Les autorités sud-coréennes semblent avoir retrouvé la trace d’actifs crypto détournés par Do Kwon, l’ex-PDG de Terraform Labs. Do Kwon est dans la tourmente depuis la chute de l’écosystème Terra en mai 2022. La justice coréenne, la SEC américaine et désormais la police internationale Interpol sont tous sur son dos…
La chute de Terra… et de Do Kwon
Le nom de Do Kwon est maintenant bien connu dans la cryptosphère. Do Kwon est le créateur et PDG de Terraform Labs. Il est à l’origine de la blockchain Terra et de son désormais tristement célèbre stablecoin TerraUSD (UST).
Tout allait bien pour cet entrepreneur d’origine coréenne, jusqu’à l’effondrement de l’écosystème Terra en mai 2022. A partir du 9 mai, le stablecoin UST a décroché du dollar jusqu’à s’écraser complètement, emportant avec lui les autres actifs de l’écosystème. De nombreux investisseurs y ont laissé beaucoup de plumes, et les regards se sont vite tournés vers Do Kwon.
Do Kwon a rapidement été l’objet de suspicions de fraude. D’anciens employés de Terraform Labs affirment que le PDG aurait détourné 80 millions par mois… Mais au-delà des rumeurs, les choses se sont concrétisées du point de vue judiciaire. En effet, la SEC (Securities and Exchange Commission) des États-Unis a ouvert une enquête sur les 40 milliards de dollars d’investissements perdus dans l’affaire Terra. La justice coréenne a également émis un mandat d’arrêt contre Do Kwon.
L’investissement en crypto-monnaies est proposé par eToro (Europe) Ltd en tant que PSAN, enregistré auprès de l’AMF. Les crypto-monnaies sont très volatiles. Pas de protection des consommateurs.
Do Kwon en cavale ? Interpol à ses trousses
Au départ de l’« affaire », Do Kwon a continué à parler à la communauté Terra, notamment sur les réseaux sociaux. Ses messages, qui se voulaient rassurants, n’ont pas vraiment été convaincants. L’ex-PDG s’est ensuite fait plutôt discret.
D’ailleurs, où vit Do Kwon actuellement ? C’est là la question en or. A priori, il semblerait avoir été (ou être ?) à Singapour, mais rien n’est moins sûr désormais. En tous cas, il y a de fortes chances qu’il ne réside pas sur le sol coréen, ce qui rend inapplicable le mandat d’arrêt émis par le pays. Essayerait-il d’échapper à la justice de son pays ?
Do Kwon essaye de s’en défendre. Dans un tweet du 17 septembre, Do Kwon affirme : « Je ne suis pas en fuite ou quoique ce soit, pour tous les gouvernements qui souhaitent communiquer ou coopérer, nous n’avons rien à cacher ».
I am not “on the run” or anything similar – for any government agency that has shown interest to communicate, we are in full cooperation and we don’t have anything to hide
— Do Kwon 🌕 (@stablekwon) September 17, 2022
S’il n’a rien à cacher, il se tient pourtant le plus loin possible des autorités judiciaires.
Le 26 septembre, la Corée du Sud a déclaré qu’Interpol, l’organisation internationale de police, avait émis une « Red Notice » (ou notice rouge) pour Do Kwon. D’après la définition de l’organisation, une Red Notice “consiste à demander aux services chargés de l’application de la loi du monde entier de localiser et de procéder à l’arrestation provisoire d’une personne dans l’attente de son extradition, de sa remise ou de toute autre procédure judiciaire.”
Une saisie de 62 millions de dollars
Le tableau continue à s’assombrir pour Do Kwon. L’ex-PDG est désormais accusé d’avoir “mis de côté” une grande quantité de bitcoins juste après l’émission du mandat d’arrêt coréen.
En effet, d’après la plateforme d’analyse CryptoQuant, Luna Foundation Guard (LFG) aurait créé un nouveau portefeuille crypto sur Binance le 15 septembre, juste après le fameux mandat. LFG est un organisme à but non-lucratif visant à promouvoir la blockchain Terra. Elle a été créée par la société Terraform Labs de Kwon. D’importants fonds auraient ensuite été envoyés du nouveau portefeuille LFG vers deux plateformes d’échange. Au total, ce sont 3 313 BTC qui auraient été ainsi envoyés par Do Kwon vers KuCoin et OKX.
Mercredi 28 septembre, le bureau du procureur du district sud de Séoul a déclaré avoir demandé aux exchanges crypto OKX et KuCoin de geler les 3 313 bitcoins liés à Kwon. Selon le cours à cette date, ces avoirs valent environ 62 millions de dollars.
La fondation LFG s’est défendue contre ces accusations de transferts douteux. Dans un tweet, LFG a fourni l’adresse de son wallet Bitcoin et a affirmé qu’aucun mouvement de BTC n’avait été effectué depuis le mois de mai 2022. Ce à quoi CryptoQuant a répondu « Ça c’est l’adresse publique », impliquant qu’il existerait un autre wallet non-officiellement lié à l’organisation.
Do Kwon s’est également défendu sur Twitter. Dans un tweet du 28 septembre, il a déclaré « Il n’y a pas de “cashout” comme prétendu, je n’ai pas utilisé kucoin ou okex depuis au moins un an, et aucun fonds de tfl, lfg ou toute autre entité n’a été gelé. ».
What has been probably the most surprising in all this is the amount of misinformation that gets spread.
There is no “cashout” as alleged, i havent used kucoin or okex in at least the last year, and no funds of tfl, lfg or any other entities have been frozen. https://t.co/E1cbKgoqQz
— Do Kwon 🌕 (@stablekwon) September 28, 2022
Interrogé par CNBC le même jour, l’exchange KuCoin a affirmé être « disposé à coopérer avec tout organisme mondial chargé de l’application de la loi lorsqu’il s’agit d’enquêtes sur l’origine et le gel d’avoirs suspects. ».
De son côté, un représentant de l’exchange OKX a confirmé avoir reçu la demande de gel de la part des autorités sud-coréennes. Il a aussi déclaré vouloir coopérer avec l’enquête.
Partager
Charles Ledoux
