Les impatients vont continuer de ronger leur frein. La présidente de la banque centrale européenne, Christine Lagarde, estime que l’émission d’une version numérique de l’euro interviendra dans 2 à 4 années. C’est son intuition.
La banque centrale européenne, la BCE, donnait récemment le ton sur l’urgence, ou non, de lancer une monnaie numérique ou MDBC. Son rapport sur l’euro numérique d’octobre ne tranchait pas. Une décision sur un projet d’émission n’interviendra pas avant 2021.
Et même si les banquiers centraux et les décideurs politiques s’entendent finalement sur l’intérêt d’une CBDC, celle-ci ne débarquera pas de sitôt dans les wallets des citoyens de l’UE. Lors d’une conférence virtuelle avec la Fed et la Banque d’Angleterre, la présidente de la BCE fixe un horizon lointain.
Un euro digital dans 2 à 4 ans selon « l’intuition » de Lagarde
Selon Christine Lagarde, un lancement d’un euro numérique pourrait ainsi intervenir d’ici les 2 à 4 prochaines années. Et ce n’est qu’une hypothèse, non une annonce officielle. « Nous pourrions bien aller dans cette direction » précise en effet la patronne de la BCE.
« Mon intuition est que cela va venir » ajoute-t-elle encore. Une intuition qui est loin d’être isolée, même si le calendrier qui l’accompagne reste lui encore particulièrement vague. Le gouverneur de la banque centrale de Finlande entrevoit ainsi une émission « très probable » lors de la prochaine décennie.
Pourquoi autant de temps et une telle prudence sur ce sujet des monnaies de banque centrale ? Faut-il y voir, une fois encore, un particularisme européen et craindre d’être distancé dans la course internationale ?
Un projet de CBDC nécessite des années de travail
Pour Christine Lagarde, la conception d’un euro numérique nécessite tout simplement du temps. La complexité technologique n’est pas le principal enjeu en matière de CBDC. Il faut aussi prévoir des protections contre le blanchiment d’argent et prévenir le financement du terrorisme, souligne-t-elle.
La présidente de la BCE rappelle en outre que si la Chine semble aujourd’hui en passe de lancer un e-Yuan, celle-ci travaille à ce chantier depuis plusieurs années. Comme les États-Unis, l’Europe n’entend pas faire la course et se précipiter.
« Si elle doit faciliter les paiements transfrontaliers, nous devrions l’explorer » insiste cependant la dirigeante de l’UE. Pour autant, et comme elle le déclarait déjà auparavant, l’euro numérique ne vise pas à se substituer aux espèces, le cash. Lagarde y voit au contraire un « complément ».