Adopter le Bitcoin en Argentine ? Le président Alberto Fernandez ne voit aucune raison qui s’y oppose. Ce n’est pas un réel actif financier, réplique la banque centrale.
Bitcoin intéresse fortement les économies d’Amérique du Sud gangrénées par l’inflation. Le Salvador a été le premier pays de la zone à faire le grand saut en faisant du BTC une monnaie légale. Cette décision est d’ailleurs très mal perçue par la Banque mondiale et le FMI.
Un autre pays envisage lui aussi d’adopter le BTC, mais aussi une CBDC (monnaie numérique de banque centrale) : l’Argentine. Son président, Alberto Fernandez, interrogé par une chaine de télévision locale, s’y déclare en tout cas favorable.
Aucune « raison de dire non » à Bitcoin
« Je ne veux pas m’avancer trop loin […] mais il n’y a aucune raison de dire non », répond le dirigeant avec prudence. « C’est peut-être une bonne voie à suivre » ajoute-t-il. Une telle décision serait avant tout motivée par la lutte contre l’inflation.
« Ils disent que l’avantage est que l’effet inflationniste est largement annulé », argue Alberto Fernandez. Il est vrai que l’inflation est un fléau en Argentine, comme chez ses voisins d’Amérique du Sud.
Le nouveau président hérite d’une économie fragile. Selon des données du gouvernement, le prédécesseur de Fernandez, Mauricio Macri, a laissé filer l’inflation. 100 dollars au début du mandat de Macri équivaudraient à 661 dollars aujourd’hui.
La perte de pouvoir d’achat pour les ménages argentin est donc considérable. L’Argentine se montre néanmoins prudente quant aux remèdes que pourraient apporter Bitcoin et les cryptomonnaies dans ce contexte.
La cryptomonnaie « très préjudiciable » à la stabilité financière
« C’est un débat mondial, et je dois avouer que c’est un sujet [que j’aborde avec] prudence. Dans mon cas, la prudence s’explique par le fait qu’il s’agit d’un sujet peu familier et qu’il est difficile de comprendre comment cette fortune se matérialise », justifie l’actuel président argentin.
Le dirigeant ne pourra en outre pas compter avec le soutien de la banque centrale du pays. Son président, Miguel Pesce, ne fait pas mystère de son hostilité à l’égard du BTC. Il se range ainsi à l’avis de ses homologues d’autres pays.
Pour Pesce, Bitcoin n’est tout simplement pas un réel actif financier, et ne génère aucune rentabilité durable. Le président de la banque d’Argentine souhaite même durcir la réglementation sur les interactions entre Bitcoin, système de paiement et marché des changes.
Le banquier central estime en effet que la cryptomonnaie « pourrait être très préjudiciable » à la stabilité financière nationale. Mais Pesce réfute en outre tout projet d’émission d’une monnaie numérique de banque centrale.