Entre soutenir le projet Libra de Facebook et préserver de bonnes relations avec les régulateurs, les grands acteurs du paiement hésitent. Visa, Mastercard, PayPal et Stripe pourraient finalement renoncer à participer au consortium Libra.
Les membres fondateurs du projet Libra de Facebook ont-ils sous-estimé la réaction des autorités de régulation de la finance mondiale ? Plusieurs des partenaires du réseau social réévalueraient actuellement leur participation. Ce n’est pas la première fois cependant.
Visa, Mastercard, PayPal et Stripe sont tous des acteurs mondiaux des paiements. Et à ce titre, ils travaillent étroitement avec les régulateurs. Or, plusieurs grandes institutions mondiales, notamment en Europe, ont exprimé leur défiance à l’égard de Libra.
Prévenir tout conflit avec les régulateurs et exposer leur cœur de métier
Les quatre entreprises de paiement pourraient-elles pâtir d’un passage en force de Facebook, malgré les mises en garde des autorités ? D’après Bloomberg, les 4 géants sont désormais indécis.
Ils pourraient par conséquent renoncer à s’engager formellement dans Libra en tant que membres fondateurs. Et ce, dans le souci de maintenir des bonnes relations avec les régulateurs, dont la BCE en Europe et la Fed aux US. Leurs dirigeants jugent que Facebook a surestimé l’ouverture des autorités à l’égard de sa cryptomonnaie.
Par ailleurs, les sociétés de paiement craignent que le projet ne fasse les frais de la mauvaise image de la firme de Zuckerberg et en particulier de ses écarts passés en matière d’utilisation des données personnelles.
Quoi qu’il en soit, Visa, Mastercard, PayPal et Stripe vont devoir rapidement trancher. Selon des sources, la Libra Association demandera plus tard ce mois-ci à ses 28 fondateurs de réaffirmer leur engagement.
Adhésion formelle à Libra en octobre, mais sans paiement
Facebook, de son côté, a manifestement conscience des dissensions possibles dans les rangs. Sur Twitter, le responsable de Calibra (le portefeuille officiel de Libra), David Marcus, souligne que construire une nouvelle monnaie mondiale est « difficile » et « demande du courage. »
Le cadre dirigeant nie cependant avoir connaissance d’un possible renoncement de certains membres. Marcus annonce que l’engagement des premiers partenaires sera formalisé dans les prochaines semaines.
Et sans doute dans le souci d’apaiser quelques tensions, les entreprises rejoignant Libra n’auront pas immédiatement à s’acquitter de leur contribution initiale de 10 millions de dollars, rapporte Bloomberg. L’opportunité pour les membres de s’engager progressivement tout en mesurant la réaction des autorités de régulation.
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Romaric Saint Aubert
Journaliste
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