
Alors que le gouvernement chinois continue de déployer son yuan numérique à travers le pays, le Nigeria tente de suivre les traces du géant économique asiatique. Les limites fixées par la Banque centrale du Nigeria s’inscrivent dans le cadre d’une action visant à encourager l’utilisation de la monnaie numérique d’état.
La population nigérienne forcée d’utiliser la CBDC ?
Dans le cadre de sa politique “Nigeria sans espèces“, le Nigeria a réduit drastiquement le montant des retraits d’espèces que les particuliers et les entreprises peuvent effectuer. Ce programme vise à accroitre l’utilisation de l’eNaira, la monnaie numérique de la banque centrale du Nigeria (central bank digital currency ou CBDC en anglais).
Similaires aux crypto-monnaies, les monnaies numériques de banques centrales sont des jetons numériques émis par une banque centrale. Elles sont rattachées à la valeur de la monnaie fiduciaire de ce pays. Beaucoup de pays sont en train de développer leur CBDC, et certains les ont même déjà mises en œuvre (Chine, Nigeria,etc.).
Voici les points importants à retenir pour mieux les CBDC :
- Une monnaie numérique de banque centrale est la forme numérique de la monnaie fiduciaire d’un pays. Les CBDC sont souvent comparés aux stablecoin, mais sont fondamentalement différents ;
- Une CBDC est émise et réglementée par l’autorité monétaire ou la banque centrale d’un pays ;
- Les CBDC favorisent l’inclusion financière et simplifient la mise en œuvre de la politique monétaire et fiscale ;
- En tant que forme de monnaie centralisée, elles peuvent ne pas anonymiser les transactions comme le font certaines crypto-monnaies ;
- De nombreux pays étudient comment les CBDC affecteront leurs économies, les réseaux financiers existants et leur stabilité ;
- Une CBDC fournit également à la banque centrale d’un pays les moyens de mettre en œuvre sa politique pour assurer la stabilité, contrôler la croissance et influencer l’inflation.
La Banque centrale du Nigeria a émis cette directive à l’intention des entreprises financières ce décembre 2022. Elle annonce que les particuliers et les entreprises seraient désormais limités aux retraits de 45 dollars (20 000 nairas nigérians) par jour et de 225 dollars (100 000 nairas) par semaine aux guichets automatiques.
Ces derniers seront également limités à des retraits dans les banques de 225 $ (100 000 nairas) et de 1 125 $ (500 000 nairas). Les particuliers étant déja soumis à des frais de 5 % et les entreprises à des frais de 10 % pour les montants dépassant ces limites.
Le montant maximal des retraits d’espèces via les terminaux de point de vente sera également plafonné à 45 dollars (20 000 nairas) par jour. À l’annonce de ces changements, le directeur de la supervision bancaire Haruna Mustafa a déclaré :
Customers should be encouraged to use alternative channels (Internet banking, mobile banking apps, USSD, cards/POS, eNaira, etc.) to conduct their banking transactions.
Les clients doivent être encouragés à utiliser des canaux alternatifs (banque sur Internet, applications de banque mobile, USSD, cartes/POS, eNaira, etc.) pour effectuer leurs transactions bancaires.
Les limites sont des limites cumulatives pour chaque retrait. De la sorte, une personne retirant 45 dollars à un distributeur automatique qui tente ensuite de retirer de l’argent dans une banque le même jour se verrait imposer des frais de service de 5 %.
Avant cette annonce, les limites précédentes des retraits d’espèces quotidiens étaient de 338 dollars (150 000 nairas) pour les particuliers et de 1 128 dollars (500 000 nairas) pour les entreprises.
Échec de la Banque centrale et de son CBDC
Le taux d’adoption de l’eNaira a été faible depuis son lancement, le 25 octobre 2021. Comme le rapportait Cointelegraph le 26 octobre, la Banque centrale du Nigeria a eu du mal à convaincre ses citoyens d’utiliser la CBDC. Moins de 0,5 % de la population avait déclaré avoir utilisé l’eNaira au 25 octobre, soit un an après son lancement.
Suggérant que l’abandon de l’argent physique rendrait son système de paiement plus efficace, le Nigeria avait mis en place sa politique “cash-less” en 2012. Le pays d’Afrique pensait également réduire le coût de ses services bancaires et améliorer l’efficacité de sa politique monétaire.
Le 26 octobre 2022, le gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Godwin Emefiele, a indiqué que 85 % des nairas en circulation étaient détenus en dehors des banques. Par conséquent, la banque centrale allait réémettre de nouveaux billets afin de favoriser le passage aux paiements numériques.
Selon ce suivi du groupe américain Atlantic Council, le Nigeria est l’un des 11 pays à avoir pleinement déployé une CBDC. Quinze autres pays ont lancé des programmes pilotes et l’Inde devrait rejoindre les rangs dans le courant du mois.
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