La blockchain Solana fait actuellement les frais d’une action judiciaire. Une action intentée par Mark Young, investisseur dans le projet. Si l’accusation considère que la blockchain n’est pas suffisamment décentralisée, c’est surtout la classification de l’actif qui semble poser problème. Le fondateur, le développeur et certains partenaires du réseau sont aujourd’hui accusés de tirer profit de la vente d’un titre non enregistré. Alors, va-t-on vers un Ripple bis ? Éléments de réponse dans cet article !
Solana : vraiment décentralisé ?
Selon Young, en mai dernier, 48 % des tokens SOL étaient détenus par un petit groupe d’insiders. Dans le même temps, la Fondation Solana détenait 13 % du total des tokens en circulation. Remettant largement en cause l’idée d’une blockchain décentralisée. Une accusation formulée au sein de l’action en justice d’une quarantaine de pages :
Parce que Solana Labs et ses initiés contrôlent directement plus de 50% de l’approvisionnement total de SOL de manière significative, la valeur sous-jacente de SOL dépend principalement de leurs efforts déployés.
L’accusation utilise également les pannes fréquentes de la blockchain. Selon la lecture de Young, ces pannes seraient la conséquence d’une blockchain trop centralisée.
À ces accusations de manipulation des cours du SOL, s’ajoutent aussi d’autres charges. Young estime que certains acteurs comme la plateforme d’actifs numériques FalconX auraient facilité le dumping autour du token SOL. L’investisseur lésé estime que c’est notamment ce genre de pratiques qui auraient permis le passage du token SOL au-dessus des 250 dollars à l’automne dernier.
Des déclarations trompeuses de la part de Solana ?
Selon l’action lancée en justice, Solana se serait également rendu responsable de déclarations trompeuses. Pour étayer cet argumentaire, le porteur de l’action judiciaire cite le prêt par la fondation Solana de 11,4 millions de jetons SOL à un teneur de marché en 2020. Si le Fondation avait promis de retirer ces 11,4 millions de jetons du marché, Solana n’en aurait finalement retiré que 3,3 millions.
D’autre part, l’accusation estime que Solana échouerait au “test de Howey“, un test qui permet d’évaluer si un actif est un contrat d’investissement ou non. Selon l’accusation, Solana serait à classer parmi les valeurs mobilières. À noter que le gendarme financier américain, la SEC, utilise souvent ce test de Howey pour catégoriser des actifs.
La classification de l’actif est donc primordiale. Selon Investopedia, un contrat d’investissement existe dans une entreprise lorsqu’il y a une attente de profits provenant de l’effort d’autrui. À ce sujet, voici ce que déclare l’accusation :
Les acheteurs qui ont acheté des titres SOL ont investi de l’argent ou fourni des services de valeur à une entreprise commune, Solana. Ces acheteurs ont une attente raisonnable de profit basée sur les efforts des promoteurs, Solana Labs et la Solana Foundation, pour construire un réseau de blockchain qui rivalisera avec Bitcoin et Ethereum et deviendra le cadre accepté pour les transactions sur la blockchain.
Pour l’heure, les représentants de la blockchain Solana n’ont pas apporté de réponse à ces éléments.
Des répercussions sur les autres altcoins ?
Cette action en justice pourrait pousser de nombreux investisseurs à questionner leur propre portefeuille crypto. Dans le secteur des actifs numériques, la classification d’un actif est extrêmement importante. Il s’agit alors pour les autorités de déterminer si un actif constitue, ou non, une valeur mobilière.
Gary Gensler, président de la SEC a notamment déclaré que la majorité des actifs numériques pourraient être classées comme des valeurs mobilières. Pour Gensler, une exception serait notable à cette classification : Bitcoin.
Rappelons que la SEC est toujours impliquée dans un procès qui l’oppose à la société Ripple, émettrice du token XRP. Le sort de cette affaire pourrait aussi déterminer le sort et la classification d’un grand nombre d’actifs cryptos.
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