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L’ombre d’un DOT : le stablecoin aUSD perd sa parité

a usd
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Alors que la poussière retombe à peine sur les ruines fumantes de l’UST, voilà qu’un stablecoin de l’écosystème Polkadot (DOT), pourtant prometteur, perd à son tour sa parité face au dollar. Une faille dans le protocole d’échange décentralisé Acala Network semble en être à l’origine. Voici les clés pour comprendre cet évènement qui sème le doute sur l’écosystème Polkadot (DOT).

1,28 milliards de jetons aUSD créés en quelques heures

L’équipe Acala a admis rapidement que l’attaquant avait mis à profit une mauvaise configuration de son protocole de finance décentralisée (DeFi) Acala Network. Il aurait donc connecté un portefeuille Ethereum au protocole, préalablement alimenté en iBTC, un token Ethereum mineur qui n’a rien à voir avec Bitcoin.

Il s’en serait ensuite servi pour apporter ses actifs au pool de liquidités iBTC/aUSD vulnérable. Par un défaut de réglage dont il a eu connaissance, l’attaquant a donc eu le temps de générer 1,28 milliards d’aUSD sans apporter aucun actif en garantie, avant que le protocole ne gèle son adresse.

C’est 0x qui, le premier, a alerté les internautes sur l’attaque :

Il précise aussi via des données on-chain que c’est à partir de jetons achetés sur Binance que l’attaquant aurait préalablement alimenté son portefeuille :

cryptonaute twitter

Comment l’aUSD a-t-il perdu sa parité ?

Le stablecoin aUSD tire l’essentiel de ses volumes d’échange de la plateforme chinoise KuCoin, seule plateforme de référence sur laquelle il était coté depuis le 10 mai dernier.

Ainsi lorsqu’une partie des nouveaux aUSD non collatéralisés est arrivée sur le marché, la première conséquence a été une surliquidité massive. Sur le graphique de 30 mn ci-dessous, on voit que l’aUSD est tombé jusqu’à 0,04 dollar, soit une perte de valeur de quasiment 99%. Il est cependant revenu au-dessus de 0,80 dollar à l’heure où nous écrivons ces lignes :

Un flash-krach sur l’aUSD (données KuCoin sur TradingView)

On peut supposer qu’à la suite de la chute brusque du cours de l’aUSD, l’algorithme sous-jacent a enclenché la vente des actifs en collatéral (ACA, ETH, DOT, autres stablecoins) pour tenter de rétablir l’ancrage avec le dollar.

Les volumes vendeurs sur l’Acala (ACA), la cryptomonnaie du protocole Acala Nnetwork, ont par conséquent bondi sur KuCoin, comme on le voit sur l’image ci-dessous. Les ventes se poursuivent à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais à un rythme moins effréné :

Ventes massives d’Acala en réaction au depeg de l’aUSD

Comme l’aUSD ne jouissait pas d’une capitalisation importante et d’un volume d’échanges assez limité (200 millions quotidiens), la vente des actifs collatéraux n’a pas produit un effet significatif sur l’ETH et les autres stablecoins. Ce qui n’était pas le cas de l’UST, qui rappelons-le, capitalisait à 14 milliards de dollars avant sa chute.

Le protocole Acala Network a été mis en pause et les fonds rapidement gelés

Parallèlement à la vente de ses collatéraux, le protocole Acala a rapidement été suspendu par l’équipe. On peut également lire sur le compte Twitter de l’équipe que 99% des aUSD frappés ont été bloqués sur le réseau d’Acala et son protocole Honzon. L’attaquant n’a eu le temps d’échanger que 1% de ses aUSD (10 millions de dollars, tout de même) contre des ACA.

Le stablecoin aUSD est rappelons-le un stablecoin algorithmique. Chaque jeton aUSD émis sur le marché est adossé à un certain volume en cryptomonnaies afin de garantir sa stabilité par rapport au dollar américain.

Tout ceci est géré par le protocole Honzon, une sorte de robot dynamique qui maintient des positions de dette garantie (CDP – Collateralized Debt Positions). Sur le papier, ce modèle n’est pas sans rappeler le mécanisme à l’œuvre chez le stablecoin DAI émis par MakerDAO, poids lourd du réseau Ethereum.

Les déposants ne peuvent retirer leurs actifs tant que la dette existe, et les CDP sont structurés de telle sorte que chaque aUSD créé à chaque nouveau CDP soit sur-collatéralisé – autrement dit, que la valeur des garanties soit toujours supérieure à celle des aUSD émis.

Dans les faits, chaque aUSD est garanti par des DOT, des ETH et des BTC, puis de l’ACA et d’autres stablecoins.

La fin des stablecoins algorithmiques ?

Il est peut-être nécessaire de revenir sur les différences qui existent parmi les stablecoins, que ce soit par rapport à l’actif auquel ils sont adossés ou la manière dont ils sont gérés (centralisés/décentralisés).

On peut les diviser en trois familles.

La première est celle des stablecoins garantis en actifs traditionnels. Ce sont des stablecoins qui sont adossés au dollar ou à l’euro, et garantis par des Bons du Trésor américain ou européen, conservés dans des banques. Ce sont les plus utilisés et visiblement les plus solides. On y trouve l’USDT de Tether (67 Mds $ de capitalisation) et son concurrent l’USDC de Circle (53 Mds $).

La deuxième est celle des stablecoins garantis par des cryptomonnaies. Le DAI, lancé en 2017 par la Maker Foundation, est le plus représentatif de cette catégorie. Sa valeur est adossée à un collatéral de cryptomonnaies détenus par la DAO : ETH, autres stablecoins, … Ces actifs sont achetés ou vendus automatiquement en fonction de l’évolution de leurs cours, de manière à ce qu’un DAI se maintienne à 1 USD.

La troisième est celle des stablecoins algorithmiques. Ce sont les plus complexes. A la manœuvre, il y a donc un algorithme qui équilibre divers actifs déposés sur plusieurs contrats intelligents (smart contracts). Le défunt Terra USD (14 Mds $ à son pic) fait partie cette famille. L’aUSD aussi.


La cryptosphère a donc rapidement réagi en pointant du doigt plusieurs autres stablecoins algorithmiques présentant des risques similaires à ceux de l’aUSD : le NeutrinoUSD (USDN) émis sur la blockchain Waves ainsi que l’USDD de l’écosystème TRON. Plus d’informations dans notre article consacré aux stablecoins.

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Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Biographie

Romaric est journaliste pour Cryptonaute. Après un passage en faculté de lettres modernes, il s’oriente dans un domaine tout à fait différent, tout en gardant l’œil rivé sur les crypto et l’actualité de l’époque. Il investit alors dans son premier actif numérique : le bitcoin (BTC).

Majoritairement intéressé par Bitcoin, il s’est diversifié plus tard en se penchant également sur le web3, les NFT, les crypto-monnaies et la FinTech. Investisseur aguerri, il est capable d'orienter son entourage et ses lecteurs. Son expérience au sein de l’écosystème crypto et sur la blockchain lui permettent de proposer une actualité précise et experte à ses lecteurs, tout en gardant un recul et une objectivité indispensable à son activité.

Romaric se rend régulièrement en conférence ou à divers événements crypto dans toute l'Europe, notamment aux conférences Bitcoin, au Zebu Live ou aux événements relatifs à la blockchain. Fasciné par ce secteur en plein développement, il aime découvrir de nouveaux projets, apprécie l’innovation, et se laisse porter par son enthousiasme et sa curiosité.

Expertise

  • Bitcoin
  • Cybersécurité
  • Régulation cryptos

Accomplissements

  • Révélé un cas rare de cyberfraude
  • Rencontre avec de nombreux innovateurs de l’industrie
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Éducation

  • Université Polytechnique des Hauts-de-France

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  • Carte de presse FIJ n°1385
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