
Un article explosif de Bloomberg montrait même comment Block.one s’y prenait pour gonfler le prix de son jeton. En résumé, ils se servaient allègrement des ethers du portefeuille de l’ICO pour racheter des EOS sur le marché, créant un faux sentiment de demande autour du jeton. Il n’en fallait pas plus pour déclencher un recours collectif des investisseurs contre Block.one, aujourd’hui réglé à l’amiable.
Revenir d’entre les morts grâce à l’interopérabilité avec Ethereum
Depuis, la EOS Network Foundation, sous la houlette de son patron Yves Le Rose, a repris les rênes du développement de la blockchain et les affaires commerciales. 2022 a été abordée comme une année de reprise en main pour le projet, qui suit désormais un modèle centralisé à la manière d’Ethereum avec ConsenSys.
La Fondation EOS a donc rapidement présenté quatre “piliers” pour relancer la blockchain : un Audit, un nouveau Wallet, plus de Documentation pour les développeurs et de nouvelles API. Chaque pilier a donc eu droit à son propre groupe de travail. Et les choses semblent avancer dans le sens souhaité, avec une refonte majeure de son environnement de programmation.
En effet, la blockchain EOS sera interopérable avec Ethereum à partir du 14 avril prochain. Qu’est-ce que cela peut apporter ? Techniquement, la compatibilité d’EOS avec l’Ethereum Virtual Machine (EVM) et censée apporter un débit plus important, ainsi qu’une plus grande fiabilité, tout en maintenant des coûts de transaction faibles. Mais c’est surtout les développeurs qu’il s’agit d’attirer : EOS sera désormais programmable avec le langage Solidity, celui dans lequel Ethereum est codé. Yves Le Rose estime que cela rendra EOS jusqu’à 3fois plus rapide que Solana et 25 fois plus rapide qu’Avalanche.
EOS accuse un retard énorme sur les autres blockchains
Cela sera-t-il suffisant pour relancer la machine ? Aujourd’hui, c’est simple. La valeur totale verrouillée (TVL) sur EOS est de 123,7 millions de dollars, soit à peine 0,20% de la TVL sur Ethereum. Il n’y a que 21 applications DeFi (dApps) enregistrées sur le portail on-chain DefiLlama et seulement cinq dApps comptabilisant plus d’un million de dollars de fonds en dépôt. C’est maigre, très maigre …
EOS est une blockchain performante dans les jeux, avec Upland en tant que dApp numéro un avec 77 000 utilisateurs hebdomadaires. Cependant, même dans le secteur des jeux, EOS accuse un retard sur la blockchain WAX, qui est née … d’un fork d’EOS.
Pour se donner toutes les chances de réussir le comeback, la Fondation EOS a mis sur pied en novembre dernier un fonds de 100 millions de dollars pour soutenir l’écosystème EOS en investissant dans les dApps. Une stratégie risquée, mais qu’on a connu payante pour des blockchains telles que Polygon, très discrète après son lancement en 2017 et ramenée sur le devant de la scène fin 2021. Le bon moment pour acheter EOS ?
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