
Durement jugées de toutes parts pour leurs politiques monétaires, les banques centrales des grandes puissances occidentales semblent vouloir prendre part à la réglementation du secteur des cryptos.
Rejoignant l’avis des certains grands noms de l’industrie, les gardiennes de nos chères monnaies fiduciaires réfléchissent actuellement aux modalités du cadre à imposer au secteur.
Quand FTX précipite les choses
La régulation du marché des crypto-monnaies n’est pas un nouveau concept. Il a été discuté, débattu, et a toujours suscité une sorte de perplexité des instances juridiques, ne sachant comment considérer ces actifs nouveaux et assez techniques, que les bureaucrates au pouvoir ne comprennent pas assez pour s’y intéresser pleinement.
Néanmoins, comme souvent lors de la mise en place de cadre légal à une innovation, cette implémentation s’accélère au contact d’un catalyseur, en l’occurrence l’affaire FTX.
L’investissement en crypto-monnaies est proposé par eToro (Europe) Ltd en tant que PSAN, enregistré auprès de l’AMF. Les crypto-monnaies sont très volatiles. Pas de protection des consommateurs.
Cunliffe, une vision caricaturale du marché
En parlant des technocrates qui souhaitent réguler un marché qu’ils comprennent partiellement le sous-gouverneur de la banque d’Angleterre, Sir John Cunliffe, dévoile des positions pour le moins caricaturales en réponse à la chute de FTX. Ce dernier déclare :
La crypto est bien trop dangereuse pour ne pas être régulée.
À sa décharge, on précise que 80 000 investisseurs britanniques ont perdu leurs fonds dans la faillite de FTX. Selon le sous-gouverneur, dans des propos tirés d’une autre intervention, le marché crypto pourrait tout simplement s’effondrer et “tomber à 0 $”. On constate ici une volonté de faire ou, tout au moins, une méconnaissance du sujet.
Qu’est-ce qui inquiète tant les banques centrales ?
On peut interpréter la réaction des banques centrales à la chute de FTX de deux manières. Soit les institutions occidentales, qui par essence ne voient pas la crypto d’un bon œil, souhaitent profiter de la débâcle pour durcir les règles.
Soit, elles s’inquiètent des liens de plus en plus étroits entre les blockchains et le système financier traditionnel. En effet, la crypto s’imbrique chaque jour un peu plus dans la finance, par son utilisation, mais également par les proportions grandissantes des allocations de portefeuilles des investisseurs.
Par exemple, les gérants étant de plus en plus nombreux à acheter du Bitcoin, certains grâce à des effets de leviers non négligeables, pourraient perdre gros en cas de défaut fondamental des cryptos. Ce qui, par effet de contagion et appels de marges, viendrait, selon la taille des forces en présence, contaminer le système bancaire et l’économie traditionnelle. La définition même de risque systémique.
Laquelle de ces deux versions encourage les législateurs à durcir le ton ? On ne peut le gager. Une chose est sûre, les institutions compétentes en la matière comptent bien sauter sur « l’occasion FTX » pour faire avancer les dispositifs légaux des économies occidentales.
La sécurité des usagers au cœur des discussions
Comme pour toutes les mesures restrictives, les forces politiques mettent en avant la protection de l’usager pour justifier la réglementation stricte qui semble se profiler. Sir Jon Cunliffe plaide pour une réglementation prochaine qui viendrait rassurer et protéger les investisseurs.
Le sous-gouverneur de la banque d’Angleterre, qui place l’investissement dans les crypto-monnaies au même niveau de risque que les paris, argue que, puisque ces paris (sportifs et autres), sont autorisés par la loi, il comprend que l’achat de crypto-monnaies doivent également l’être, tout en étant régulé cependant.
De ce fait, le financier déclare que les citoyens britanniques devraient pouvoir bénéficier d’un endroit où spéculer l’esprit tranquille, sans risque de voir leurs actifs gelés à cause d’une faillite pour mauvaise gestion, comme c’est le cas dans l’affaire FTX. Entre le risque systémique et la protection des utilisateurs, la banque d’Angleterre semble disposer de l’argumentaire parfait pour réguler le secteur dans les prochains mois en Grande-Bretagne.
Plusieurs institutions impliquées
Par ailleurs, il ne s’agit pas de la seule institution à vouloir procéder de la sorte, puisque la FED montre aussi des signaux d’agacement envers les cryptos, et l’histoire montre que les instances américaines ne reculent devant rien lorsqu’une potentielle concurrence au dollar prend de l’ampleur.
Même son de cloche en Europe, avec la présidente de la BCE, Christine Lagarde, qui déclarait il y a quelque mois que les crypto-monnaies « ne valaient rien », puisque non adossées à l’économie réelle, mais seulement soumises à « l’offre et à la demande » (ce qui est le cas, au passage, de la majorité des classes d’actifs traditionnelles).
Ainsi, une régulation intelligente, pour éviter que les CEX ne représentent un danger pour les investisseurs, serait certainement une bonne chose. L’information des usagers est également importante, afin qu’ils n’utilisent ces plateformes que comme des passerelles, et mettent leurs actifs à l’abri.
Cependant, il apparaît que les instances officielles préfèrent profiter du climat pour réguler vite et radicalement le secteur. En espérant que les lois à venir ne rajoutent pas un peu plus de centralisation.
Outre réglementer le milieu, les banques centrales s’intéressent de plus en plus aux CBDC notamment la Banque centrale européenne et la faisabilité de créer un euro numérique.