Le directeur de l’Autorité Monétaire de Singapour, Ravi Menon, a déclaré, ce lundi, son intention de restreindre l’accès au trading de cryptomonnaies pour les particuliers. Face à la popularisation des cryptoactifs, l’autorité singapourienne déplore qu’une part importante des investisseurs particuliers ignorent les risques inhérents au trading. Explications.
Le trading de cryptos bientôt moins accessible sur l’île?
Dans une déclaration adressée ce lundi, Ravi Menon, directeur de l’Autorité Monétaire de Singapour a affirmé qu’il envisageait de nouvelles mesures en vue de restreindre l’accès à l’échange de cryptomonnaies pour les particuliers.
Selon ce dernier, dans un contexte où les cryptoactifs attirent un nombre croissant d’investisseurs, nombre d’entre eux mésestimeraient les risques liés au trading. Selon ses propos, les investisseurs particuliers seraient « irrationnellement inconscients » des pertes financières qu’ils peuvent encourir.
Dès lors, le directeur de l’institution s’est dit désireux de compliquer l’accès au trading de cryptomonnaies pour les investisseurs de détail. À l’occasion d’un séminaire intitulé « Oui à l’innovation des actifs numériques, non à la spéculation sur les crypto-monnaies » Ravi Menon a ajouté:
Il peut s’agir de tests d’adéquation des clients et de la restriction de l’utilisation de l’effet de levier et des facilités de crédit pour le trading de crypto-monnaies.
Une frilosité déjà perceptible
L’annonce adressée par le directeur de l’Autorité Monétaire de Singapour a été précédée de nombreux avertissements. Suite à l’effondrement du Terra USD (UST) et à la réaction en chaîne qui a déferlé, plusieurs entreprises ont été contraintes de déposer le bilan.
À la suite de ces évènements, l’ancien ministre des Finances de l’île, Tharman Shanmugaratnam, avait exprimé, au début du mois de juillet dernier, sa volonté d’écarter les particuliers des cryptomonnaies. Par ailleurs, lors d’une séance au Parlement, il avait avancé qu’une série de nouvelles restrictions seraient envisagées.
Notons toutefois qu’en janvier dernier déjà les autorités singapouriennes avaient adopté des directives visant, cette fois, à limiter la promotion auprès du public des services proposés par les plateformes de DeFi actives sur le territoire.
En outre, plus tôt encore, la frilosité des autorités vis-à-vis de l’adoption par le grand public était d’ores et déjà perceptible. En 2020, 180 sociétés ont soumis une demande d’octroi de licence de paiement en cryptos auprès de l’Autorité Monétaire de l’île. Seules 24 de celles-ci avaient alors été exaucées.
La pays était désigné comme étant le plus « crypto-friendly » en 2021
Néanmoins, jusqu’il y a peu la cité-état d’Asie du Sud-Est était, a contrario, connue pour sa politique particulièrement favorable à l’égard des entreprises actives dans le secteur des cryptos. À la fin de l’année 2021, Singapour a même été désigné comme étant le pays le plus « crypto-friendly » devançant les États-Unis et l’Australie selon les données de Coincub.
Cette première place s’expliquait alors par l’essor traversé par la crypto-économie sur l’île mais également par le cadre législatif favorable établi ainsi qu’en raison du pourcentage particulièrement élevé de la population détenant des cryptomonnaies.
Cette politique a notamment permis à Singapour d’accueillir de nombreuses entreprises désireuses de s’extraire des restrictions appliquées en Chine et en Inde au cours des dernières années. Toutefois depuis les dépôts de bilan de Three Arrows Capital, Celsius ou encore Voyager Digital, Singapour entend durcir son approche réglementaire.
Dans cette volonté, l’Autorité Monétaire de Singapour s’est néanmoins dite ouverte aux propositions. Par ailleurs, l’institution n’a pas caché qu’elle resterait attentive aux dynamiques régulatoires internationales avant d’adopter elle-même de nouvelles mesures. Ces dernières devraient être annoncées durant le mois d’octobre prochain.
En outre, le pays souhaite continuer de se montrer favorable à l’égard des entreprises du Web3. Ravi Menon a déclaré à ce propos :
La posture de facilitation de l’Autorité Monétaire de Singapour sur les activités d’actifs numériques et la position restrictive sur la spéculation sur les crypto-monnaies ne sont pas contradictoires.
Singapour a chuté à la 3ème place du classement des pays les plus favorables aux cryptomonnaies. Néanmoins le pays affiche la plus grande part de la population en possession de cryptomonnaies dans ce top 3 (8,31%). Par ailleurs, 40 plateformes d’échange sont, à l’heure actuelle, établies dans le pays.
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Charles Ledoux
