Pays mature en matière de crypto-monnaies et de blockchain, la Corée du Sud pourrait bientôt soumettre à l’impôt sur le revenu les crypto-actifs. Mais pour des économistes, une telle disposition risque de freiner le développement du secteur.
L’expansion rapide des crypto-monnaies et des technologies blockchain n’est pas sans effets de bord en Corée du Sud. Selon un rapport gouvernemental, entre 2017 et 2019, les dommages financiers causés par les crypto-crimes dépassaient les 2 milliards d’euros.
En mars, les autorités ont donc voté un amendement imposant des règles pour les plateformes d’échange de crypto-monnaies locales, plus de 70 en Corée du Sud. La régulation de cette industrie pourrait encore se poursuivre cependant.
La taxation, un risque pour le développement du marché
Le ministère de l’Economie et des Finances prépare en effet pour juillet un amendement au système d’impôt sur le revenu. Ce projet pourrait inclure des dispositions visant à imposer les plus-values sur la vente de crypto-monnaies, les profits du minage, voire même les ICOs (aujourd’hui interdites cependant).
Cette proposition doit cependant encore être précisée par l’exécutif coréen. Officiellement, il s’agit pour l’Etat d’imposer « des plus-values ou d’autres impôts sur les bénéfices réalisés par les investisseurs nationaux et étrangers dans le cadre du transfert de biens virtuels. »
Même si le projet reste à ce stade peu détaillé, il est fraîchement accueilli par certains économistes du pays. Ce nouveau régime fiscal pourrait stopper la croissance du marché émergent des devises numériques, mettent-ils en garde.
« Il est prématuré pour le gouvernement d’imposer des taxes sur les crypto-monnaies à un moment où le marché ne s’est pas suffisamment développé de manière stable » considère un économiste universitaire cité par le Korea Times.
Japon et Etats-Unis imposent déjà les transactions cryptos
Pour celui-ci, sur le plan économique, les crypto-monnaies ne peuvent pas être considérées comme un actif universel à l’image des monnaies traditionnelles. En conséquence, elles ne devraient pas être assujetties à une fiscalité équivalente.
« Les autorités financières devraient y réfléchir à deux fois avant d’imposer des taxes sur le marché, car l’industrie de la monnaie numérique en est encore à ses débuts (…) Toute taxation ou introduction de réglementations irréfléchies peut être une pierre d’achoppement pour la croissance durable de l’industrie » prévient encore l’économiste.
Des discussions sont actuellement menées au sein du ministère des finances pour déterminer le mode de taxation de ces actifs. La Corée du Sud pourrait s’inspirer d’autres grandes puissances économiques comme le Japon ou les Etats-Unis, où une taxation est en vigueur.
Les deux Etats soumettent ainsi à la fiscalité les transactions portant sur le Bitcoin et les autres crypto-monnaies. Aux US, ces produits sont considérés comme des actifs financiers. Les revenus tirés de leurs transactions sont imposés. Au Japon, les autorités fiscales appliquent elles aussi un taux d’imposition sur les revenus des transactions en devises numériques. Ce taux peut atteindre jusqu’à 55%.
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