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Non, le Bitcoin et les cryptos ne sont pas voués à l’échec : 6 leçons tirées de 2022

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Presque huit mois après l’effondrement de l’écosystème Terra (LUNA), la galaxie crypto a de nouveau tangué. A l’origine de ce nouveau séisme, la plateforme FTX, qui a annoncé sa faillite le 11 novembre, gelant les retraits pour plus de 1 million de clients. Dans sa chute rocambolesque, la deuxième plateforme du marché a entraîné avec elle plusieurs autres acteurs, à commencer par BlockFi. Mais la purge en cours pourrait néanmoins se révéler bénéfique pour l’écosystème à long terme.

Au milieu du bruit ambiant et de cette ambiance très fin de règne, voici six raisons de ne pas renoncer aux cryptomonnaies.

1 – Les promesses de rendements trop alléchants ne durent jamais

Celsius offrait des rendements dépassant les 20%. Anchor, principal protocole de DeFi de l’écosystème Terra, proposait jusqu’à 20% de rémunération sur les dépôts en UST. Très tôt, beaucoup d’analystes blockchain avaient émis des doutes, tantôt balayés à coup d’arguments techniques nébuleux, tantôt étiquetés comme du “FUD” (rumeurs alarmistes, ndlr) par les crypto-optimistes. La suite, nous la connaissons.

Dans un cycle haussier, tous les projets profitent de la hausse des cours pour aller chercher le maximum de clients, puisque c’est à ce moment-là que l’écosystème crypto intéresse le plus d’investisseurs. Une mécanique extrêmement perverse pour les plus conservateurs, car assumer de proposer des rendements moins élevés que les autres, c’est prendre le risque d’être moins attractif. Autrement dit, ne pas croître aussi vite que la concurrence et laisser la place aux autres …

Il est donc facile pour les projets DeFi de justifier une prise de risque de plus en plus grande. On l’a vu avec l’écosystème Terra qui a accumulé plus de 14 milliards en 6 mois sur son stablecoin UST : de nombreux acteurs sont allés trop vite, trop haut avec une gestion de risque soit inadéquate, soit carrément inexistante. Idem pour les plateformes, à commencer par les plus récentes (telles que FTX) qui n’ont jamais fait l’expérience d’un bear market.

Des risques qui semblaient jusqu’ici assez théoriques et nébuleux pour certains sont devenus brutalement la réalité. Ce qui confirme qu’il est peut-être désormais préférable de faire confiance aux acteurs les plus expérimentés, à l’image de Coinbase, Binance et eToro. Mieux : il est devenu crucial d’assurer soi-même la garde de ses cryptos, avec un portefeuille Ledger par exemple.

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2 – FTX, Celsius, BlockFi, Terra … ne représentent ni la blockchain ni la décentralisation

Terra n’est pas la blockchain, le LUNA n’est pas Bitcoin, l’UST n’est pas vraiment la crypto, et FTX & Alameda sont l’exemple même des dérives financières que la blockchain, avec sa transparence totale et sa décentralisation, essaie d’éviter. Car s’il y a bien une chose que ces 4 épisodes démontrent, c’est à quel point à quel point un tiers de confiance centralisé peut être dangereux.

Les malversations de FTX et d’Alameda Research, le système pyramidal mis en place par Celsius et Do Kwon, ne doivent donc pas remettre en cause l’ensemble des acquis de l’écosystème. Personne n’a remis en question la biotech après l’affaire Theranos, ni les fonds de placement patrimoniaux après l’affaire Madoff, ni encore l’immobilier commercial après les déboires d’Evergrande.

FTX est une histoire de fraude financière, qui révèle beaucoup de choses sur l’écosystème, mais aussi sur les personnes qui s’y intéressent. À commencer par les sociétés de capital-risque (Sequoia Capital, BlackRock), qui n’ont pas fait toutes les “due diligence” et ont accordé une crédibilité réelle à Sam Bankman-Fried. On peine encore à comprendre comment ces sociétés ont pu mettre des centaines de millions de dollars dans une entreprise qui, selon ses liquidateurs, n’avait même pas de service comptable …

Plus que jamais, il faut vraiment faire la part entre les cryptomonnaies et les NFT d’une part, et la technologie blockchain d’autre part. L’adoption des cryptomonnaies est une chose, l’utilisation croissante des registres distribués en entreprise et dans l’économie financière en est une autre. Les cryptos sont par définition spéculatives et focalisent l’attention des médias, tandis que les innovations que la blockchain apporte n’ont pas toute la lumière qu’elles méritent.

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3 – Chaque hiver crypto permet d’assainir l’écosystème

Si l’on prend du recul, ces purges permettent de faire mourir les projets les moins valides. Autrement dit, les projets qui existaient ou survivaient seulement parce que les cours montaient, mais qui n’avaient ni de bases solides, ni des cas d’usage réels. La comparaison de l’hiver crypto avec l’explosion de la bulle Internet a du sens : on est en train d’assister à la naissance de vrais cas d’usages à partir du moment où le marché s’assainit.

Une information qui ne trompe pas : 2022 est une année record en matière d’investissements dans la crypto. Les équipes de Coin Telegraph ont livré il y a quelques jours un rapport sur les investissements des sociétés de capital-risque dans les projets blockchain. Il montre que 36,1 milliards de dollars ont été levés, contre 30,3 milliards l’an passé. Mais la donnée la plus intéressante est la suivante : les projets dits d’infrastructure ont levé le plus d’argent, loin devant le Web3, la DeFi et les NFT.

Traditionnellement, davantage de projets de qualité se développent dans les marchés baissiers. En effet, les capital-risqueurs refusent de financer des projets qu’ils jugent peu sérieux ou peu pertinents dans un contexte économique dégradé. Les seuls qui arrivent encore à trouver des liquidités sont ceux qui ont de vraies bases, du sens et surtout un écho auprès de la communauté.

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4 – La régulation est devenue indispensable avant une plus grande adoption des cryptomonnaies

La lenteur de la SEC face à FTX et à l’effondrement de l’UST a montré qu’une réglementation “à réaction” n’est pas bonne. La justice a tout simplement eu besoin de temps, beaucoup trop de temps, pour comprendre et réunir des preuves. Entretemps, elle a indirectement alimenté le sentiment insupportable que Sam Bankman-Fried pouvait arpenter les médias et les plateaux télé sans être inquiété. Pire, il semblait bénéficier d’une couverture médiatique favorable par des organes de presse tels que le New York Times.

Une large adoption ne se fera donc pas sans un minimum de confiance. La preuve de réserves a connu un regain d’intérêt extraordinaire, mais elle ne dit rien sur les dettes d’une plateforme d’échanges. Le scandale Enron a accouché de la création des normes comptables internationales (IFRS), et la faillite de Lehman Brothers a hâté la signature des accords de Bâle III. Celle de FTX doit aboutir à la mise en place de règles bien plus rigoureuses en matière de fonds propres et de gestion des dépôts des clients.

Binance a embauché le cabinet Mazars car aucun des 4 plus gros cabinets d’audit à l’échelle mondiale (EY, KPMG, PWC et Deloitte) ne voulait travailler avec la plateforme. Il ne vous aura d’ailleurs pas échappé que Mazars a décidé de mettre un terme à son activité d’audit sur les cryptos, laissant Binance avec bien des difficultés face aux rumeurs d’insolvabilité. Pire : après Mazars, ce sont BDO et Armanino qui ont annoncé leur intention de couper les ponts avec l’écosystème crypto.

Sur les marchés traditionnels, 95% des volumes d’échanges viennent des institutionnels. Or ceux-ci n’investissent que si une réglementation claire existe. Cette manne financière n’arrivera sur le marché des cryptomonnaies que lorsqu’un cadre réglementaire crédible comme le MiCA sera pleinement en vigueur.

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5 – Les marchés crypto sont devenus très (trop ?) corrélés aux marchés traditionnels

Si l’on parle beaucoup (et à raison) de l’effondrement de l’UST et du LUNA, l’hiver crypto  a en réalité débuté un peu avant. Il a été initié par l’assèchement des liquidités de la part des banques centrales. Dès février, ceux-ci ont brusquement adopté un biais très restrictif pour lutter contre l’inflation liée au conflit russo-ukrainien.

Ce faisant, ils n’ont pas tardé à provoquer une vague massive de désinvestissement des actifs risqués : actions technologiques et cryptomonnaies. Lorsque les plus gros acteurs ont commencé à revendre leurs positions, le Bitcoin et Ethereum ont commencé leur descente.

Après plusieurs hausses de taux, nous avons enfin assisté fin novembre au “pivot” tant attendu de la Réserve Fédérale US. Ce “pivot” correspond au changement de ton de son gouverneur, Jerome Powell, qui a semblé être satisfait des premiers signes de décrue de l’inflation aux Etats-Unis : l’augmentation de l’indice CPI des prix à la consommation s’est établi dernièrement à 7,1% contre 7,3% attendus en glissement annuel.

Alors que les 4 dernières réunions ont abouti à une hausse de 75 points de base, la dernière réunion des banquiers centraux US (14 décembre) a accouché d’une hausse de 50 points de base des taux directeurs. Les banquiers centraux ont annoncé la possibilité de revenir à une politique de plus en plus accommodante, jusqu’à baisser les taux directeurs début 2024.

Or cela devrait coïncider avec le fameux “halving” du Bitcoin. Cet événement technique se produit tous les 4 ans, et voit les récompenses des mineurs être divisées par 2. Un changement qui a pour effet de réduire de moitié la vitesse d’arrivée des nouveaux BTC sur le marché, alors que la demande reste plus ou moins la même. Il en résulte un phénomène de rareté artificiel, qui contribue à tirer le cours du BTC vers le haut.

Là où cela devient intéressant, c’est que historiquement le marché a toujours atteint le creux du cycle baissier 470 jours avant le “halving”. Si, comme le postule l’analyse technique “l’histoire se répète”, alors nous devrions être pile au au point bas de ce cycle.

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Le prochain halving du Bitcoin aura lieu en mai 2024

6 – L’avenir est à chercher du côté des blockchains de “layer 2”

Bravant l’hiver crypto, les solutions dites de “seconde couche” ont connu une croissance spectaculaire en 2022. Les layer-2 sont des réseaux secondaires des blockchains principales, conçues de manière à traiter un plus grand nombre de transactions. Bitcoin possède désormais Lightning Network et Omni, tandis qu’Ethereum possède Polygon, Arbitrum et Optimism.

Les jeux vidéo (Axie Infinity, Calvaria, Tamadoge), le Trading (dYdX, Uniswap), les Prêts (Synthetix, Curve) … autant d’applications qui reposent aujourd’hui sur les layer 2 pour leur vitesse et leurs coûts de transaction faibles.

Car l’une des raisons pour lesquelles il y a eu une multiplication de projets plus ou moins solides tels que Terra est que les grandes blockchains (Bitcoin et Ethereum) n’ont pas été en mesure de répondre à toute la demande du marché. Débit de transactions limité, frais de gaz ultra-élevés, congestion du réseau. Cela a incité les utilisateurs à se reporter sur les plus petits protocoles moins solides.

Les layer 2 sont selon nous la clé pour bâtir un écosystème plus sain. Lightning Network de Bitcoin revendique la capacité de traiter jusqu’à 1 million de transactions par seconde, Arbitrum près de 40 000. L’avenir du micro-paiement et plus généralement des applications décentralisées (dApps) réside dans ces surcouches de Bitcoin et d’Ethereum.

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Les bonnes nouvelles de 2022 sont à trouver du côté des layer 2

Il y a souvent beaucoup d’exagérations dans les forts mouvements du Bitcoin, qu’ils soient haussiers ou baissiers. Quand les cours montent, les marchés sont euphoriques et font les prédictions les plus folles. Inversement, quand les cours retombent, tout est terminé, tout est mort, les cryptos sont vouées à disparaître. Prenez un peu de recul pour remonter le temps, à la (re)découverte des différents marchés baissiers. 👉🏻 Bitcoin et altcoins : une brève histoire des marchés baissiers.

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Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Romaric Saint Aubert Crypto-journaliste

Biographie

Romaric est journaliste pour Cryptonaute. Après un passage en faculté de lettres modernes, il s’oriente dans un domaine tout à fait différent, tout en gardant l’œil rivé sur les crypto et l’actualité de l’époque. Il investit alors dans son premier actif numérique : le bitcoin (BTC).

Majoritairement intéressé par Bitcoin, il s’est diversifié plus tard en se penchant également sur le web3, les NFT, les crypto-monnaies et la FinTech. Investisseur aguerri, il est capable d'orienter son entourage et ses lecteurs. Son expérience au sein de l’écosystème crypto et sur la blockchain lui permettent de proposer une actualité précise et experte à ses lecteurs, tout en gardant un recul et une objectivité indispensable à son activité.

Romaric se rend régulièrement en conférence ou à divers événements crypto dans toute l'Europe, notamment aux conférences Bitcoin, au Zebu Live ou aux événements relatifs à la blockchain. Fasciné par ce secteur en plein développement, il aime découvrir de nouveaux projets, apprécie l’innovation, et se laisse porter par son enthousiasme et sa curiosité.

Expertise

  • Bitcoin
  • Cybersécurité
  • Régulation cryptos

Accomplissements

  • Révélé un cas rare de cyberfraude
  • Rencontre avec de nombreux innovateurs de l’industrie
  • Participe à la création d’une équipe dédiée de journalistes

Publications

Éducation

  • Université Polytechnique des Hauts-de-France

Autres

  • Carte de presse FIJ n°1385
  • Journaliste indépendant

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