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Après l’analyse, la banque centrale européenne est prête à rapidement entamer une phase politique et de test d’une crypto-monnaie ou CDBC. Mais pour Yves Mersch, du directoire de la BCE, le principal obstacle à franchir est philosophique.
Plusieurs Etats membres de l’UE ont basculé de l’étude à l’expérimentation. C’est le cas par exemple de la Suède. Au niveau de la banque centrale européenne (BCE), ce stade n’est pas encore atteint. Cela ne saurait tarder cependant.
A l’occasion de l’édition en ligne de la conférence Consensus, un cadre de la BCE a fait le point sur l’avancée des travaux dans le secteur des CBDC. Toutefois, pas question de faire cavalier seul en la matière, souligne Yves Mersch, membre du directoire de la banque centrale.
Une CDBC de détail « changerait la donne »
D’autant que cette dernière semble vouloir privilégier une CDBC de détail, à distinguer d’une monnaie numérique de gros. Mersch considère en effet que la seconde catégorie relèverait du « business as usual ».
En comparaison, « une CBDC de détail, accessible à tous, changerait la donne. C’est pourquoi nous nous concentrons désormais sur une monnaie numérique de banque centrale de détail » déclare le représentant de la BCE.
Ce choix marque une différence avec les politiques suivies jusqu’à présent par les banques centrales. Celles-ci privilégient en effet la CDBC de gros, destinée aux échanges entre banques et banques centrales. La raison est simple pour Yves Mersch : les risques pour l’ensemble du système financier.
Mais si la BCE est engagée dans la mise en œuvre d’une telle crypto-monnaie, lancement et adoption dépendent d’autres facteurs. Le membre du directoire rappelle ainsi que les citoyens demeurent très attachés aux espèces en Europe.
Tests imminents d’une crypto-monnaie en Europe
Malgré des exceptions, comme dans le nord du continent, jusqu’à 76% des transactions dans la zone euro sont effectuées en espèces. L’argent liquide représente ainsi plus de la moitié de la valeur totale des paiements.
La précipitation n’est donc pas de rigueur. L’enjeu pour la banque centrale européenne consiste donc à être prêt lorsque la demande des consommateurs s’exprimera. La BCE s’apprête ainsi à basculer de la phase analytique d’exploration de la CBDC à la prise de décisions politiques et au lancement de tests.
Technologiquement, une CDBC nécessiterait pour la BCE le traitement de 300 à 500 millions de comptes, contre environ 10.000 à ce jour. Un tel changement d’échelle ne serait cependant pas un problème selon Yves Mersch.
D’après le représentant de la banque centrale, l’enjeu n’est pas technique. « En théorie, ce n’est pas une contrainte technologique, c’est une contrainte philosophique sur la façon dont vous gérez votre société » avance-t-il.
Que les obstacles soient techniques ou politiques, la BCE doit pour l’instant amorcer les expérimentations. Yves Mersch précise que l’expérimentation, sur la base de différents scénarios, sera initiée au cours des deux prochains mois.
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