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Nexo : la plateforme de lending quitte les Etats-Unis, lassée par une impasse réglementaire

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La plateforme de lending Nexo, basée au Royaume-Uni, a annoncé hier se retirer des Etats-Unis. Son produit phare, “Earn Interest”, ne sera bientôt plus accessible aux américains, la faute à “un manque de clarté réglementaire”.

Fin de l’aventure américaine pour Nexo

L’aventure américaine n’aura pas été de tout repos pour la plateforme de lending Nexo. Arrivée sur la pointe des pieds début 2021, la plateforme d’origine suisse mais installée au Royaume-Uni était rapidement devenue l’une des plus importantes plateformes de prêts en crypto outre-Atlantique. Et cela, aux côtés des défuntes plateformes Celsius et BlockFi.

Dès la mi-2021, l’équipe s’est retrouvée dans le collimateur des régulateurs américains. Le 18 octobre 2021, la procureure générale de New York, Letitia James, interdisait officiellement à la plateforme d’exercer dans son État. Un an plus tard, ce fut au tour de sept autres régulateurs d’Etats d’attaquer Nexo en justice pour son produit phare Earn Interest.

Celui-ci proposait aux déposant des intérêts sur leurs cryptomonnaies et leurs NFT, leur versant jusqu’à 35% par an. Un produit considéré comme un “titre de la plateforme” par le Département de la protection financière et de l’innovation (DFPI) de Californie.

Entretemps, Nexo avait pourtant fait évoluer son produit sur la base des critiques de la SEC. La nouvelle mouture de son produit de placement – baptisée Earn Interest 2.0 – proposait des rendements moins juteux, mais toujours intéressants pour les nouveaux clients. Nexo avait même pris une participation minoritaire dans une banque régulée, la Summit National Bank, pour montrer sa volonté d’opérer selon des directives bancaires.

Letitia James, procureure générale de l’Etat de New York, s’exprimant devant un parterre de journalistes le 8 septembre dernier – Reuters (c)
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Un retrait progressif des produits de placement en crypto et NFT

Lassée de ce harcèlement réglementaire, la société a donc décidé de jeter l’éponge. Dans son communiqué publié dans la soirée, elle annonce que la clôture de ses produits aux résidents américains se fera de manière progressive et ordonnée. Le communiqué a rapidement été suivi d’un thread Twitter dans lequel l’équipe détaille les modalités de liquidation des comptes existants.

“Aujourd’hui, nous annonçons la décision regrettable mais nécessaire selon laquelle Nexo supprimera progressivement ses produits et services aux États-Unis de manière progressive et ordonnée au cours des prochains mois (…) Notre décision intervient après plus de 18 mois de dialogue de bonne foi avec les régulateurs étatiques et fédéraux américains qui sont arrivés à une impasse.”

Nexo explique s’être pourtant engagé dans des efforts importants pour fournir les informations demandées, allant jusqu’à modifier ses produits et les rendant de facto moins attractifs pour les déposants. Le communiqué se montre particulièrement amer quant aux positions incohérentes et changeantes des régulateurs étatiques :

“Il est maintenant malheureusement clair pour nous que malgré la rhétorique du contraire, les États-Unis refusent de fournir une voie à suivre pour permettre aux entreprises de la blockchain et nous ne pouvons pas donner à nos clients l’assurance que les régulateurs se concentrent sur leurs meilleurs intérêts.”

Placer ses cryptos contre intérêts journaliers sur Nexo – Nexo (c)

Absence de licence, token NEXO … quels sont les griefs réglementaires contre Nexo ?

L’absence de licence réglementaire

Le principal fait reproché à Nexo est que la plateforme ne possèderait pas l’agrément nécessaire pour proposer Earn Interest au marché américain. En effet, pour proposer un produit rémunérant un placement, il faudrait a minima un agrément d’établissement de monnaie électronique (comme Aave), voire d’établissement bancaire.

Coinbase prévoyait d’offrir un produit similaire à ses clients américains, mais avait finalement fait marche arrière après avoir reçu une mise en demeure de la Securities and Exchange Commission (SEC). Quant à la défunte plateforme BlockFi, elle avait dû accepter de régler une amende de 100 millions de dollars pour les mêmes raisons – 50 millions à la SEC et 50 millions à 32 Etats – plutôt que de risquer le démantèlement.

Le token NEXO

Le deuxième problème tient à la nature des réserves de Nexo. Dans sa plainte, l’Etat du Kentucky s’interroge ouvertement sur les mécanismes de prêt et d’emprunt de Nexo. En tant que plateforme de lending, il est possible de déposer des fonds en collatéral chez Nexo afin d’emprunter des actifs tels que des stablecoins.

Or les avocats du régulateur étatique mettent en doute la trésorerie de Nexo, qui selon eux ne reposerait en grande partie que sur le token NEXO. Un mécanisme qui n’est pas sans rappeler le jeton CEL de Celsius (voir notre enquête : Est-ce que Celsius était un Ponzi ?)… On peut lire dans le document de plainte :

“À ce jour, Nexo a fourni des informations insuffisantes pour justifier de la solvabilité revendiquée, compte tenu des récentes fluctuations du marché, des faillites subies par des sociétés de cryptomonnaies concurrentes et le fait que la majeure partie des fonds propres de Nexo Capital soit représentée par son token propriétaire, dont la valeur est questionnable.”

Effectivement, l’argument ne manque pas de pertinence quand on consulte le top 5 des adresses détenant le plus de tokens NEXO sur l’explorateur de blockchain Etherscan.io :

Top 5 des adresses détenant des tokens NEXO – etherscan.io (c)

On mettra de côté les adresses n°2 et n°4 étiquetées “Null Adress”, qui ne sont théoriquement contrôlées par personne et servent à accueillir les tokens NEXO retirés de la circulation (burn). Ceux-ci représentent environ 30% de l’offre totale. L’adresse n°5 semble être l’adresse de dépôt des clients de la plateforme, si l’on prend en compte la grande diversité des crypto-actifs détenus par cette adresse.

Quant aux  adresses n°1 et n°3, elles semblent bel et bien appartenir à Nexo. En additionnant les volumes de tokens détenus avec ceux d’autres adresses du top 10 d’Etherscan, on se rend compte que Nexo détient près de 50% de ses propres tokens

Et compte tenu du fait que 30% de l’offre a déjà été retirée de la circulation, Nexo contrôlerait finalement – le conditionnel est de rigueur – 70 % de la liquidité de son token. Un point qui n’a pas échappé à de nombreux détectives de la blockchain, et à l’origine d’un vent de FUD autour du prêteur. Encore plus depuis les épisodes Celsius et FTX, où les  “tokens de plateforme” tiennent un rôle central dans des montages financiers désastreux aux tristes conséquences.


C’est donc pour s’acheter une tranquillité juridique que Nexo s’apprête à plier bagages et quitter les USA. La plateforme de lending ne pourra donc pas reprendre le terrain laissé inoccupé par Celsius et BlockFi après leurs faillites respectives. Elle pourra désormais se recentrer sur l’Europe, où elle a récemment obtenu un agrément pour opérer en toute légalité en Italie.

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Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Biographie

Romaric est journaliste pour Cryptonaute. Après un passage en faculté de lettres modernes, il s’oriente dans un domaine tout à fait différent, tout en gardant l’œil rivé sur les crypto et l’actualité de l’époque. Il investit alors dans son premier actif numérique : le bitcoin (BTC).

Majoritairement intéressé par Bitcoin, il s’est diversifié plus tard en se penchant également sur le web3, les NFT, les crypto-monnaies et la FinTech. Investisseur aguerri, il est capable d'orienter son entourage et ses lecteurs. Son expérience au sein de l’écosystème crypto et sur la blockchain lui permettent de proposer une actualité précise et experte à ses lecteurs, tout en gardant un recul et une objectivité indispensable à son activité.

Romaric se rend régulièrement en conférence ou à divers événements crypto dans toute l'Europe, notamment aux conférences Bitcoin, au Zebu Live ou aux événements relatifs à la blockchain. Fasciné par ce secteur en plein développement, il aime découvrir de nouveaux projets, apprécie l’innovation, et se laisse porter par son enthousiasme et sa curiosité.

Expertise

  • Bitcoin
  • Cybersécurité
  • Régulation cryptos

Accomplissements

  • Révélé un cas rare de cyberfraude
  • Rencontre avec de nombreux innovateurs de l’industrie
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  • Université Polytechnique des Hauts-de-France

Autres

  • Carte de presse FIJ n°1385
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