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Magazine : Entre mythes et idées reçues, quelles sont les vérités sur les cryptomonnaies?

Charles Ledoux
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Les cryptomonnaies font objet de nombreuses critiques car elles sont souvent assimilées comme étant des actifs permettant de financer ou de supporter des activités illicites. Au début de la dernière décennie, elles ont été surtout épinglées aux côtés des pratiques malicieuses du dark web qui envahissait le monde informatique.  Jusqu’à présent, les cryptomonnaies ne sont pas encore les bienvenues auprès de nombreuses autorités politiques et même des organismes transnationaux. C’est la résultante à toute une série de mensonges et de fausses informations sur ces actifs numériques ou peut-être la peur de voir ces actifs provoquer un chambardement total du système actuel.

Entre mythes, mensonges et idées reçues, quelles sont les vérités sur les cryptomonnaies?

1- Les cryptomonnaies sont largement utilisées pour financer des activités illégales 

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait déclaré que le Bitcoin était inefficace et utilisé dans des activités illicites. Elle a précisé  : « Je ne pense pas que le Bitcoin soit largement utilisé comme mécanisme de transactions dans la mesure où il est utilisé, et je le crains, souvent pour le financement illicite. »

Une autre grande figure de la finance mondiale, la française et présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde avait aussi lâché se référant au bitcoin:

Il s’agit d’un actif hautement spéculatif qui a mené de drôles d’affaires et des activités de blanchiment d’argent intéressantes et totalement répréhensibles

Elles ne sont pas les seules à avoir cette idée négative des cryptomonnaies. Le Fonds Monétaire International (FMI) a publié une note au cours de cette année en rappelant que les cryptomonnaies serait une menace pour la stabilité financière en mettant accent sur les risques de fraude et de blanchiment d’argent.

Les vérités:

Selon un rapport de Chain Analysis publié en 2021, les transactions illégales sur les cryptomonnaies s’élevaient uniquement à 0,34% pour l’année 2020 soit un total de 10 milliards de dollars. Elles ont nettement baissé par rapport à l’année 2019 où elles représentaient 2,1% du volume total des transactions en 2019 soit un montant de 21,4 milliards de dollars.

Il importe de préciser que parmi ces transactions illégales, la majorité proviennent des arnaques (scams) et des pyramides de Ponzi. Il ne s’agit pas de blanchiment d’argent, de terrorisme, de trafic ou d’autres activités illégales. Dans le rapport de Chain Analysis, on  a trouvé qu’en 2019, les transactions provenant d’arnaques étaient estimées à 54% du total. Cette tendance s’est aussi maintenue au cours de l’année 2020 (voir le graphique).

Si l’on venait à comparer les activités illégales payées en cryptomonnaies aux monnaies fiat, la différence est large. Selon l’ONU,  près de 2 à 5 % du PIB mondial (1,6 à 4 000 milliards de dollars) sont liés chaque année au blanchiment d’argent et aux activités illicites. Un rapport de la compagnie SWIFT publié a mis au clair cette comparaison. L’entreprise écrit dans le rapport:

les cas de blanchiment par le biais de cryptomonnaies  restent relativement faibles par rapport aux volumes d’argent liquide blanchis par les méthodes traditionnelles

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Vitesse de transaction par seconde limitée 

Outre leur éventuelle utilisation dans des activités illégales, les cryptomonnaies sont plutôt critiquées pour leur vitesse de transactions qui est jugée…limitée.
Le Bitcoin, l’une des plus fameuses crypto-monnaies, ne peut effectuer que 6 ou 7 transactions par seconde. En effet, vue la taille de bloc du Bitcoin, les transactions ne peuvent aller au-delà de 7. La blockchain de l’ether est capable d’effectuer 14 transactions à la seconde.

Vérités:

Originalement, le réseau BTC ne permet pas d’effectuer beaucoup trop de transactions mais il existe une technologie sur le marché lancée depuis 2018 qui permet de résoudre ce problème. Le réseau Lightning  est une solution évolutive construite au-dessus de Bitcoin qui permet aux utilisateurs d’envoyer et de recevoir rapidement des BTC sans pratiquement aucun frais.

Lightning est considéré comme une solution hors chaîne, de niveau 2, ce qui signifie que les transferts sont effectués via un nouveau réseau de canaux de paiement ancré dans la blockchain de Bitcoin. Dernièrement, le président du Salvador a déclaré que Chivo wallet où la technologie Lightning est implantée a permis aux salvadoriens de réaliser 60 000 transactions par seconde. Certains wallets peuvent même aller jusqu’à 1 million de transactions par seconde.

Pour ce qui concerne l’Ethereum, la migration du réseau au PoS va améliorer nettement l’évolutivité de la cryptomonnaie. Rappelons qu’il existe d’autres cryptomonnaies dont leur réseau principal leur permettent de d’effectuer un bon nombre de transactions par seconde

  •  L’Algorand peut supporter  plus de 1000 transactions à la seconde.
  • L’Elrond est une jeune crypto-monnaie qui nous vient de Roumanie. Elle est capable de générer 10000 transactions à la seconde.
  • EOS comptabilise un TPS de 3000
  • Le réseau NEO a une évolutivité qui permet de générer 1000 transactions par seconde
  • Le réseau VeChain,  la cryptomonnaie de gestion des chaînes d’approvisionnement avoisine 10 000 transactions par seconde
  • Le Ripple (XRP) permet de faire environ 15 000 transactions à la seconde
  • Et finalement, il y a le Solana qui étonne grandement par ses délais de traitement incroyablement courts! La cryptomonnaie, considérée comme une potentielle rivale de l’Ethereum, est capable de générer 60 000 transactions à seconde !!

3- Transactions en Bitcoin difficilement traçables

Les détracteurs du bitcoin et des cryptomonnaies accusent les cryptomonnaies d’être un moyen paiement difficilement traçable. L’argument phare utilisé par ces derniers: l’anonymat. Ils s’appuient sur le fait qu’il est impossible de revenir aux personnes derrière les adresses. Ils disent c’est pourquoi les hackers aiment être payés en cryptomonnaies.

Avant de venir aux vérités sur la traçabilité des transactions en cryptomonnaies, il est bon de souligner que même si les activités de ransomware ont augmenté de 311% en 2020 par rapport à 2019 mais le montant total des fonds demandés est assez faible comparé aux autres méthodes de transactions illégales en cryptos selon le rapport de Chain Analysis. Le ransomware ne totalise qu’uniquement 350 millions de dollars sur l’année 2020  tandis les arnaques (scams) comptent s’élèvent à 2,6 milliards de dollars.

Verités: 

Dans son rapport intitulé, “An Analysis of Bitcoin’s Use in Illicit Finance” de concert avec Josh Kirshner et Thomas Schoenberger, l’ancien directeur de la CIA, Michael Morell a rapporté qu’un cadre de CFTC avait déclaré :

Il est plus facile pour les services répressifs de retracer une activité illicite à l’aide de bitcoins que de retracer une activité illicite transfrontalière à l’aide de transactions bancaires traditionnelles, et beaucoup plus facile que les transactions en espèces.

En février 2021, l’ancien secrétaire adjoint au Trésor pour le financement du terrorisme et les crimes financiers, Daniel Glaser, a déclaré qu’en matière de transparence du système financier international « Les crypto-monnaies offrent, de certaines manières, des opportunités améliorées aux organismes chargés de l’application de la loi d’être en mesure de retracer les transactions ».

Morell rapporte dans son rapport qu’un autre expert lui a confié: “Si tous les criminels utilisaient la blockchain, nous pourrions éradiquer les activités financières illicites.” L’expert explique sa position avec une métaphore qui résume la situation.

Je vous paie 2 000 $ dans une ruelle sombre, qui sont les témoins de cette transaction ? Juste vous et [moi], non ? Avec les crypto-monnaies… le monde entier pourrait être le témoin.

Il parle sûrement de la blockchain, la technologie derrière les cryptomonnaies qui permettent d’avoir accès à l’ensemble des transactions qui sont effectuées sur le réseau. Une fois qu’une transaction est réalisée, elle est enregistrée automatiquement et ne peut être jamais retirée dans le bloc. Tous les utilisateurs peuvent y accéder facilement.

Sans entrer dans les détails techniques, la Blockchain est une base de données partagée  transparente et non modifiable. Grâce à ses caractéristiques, il résout les problèmes de confiance et est idéal pour stocker des informations historiques, avec une traçabilité impossible à modifier.

Dans son article intitulé :” Three features of blockchain that help prevent fraud ” publié en 2017, IBM relève les trois caractéristiques de la blockchain qui pourront aider les organismes étatiques à prévenir les fraudes et les transactions illicites. D’abord, la blockchain est distribuée. L’entreprise souligne le fait que cette technologie n’est pas centralisée et que son contrôle est réparti à l’ensemble des contributeurs et participants du réseau. Ensuite, IBM précise que la blockchain est immuable. Cela dit, les transactions ne peuvent être effacées ou modifiées. En dernier lieu, le géant informe relate le fait que les données du grand livre sont disponibles à tous.

4- Les cryptomonnaies consomment beaucoup d’énergie.

La consommation énergétique des cryptomonnaies dépend du type de modèle de consensus utilisée. Un projet qui utilise le modèle de consensus de preuve de travail  (PoW) va nécessairement utiliser beaucoup d’énergies car pour valider une transaction ou miner des jetons, il faudrait aux mineurs une machine ou plusieurs machines avec une vitesse de calcul assez élevée pour résoudre des équations assez complexes.

Le Bitcoin, l’Ethereum et quelques autres cryptomonnaies utilisent le modèle de gouvernance PoW. La question énergétique pose pas mal de problèmes car sa consommation d’énergies est jugée trop élevée et dépasse celle de nombreux pays. Selon , CBECI, l’indicateur le plus utilisé pour évaluer le “Carbon Footprint” du bitcoin, les dépenses énergétiques sont estimées à 118,79 Twh au moment d’écrire cet article.

La Chine s’est servi de l’argument climatique pour chasser les mineurs sur son territoire. L’histoire nous a finalement montré que ce n’était qu’un prétexte car au cours du mois de septembre a décidé de bannir totalement toute activité ayant rapport aux cryptomonnaies sur son territoire. Peu de temps après, les autorités ont lancé le Yuan numérique. Quelle surprise!

Verités : 

Selon le CBECI, près de 39% des énergies dans l’écosystème de la crypto proviennent de sources renouvelables. Ce qui représenterait 37,05 TWh d’énergies vertes utilisées par le bitcoin. Donc, un minimum de 1 099 587 799 gallons de gaz verts émis à cette date.

Galaxy Digital Research a publié un rapport cette année. Il a révélé que le système bancaire consomme deux fois plus d’énergie que le Bitcoin. La proportion est similaire pour l’or car le metal consomme 240,61 TWh cette année.

De nombreux organismes travaillent pour fournir un écosystème de minage bitcoin beaucoup plus vert. Talen Energy Corporation avait annoncé la création d’une coentreprise d’extraction de bitcoins sans émission de carbone avec TeraWulf Inc.

De même, les développeurs de la deuxième crypto-monnaie mondiale, l’ether, ont pour objectif à court terme de faire baisser sa consommation d’énergie de 99 % en basculant d’une blockchain basée sur une preuve de travail à une preuve d’enjeu.
« Les jours gourmands en énergie d’Ethereum sont comptés, et j’espère que c’est également vrai pour le reste de l’industrie », a déclaré Carl Beekhuizen, le responsable de la recherche et développement.

 

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Charles Ledoux

Charles Ledoux

Charles Ledoux est un rédacteur pour Cryptonaute avec une expertise pour les crypto-monnaies et la technologie blockchain. Grâce à sa formation dans la « Crypto-Academy » du célèbre YouTubeur Pompliano, il a pu passer un mois à se former avec les meilleurs spécialistes de l’industrie des crypto-monnaies. C’est en observant des similitudes frappantes entre la permaculture et la technologie du Bitcoin qu’il a réussi à avoir une perspective et une expertise rare sur la technologie et son fonctionnement.

Après avoir écrit son premier livre à 10 ans et plusieurs autres ouvrages depuis, Charles met désormais en pratique son talent d’écrivain pour apporter le meilleur contenu possible aux lecteurs de Cryptonaute. Après avoir rencontré des dizaines d’acteurs majeurs de l’industrie et s’être créé un réseau de centaines de builders web 3, il apportera de nombreux contenus originaux comme des interviews, ou encore des enquêtes exclusives. En plus de son expertise technique sur la technologie blockchain, Charles permettra aux lecteurs d’être au “cœur” de l’industrie crypto.

Déterminé à créer le meilleur contenu possible, il a également le souhait de relayer des informations exclusives qui apportent de la véritable valeur ajoutée à l’industrie florissante des médias crypto.

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