Les appels à la régulation des cryptomonnaies se multiplient. Agustín Carstens, le directeur de la Banque des règlements internationaux, en est partisan, mais aussi un crypto-sceptique de longue date.
Parmi les banques centrales, le moins qu’on puisse dire, c’est que les cryptomonnaies n’ont pas la cote. Leurs représentants se succèdent ainsi pour dénoncer les risques représentés par ces monnaies.
Spéculation, volatilité, financement du terrorisme… les arguments en défaveur de Bitcoin et d’autres crypto-actifs ne manquent pas. Agustín Carstens, le directeur de la Banque des règlements internationaux (BRI), brandit lui aussi ces menaces.
La crypto ? Un « simple véhicule spéculatif »
Dans une interview à CNBC, il estime que ces monnaies permettent d’échapper aux lois. Ainsi, ces cryptomonnaies s’affranchiraient de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
En conséquence, elles devraient faire l’objet d’une régulation plus stricte, appelle le dirigeant. Ces déclarations successives de représentants de banques centrales ne seraient-elles pas avant tout motivées par d’autres raisons ?
Les crypto-monnaies ne menacent-elles pas d’abord la monnaie fiat et la souveraineté monétaire ? En aucune façon de l’avis d’Agustín Carstens. Selon lui, leur rôle se cantonne à celui de « véhicule spéculatif ».
« Je ne vois pas de domination des cybermonnaies », déclare encore le patron de la BRI, qui conteste en outre toute percée « en tant que monnaie », notamment pour les paiements. C’est pourtant la fonction d’une catégorie d’entre elles : les stablecoins.
Les usages des stablecoins sont « limités »
Mais pour Carstens, les applications des stablecoins demeurent « limitées ». Pas d’inquiétude donc des banquiers centraux. En raison de ces usages restreints, « je ne vois pas de défi (…) à l’argent souverain provenant de ces monnaies » privées, considère-t-il.
Ces propos rappellent directement ceux du patron de la Fed, Jerome Powell : « Les stablecoins peuvent avoir un rôle à jouer avec une réglementation appropriée, mais ce rôle ne sera pas de former la base d’un nouveau système monétaire mondial. »
Pas une menace pour les États, les cryptomonnaies n’en doivent pas moins être régulées pour ces dirigeants. Ce discours pourrait bien se concrétiser. La Deutsche Bank table sur une régulation des crypto-actifs dès la fin 2021 ou le début 2022.
Dans une interview à Yahoo Finance, le fondateur du fonds spéculatif Bridgewater Associates (150 milliards de dollars), déclare même probable une interdiction du Bitcoin aux États-Unis. Cette politique répliquerait celle appliquée à l’or dans les années 1930.