Après l’effondrement de FTX il y a quelques jours, les exchanges publient des preuves de réserves. Toutefois cette action est loin d’être suffisante pour de nombreux experts de l’écosystème crypto !
Une mesure bienvenue…
Après la faillite de FTX, les exchanges cherchent à rassurer leurs clients. Ces derniers s’empressent de publier des preuves de réserves. Une action louable mais qui est loin d’être suffisante pour de nombreux observateurs.
Une preuve de réserve permet de montrer le montant d’actif que détient un exchange. C’est une action en faveur d’une plus grande transparence qui doit permettre de renforcer la confiance des investisseurs. Une manière de montrer qu’à l’inverse de FTX, les autres CEX possèdent suffisamment d’actifs et de liquidités pour affronter les coups dur et bear market.
Cette semaine, Binance, OKX ou encore Crypto.com ont présenté leurs preuves de réserves. Une action qui est devenue obligatoire dans un climat de défiance après la chute de FTX.
Cette transparence, dans l’ADN même des crypto-actifs, est la bienvenue. Toutefois, pour de nombreux experts, la preuve de réserves est une photo à un instant T. Cette dernière n’est pas une image complète. Aussi cette action n’est pas suffisante.
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Mais loin d’être suffisante !
Pour Wayne Trend, le CEO de l’exchange OSL, cette exercice n’a qu’une portée limitée. Il déclare :
Les exchanges ne révèlent pas les réserves en fiat auditées, les dettes des clients et des entreprises, les prêts des entreprises, ni la plupart des autres informations nécessaires pour déterminer la santé financière d’une entreprise.
De son côté, OSL est détenue par BC Technology Group, une société basée à Hong Kong. Cette dernière est soumise à des réglementations et à des audits réguliers. Si ces obligations n’empêchent pas certaines dérives, les audits réguliers ou encore la ségrégation des actifs des clients ou la supervision règlementaire permettent un niveau de protection des investisseurs renforcé.
Richard Nash, directeur financier de CoinShares, salue tout de même l’initiative de la preuve de réserve. Il précise :
La preuve de réserve n’est pas infaillible. Cela permet de renforcer la confiance et la transparence, deux concepts qui n’ont jamais été aussi pertinents dans l’écosystème crypto qu’au cours des deux dernières semaines.
Si les exchanges ont partagé rapidement leurs preuves de réserves, aucun n’a partagé son passif ou bien encore ses dettes.
Binance possède les plus grandes réserves
Binance, OKX, Deribit, Crypto.com, Kucoin, Huobi et Bitfinex ont publié des preuves de réserves. Kraken publie ces données semestriellement, la dernière fois le 30 juin et n’a donc pas été inclus ici.
Binance possède les réserves les plus importantes parmi les différents CEX. Selon les données de DefiLlama, les réserves du leader des bourses crypto sont de plus de 65 milliards de dollars. On compte notamment 475 000 BTC, 4,8 millions d’Ether, 17,6 milliards d’USDT, 601 millions d’USDC, 21,7 milliards de BUSD et 58 millions de BNB.
On observe donc qu’une part importante, 35 milliards de dollars, de ses réserves correspond au BUSD et au BNB. La majorité des actifs de Binance se trouve logiquement sur la Binance Smart Chain. Pour rappel, Paxos est l’émetteur du BUSD et non par l’exchange en lui-même. 4 réseaux sur partagent les réserves de Binance : Bitcoin, BSC, Ethereum et Tron.
Quelle est la situation des autres CEX ?
Crypto.com possède des réserves de 2,46 milliards de dollars avec 25% de BTC. L’USDT et l’ETH représentent respectivement 5% et 18% de ce total.
L’exchange était au cœur des discussions lorsque les observateurs ont noté que 21% de ses réserves étaient constitués de Shiba Inu, le memecoin hautement volatil. Les réseau Bitcoin et Ethereum accueillent ces réserves.
De son côté, OKX possède des réserves principalement sous la forme de stablecoins USDT pour 2,43 milliards et USDC pour 195 millions de dollars. L’exchange dispose aussi de 91 000 BTC en réserve. 62% de ses réserves sont hébergées sur Ethereum et 27% sur le réseau Bitcoin. Tron et Arbitrum pour respectivement 5% et 3% complètent cette répartition. L’exchange utilise aussi Polygon mais pour un montant négligeable.
Bitfinex possède 5,06 milliards de dollars en réserve dont 3,26 milliards en BTC. Parmi les autres actifs, on retrouve 1,49 milliard de dollars en ETH, 88 millions de dollars en USDT et 55 millions de dollars en USDC. Les réseaux Bitcoin, Ethereum et Tron hébergent ces réserves.
Huobi déclare des réserves de 3,11 milliards de dollars avec 43 200 BTC, 274 000 ETH , 820 millions d’USDC et 9,7 milliards de TRX. La plupart des actifs, 43% précisément, sont sur le réseau Ethereum. Bitcoin pour 34 % et le réseau Tron pour 23% accueillent la majorité du restant. Le reste se retrouve sur des réseaux comme Avalanche, Algorand, Solana ou encore Polygon.
Ces preuves de réserves sont un premier pas essentiel. Elles permettent de donner une première vision des comptes des différents CEX. Toutefois, ces derniers doivent aller plus loin. Après la chute de FTX, les clients sont en attente d’une plus grande transparence et d’une vision d’ensemble sur l’état réel des finances de ces grands exchanges.
Pour en savoir plus sur les conséquences de la chute de FTX sur le marché, retrouvez notre article ici.