La société privée Real Vision dispose aujourd’hui d’un capital en Bitcoin. Son dirigeant, Raoul Pal, fait savoir que cet investissement remonte à 3 mois et représente 10% des liquidités de l’entreprise.
Placer sa trésorerie en Bitcoin plutôt que dans d’autres actifs, la pratique n’est pas encore courante. Plusieurs multinationales sautent le pas, à l’image de MicroStrategy ou Square. Au total, ces entreprises détiendraient 243.000 bitcoins, soit l’équivalent de 4,5 milliards de dollars.
L’entreprise Real Vision rejoint les rangs, sans pouvoir se comparer à des acteurs comme Square en termes de taille. Néanmoins, et ce depuis 3 mois, 10% de ses liquidités prennent la forme de Bitcoin. C’est son PDG, Raoul Pal, qui l’annonce.
Un risque acceptable même en cas de baisse de 50% de Bitcoin
Patron d’un service de télévision à la demande sur la finance, et notamment les crypto-actifs, cet investissement tient presque de l’évidence. Comme il explique à Decrypt, Pal s’intéresse aux cryptomonnaies depuis 2012.
Pour convertir ainsi ses liquidités, Real Vision faisait appel au service de prêt crypto de BlockFi. L’entreprise propose en outre son Bitcoin sous la forme de prêts, ce qui lui permet de bénéficier d’un rendement annuel de 6%.
« Ce n’est que 10 %. Que pourrait-il arriver de pire ? Bitcoin baisse de 50% et nous perdons 5% de notre trésorerie. Nous sommes une entreprise basée sur l’abonnement. Nous générons des liquidités, donc cela devrait aller. Mais si la valeur est multipliée par 10, cela fait une différence honorable » commente le dirigeant.
Nombre d’entreprises ne sont cependant pas disposées aujourd’hui à prendre ce risque. Pour Pal, le gestionnaire de trésorerie ne peut investir dans la cryptomonnaie sans rassurer au préalable les actionnaires.
Des acteurs financiers de renom pour légitimer les crypto-actifs
Chez MicroStrategy, la décision d’investir dans Bitcoin avait ainsi bénéficié de l’aval des principaux dirigeants. « Ce n’est pas de la spéculation, ni une couverture. C’est une stratégie d’entreprise délibérée pour adopter le standard Bitcoin » assurait son PDG, Michael Saylor.
Mais ce dernier dispose cependant d’un argument financier de poids pour imposer son choix aux actionnaires. Saylor est en effet le premier actionnaire de l’éditeur avec 23,7% des actions, mais 72% des droits de vote.
Le patron est donc en capacité d’imposer sa conviction à l’égard du Bitcoin. Ce n’est pas le cas des cadres et directeurs financiers de bon nombre d’entreprises. Pour convaincre, les crypto-actifs ont besoin de la légitimité apportée par des acteurs de la finance traditionnelle.
« Il a besoin d’un papier écrit par une banque d’investissement ou par quelqu’un de crédible qui affirme qu’il s’agit d’un très bon actif de diversification qui ajoute une valeur globale à votre portefeuille. Dès que ce type de recherche sera publié – et il y en a déjà une partie – cela changera complètement la donne » argue Raoul Pal.
Real Vision ne précise pas la valeur globale de son investissement en Bitcoin. L’entreprise acquérait la cryptomonnaie au début du bull run pour un prix avoisinant les 12.000 dollars. Avec un Bitcoin au-dessus de 19.000 dollars, elle réalise à ce jour une plus-value de 60%.