Accueil La Chine, cette baleine silencieuse du Bitcoin
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L’Etat chinois détiendrait aujourd’hui pas moins de 194 000 BTC. C’est plus que MicroStrategy et Tesla réunis. De quoi permettre à l’empire du Milieu de mettre à terre le Bitcoin en quelques secondes, s’il le décidait …

Après une décennie de répression, l’Etat chinois aurait saisi un total de 194 000 bitcoins

La Chine n’aime pas Bitcoin mais les Chinois si. L’enthousiasme des Chinois pour le minage de BTC tranche avec la position de l’Etat central, qui mène la vie dure aux cryptos depuis 2013. Rien d’étonnant à cela, les paiements décentralisés menacent par leur nature même la politique monétaire du pays et sa monnaie numérique de banque centrale (MNBC), le fameux yuan numérique.

Malheureusement, on est forcé de rire jaune en constatant les chiffres publiés le 2 novembre par CryptoQuant, une plateforme d’analyse de données blockchain. Car ces données font froid dans le dos : ainsi les autorités chinoises détiendraient aujourd’hui un trésor estimé à 6 milliards de dollars en cryptomonnaies. Plus de 194 000 BTC, 833 000 ETH composent l’essentiel de ces avoirs. La majorité des jetons proviennent notamment du démantèlement de PlusToken en 2019.

Devenues une baleine du Bitcoin, les autorités chinoises ont donc acquis une force de nuisance capable d’envoyer le BTC par le fond en quelques secondes, si elles le décidaient …

Top 5 des gouvernements détenant le plus de BTC – BuyBitcoinWorldwide (c)

Car à titre de comparaison, le premier détenteur de bitcoins au monde, la société américaine MicroStrategy, ne détient “que” 130 000 bitcoins :

Top 8 des entreprises/fondations détenant le plus de BTC – BuyBitcoinWorldwide (c)
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Les grandes mesures anti-crypto de la Chine

Mettons de côté l’escroquerie PlusToken, qui relève bel et bien de la criminalité financière. PlusToken se présentait en effet comme un portefeuille de cryptomonnaies rémunérant ses utilisateurs avec des rendements élevés s’ils achetaient leurs jetons en tokens PLUS, associés au portefeuille avec Bitcoin ou Ethereum. Les médias chinois rapportent que l’escroquerie a attiré plus de 3 milliards de dollars de crypto-monnaie. Quant à Chainanalysis, une société d’analyse blockchain, elle aurait tracé un total de 180 000 BTC, 6 400 000 ETH, 111 000 USDT et 53 OMG (OmiseGo) qui sont passés de victimes d’escroquerie à des portefeuilles PlusToken, ce qui équivaut à environ 2 milliards de dollars.

Intéressons-nous à la manière dont le pouvoir chinois a durci sa politique à l’égard des cryptos depuis bientôt dix ans :

  • Décembre 2013 : la banque centrale publie un avis interdisant aux institutions financières de traiter des transactions en Bitcoin. Son prix chute de 20% à 890 dollars.
  • Septembre 2017 : la banque centrale publie un avis pour interdire les Initial Coin Offering (ICO), des levées de fonds en cryptomonnaies qui permettent de financer des projets cryptos embryonnaires. Les autorités bannissent également toutes les plateformes d’échange du sol chinois. Le prix du Bitcoin chute de 30% à 4000 dollars.
  • Avril 2019 : la Commission nationale du développement et de la réforme, un organe sous l’autorité du Premier ministre, menace d’inclure le minage de cryptomonnaies dans la liste des activités interdites. Le prix du Bitcoin chute de 11% à 4800 dollars.
  • Mai 2021 : le Comité de développement de la stabilité financière, un organe dépendant du Premier ministre, annonce que le minage empêche la Chine d’atteindre ses objectifs environnementaux. Plusieurs autorités régionales, notamment au Sichuan, au Xinjiang et en Mongolie Intérieure, ferment des installations. La banque centrale annonce également que les institutions financières et les sociétés de paiement n’ont plus le droit de fournir des services liés aux cryptos. Le prix du Bitcoin chute de 35% à 30.000 dollars.
  • Septembre 2021 : la banque centrale chinoise et neuf autres agences gouvernementales publient conjointement une directive pour interdire les transactions de cryptomonnaies, tout en réitérant que les plateformes d’échange ne peuvent servir les utilisateurs chinois. La Commission nationale du développement et de la réforme suggère également de placer le minage dans la catégorie des industries à éliminer. Le prix du Bitcoin chute de 11% à 40.000 dollars.
argent chine
Pour protéger son yuan numérique, l’Etat chinois a interdit l’utilisation des cryptos sur son sol

Discrètement, la Chine est redevenue le deuxième mineur mondial

Malgré l’interdiction du minage sur son sol en 2021, les appareils des mineurs chinois n’ont déserté qu’un temps le pays. Exilés durant quelques mois vers des pays voisins plus accommodants – Kazakhstan, Singapour, Thaïlande – les mineurs sont bel et bien revenus occuper le terrain.

Avant le bannissement officiel et les menaces contre les crypto-mineurs, la Chine concentrait jusqu’à 50% du minage de Bitcoin. Une position hégémonique qu’elle a abandonnée au profit des Etats-Unis.

Grâce aux données fournies par le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index (CBECI), on sait que la Chine est revenue à un peu plus de 39% de la puissance de hachage mondiale de Bitcoin. Sur le schéma ci-dessous, on voit qu’après avoir quasiment disparu entre juin et juillet 2021 (bande jaune), cette part est revenue de manière très surprenante. Peut-être un peu trop surprenante ?

Les mineurs chinois comptent pour 39,9% du hashrate à l’échelle mondiale – CBECI (c)

Entre hypocrisie et pseudo-laxisme, les Chinois ont toujours accès aux cryptos

Pékin semble toujours manier aussi bien l’art de l’ambivalence. Tantôt elle souffle le froid, voulant aller au bout de son ambition régulatrice contre la décentralisation. Tantôt le chaud, laissant faire et mettant temporairement en sourdine ses hauts responsables les plus anti-cryptos.

En dépit de l’interdiction des crypto-bourses en 2017, de nombreuses plateformes ont continué à permettre aux Chinois d’échanger leurs yuans contre des cryptomonnaies et des NFT. Les Chinois peuvent s’identifier sur ces sites sans avoir à utiliser un VPN (un logiciel qui permet de modifier son adresse géographique, nldr). Bien qu’il existe un risque de sanctions, ces plateformes ne semblent pas être inquiétées.

C’est par exemple le cas de la plateforme Huobi. La dixième crypto-bourse la plus importante, avec 500 millions de dollars de volume quotidien, semble toujours accepter les résidents chinois. Elle avait pourtant annoncé fin 2021 se préparer à clôturer les comptes locaux. Depuis, elle a déménagé aux Seychelles … Sur la plateforme OKX, les utilisateurs peuvent toujours utiliser des numéros de téléphone de Chine continentale pour s’inscrire, en utilisant par exemple une adresse IP localisée à Hong Kong.

Quant à la plateforme Binance, n°1 du marché avec un volume quotidien supérieur à 10 milliards, beaucoup de traders chinois rapportent sur les forums que sa plateforme restait bel et bien accessible aux clients qui s’inscrivent avec un passeport chinois. Mieux, on constate que les transactions de gré à gré avec des détenteurs de cryptos chinois fonctionnent toujours normalement.

Binance et son CEO CZ riposte face à l'offensive légale
En juin 2021, l’Etat chinois avait bloqué l’adresse de la plateforme Binance avec son “Grand Firewall”

Faut-il avoir peur de la Chine ? La réponse est oui. Le principal risque de vient d’une attaque dite “de double dépense”. Celle-ci permet à un attaquant ayant pris le contrôle de la majorité de la puissance de minage de bloquer, voire d’annuler des transactions sur Bitcoin. En prenant le contrôle des fermes de minage présentes sur son sol, la Chine détiendrait une arme de plus dans le cadre de sa guerre commerciale contre les Etats-Unis. Et pour toute une variété d’autres visées …

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Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Biographie

Romaric est journaliste pour Cryptonaute. Après un passage en faculté de lettres modernes, il s’oriente dans un domaine tout à fait différent, tout en gardant l’œil rivé sur les crypto et l’actualité de l’époque. Il investit alors dans son premier actif numérique : le bitcoin (BTC).

Majoritairement intéressé par Bitcoin, il s’est diversifié plus tard en se penchant également sur le web3, les NFT, les crypto-monnaies et la FinTech. Investisseur aguerri, il est capable d'orienter son entourage et ses lecteurs. Son expérience au sein de l’écosystème crypto et sur la blockchain lui permettent de proposer une actualité précise et experte à ses lecteurs, tout en gardant un recul et une objectivité indispensable à son activité.

Romaric se rend régulièrement en conférence ou à divers événements crypto dans toute l'Europe, notamment aux conférences Bitcoin, au Zebu Live ou aux événements relatifs à la blockchain. Fasciné par ce secteur en plein développement, il aime découvrir de nouveaux projets, apprécie l’innovation, et se laisse porter par son enthousiasme et sa curiosité.

Expertise

  • Bitcoin
  • Cybersécurité
  • Régulation cryptos

Accomplissements

  • Révélé un cas rare de cyberfraude
  • Rencontre avec de nombreux innovateurs de l’industrie
  • Participe à la création d’une équipe dédiée de journalistes

Publications

Éducation

  • Université Polytechnique des Hauts-de-France

Autres

  • Carte de presse FIJ n°1385
  • Journaliste indépendant

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