Avant la passation de pouvoir, le Trésor US pourrait hâtivement adopter une loi affectant les actifs détenus sur des wallets en self-custody. Officiellement, il s’agirait ainsi de lutter contre les usages illégaux de cryptomonnaie.
Voilà une perspective qui promet de rencontrer une très vive opposition. Alors que l’administration Trump devra céder sa place en janvier prochain, le secrétaire au Trésor entendrait néanmoins profiter de ce sursis.
A quelques semaines de la fin de ses fonctions, Steven Mnuchin pousserait ainsi en faveur d’une loi venant réguler les portefeuilles électroniques. La législation cible plus précisément les wallets en self-custody, c’est-à-dire détenus directement par les utilisateurs.
Pas de transfert depuis un exchange sans l’identité des destinataires
Officiellement, il s’agirait pour les autorités de lutter contre les transactions illégales, en collectant pour cela des données sur les propriétaires de ces wallets. Une aubaine pour les tenants de la finance centralisée ? Nullement.
« Cette proposition de règlement obligerait, selon nous, les institutions financières comme Coinbase à vérifier le destinataire/propriétaire du portefeuille auto-hébergé, en recueillant des informations d’identification sur cette partie, avant qu’un retrait puisse être envoyé à ce portefeuille auto-hébergé » alerte le PDG de Coinbase, Brian Armstrong.
Un tel scénario fait déjà l’objet d’une vive contestation. Ces règles contraindraient les entreprises du monde crypto à connaître les destinataires des transactions de leurs utilisateurs. Elles devraient dès lors tenir des registres, suivre les mouvements et vérifier les identités avant tout transfert.
Inenvisageable pour le secteur. Une telle politique n’aurait pas seulement des conséquences pour les exchanges et fournisseurs de wallets comme Trezor ou Ledger. Elle sera aussi un coup dur pour des services reposant sur des wallets non-custodial. C’est en particulier le cas de la finance décentralisée (DeFi).
Du KYC pour tout l’univers crypto, argent et biens digitaux
« Ces frictions supplémentaires tueraient de nombreux cas d’utilisation émergents de la crypto. La cryptographie, ce n’est pas seulement de l’argent – elle numérise tous les types de biens » prévient Brian Armstrong.
Et ces inquiétudes doivent être prises au sérieux d’après le spécialiste blockchain d’Ouroboros LLP, Jacob Farber. « Imposer une obligation KYC sur les transactions on/off ramps et chaque portefeuille qui effectue des transactions étend de manière exponentielle la portée de la réglementation sur la crypto » souligne-t-il auprès de CoinDesk.
Officiellement, le Trésor américain ne fait aucune annonce en matière de régulation. Simple rumeur alors ? Pour l’industrie crypto, il s’agit en tout cas de tirer la sonnette d’alarme et de mobiliser l’opinion pour prévenir un tel scénario.