Le déclin d’Axie Infinity nous a montré que gagner de l’argent en jeu n’est pas suffisant pour retenir les joueurs. Que s’est-il passé avec les plus récents Play to Earn (P2E) et que nous pouvons en apprendre afin à l’avenir d’obtenir un produit plus attirant ?
Le succès d’Axie Infinity
C’est lors de l’été 2021 que Axie Infinity a atteint un pic record tant en nombre de joueurs, mais aussi avec la valeur de son token AXS qui a dépassé les 150 $ alors que lors de la prévente l’actif valait 0,1 $.
Originaire des Philippines, un pays sous-estimé et offrant pourtant les conditions parfaites avec un marché mobile de 1,4 téléphone par habitant. Les Philippines devraient atteindre les 1,52 milliard de dollars en 2025 dans le marché des jeux en ligne.
Ainsi, le succès d’Axie Infinity a montré au monde entier que les P2E pouvaient être d’incroyables outils pour générer des bénéfices énormes : associer quelques éléments de gameplay à la notion de pouvoir engranger de l’argent tout en s’amusant.
Malheureusement, presque un an plus tard, en mars 2022, le hack du pont Ronin a entaché ce jeu, mais aussi mis à risque sa survie suite à une perte de 600 millions de dollars par ce piratage. La confiance des joueurs a été rudement mise à l’épreuve également. Alors qu’ils étaient plus de 2,7 millions en janvier, ce nombre est descendu en dessous des 750 000 après le hack.
Par conséquent, comment un tel jeu P2E à succès a pu s’effondrer ? Que pouvons-nous en tirer de cette expérience et des futurs jeux de Fantasy League voulant conquérir le modèle ?
Des mécaniques limitées
L’économie des P2E repose malgré tout sur la commercialisation de l’expérience en jeu. Ceux qui ont dans l’industrie du gaming depuis des années ont conscience du potentiel et de la valeur que peuvent prendre des jeux déchaînant les passions, amenant la communauté à se dépasser. Ainsi, les avatars, les objets disponibles, bref tout le contenu recevra une forte demande du moment que les joueurs en reconnaissent leur valeur.
De ce fait, la question principale qu’il est bon de se poser dans le cas d’un P2E comme Axie Infinity est : combien de joueurs sont en jeu pour s’amuser et acheter les héros dans ce but face à combien sont là uniquement dans le but de faire du bénéfice en vendant les NFT ? Lorsqu’un jeu tend à avoir uniquement le second type d’individus, l’équilibre s’effondre.
C’est ainsi qu’avec un modèle complètement inflationniste, le prix des NFT n’a fait que grimper. Or, pour commencer à jouer au jeu, il fallait composer une équipe avec ces fameux NFT. Le prix d’entrée est donc devenu bien plus cher que prévu pour le joueur moyen. C’est notamment le cas en Philippines, le pays d’origine d’Axie Infinity où le salaire journalier est d’environ 10 $ là où constituer une équipe coutait pas moins de 137 $.
P2E : gagner de l’argent, mais pas que !
Si Axie Infinity a pu nous apprendre quelque chose c’est que le concept de Play to Earn n’est pas seulement de gagner de l’argent. Ce type de jeu peut être viable, mais il ne doit pas négliger l’aspect vidéoludique qui saura retenir le joueur et provoquer de l’amusement au-delà de l’idée d’engendrer des bénéfices.
Bien entendu, bien qu’un peu tard, Axie Infinity a compris ses erreurs et a tenté de corriger le tir en introduisant de nouvelles mécaniques. Le but fut de toute évidence d’apporter un équilibre entre joueurs et vendeurs qui ne sont présents que pour les bénéfices éventuels.
C’est ainsi qu’avec Axie Infinity V3 présenté plus tôt cette année a pu apporter des solutions afin de forcer les joueurs à utiliser un système pour améliorer leurs personnages tout en consommant des SLP, une crypto agissant comme un système de burn pour tenter de transformer le jeu inflationniste en déflationniste. Une solution qui fonctionne quand bien même Axie Infinity a eu d’autres problèmes comme notamment son hack.
La parallèle avec le sport, les jeux et les P2E
Le monde du sport a su rapidement se faire une place dans le secteur des crypto-monnaies. En effet, de plus en plus de NFT s’associant à des équipes ou des événements sportifs ont vu le jour. Il s’avère que le sport est un domaine qui a toujours su déchaîner les passions, l’élément principal qu’il manquait à un jeu tel qu’Axie Infinity.
C’est pourquoi un modèle de jeux de type Fantasy League existe depuis quelques années sur mobile et se veut extrêmement populaire. Le concept est relativement simple : permettre aux joueurs de constituer leurs équipes à partir de vrais joueurs avec des statistiques bien définies et ensuite affronter d’autres adversaires.
Là où il n’y avait pas de passion dans un jeu comme Axie Infinity, car les joueurs ne voyaient aucune valeur dans leur héros si ce n’est faire du bénéfice, lorsqu’il s’agit de supporter des sportifs en chair et en os, c’est toute une autre histoire.
En effet, bon nombre d’individus aiment supporter une équipe ou un sportif en particulier. Ainsi le sport peut être une arme redoutable si celle-ci vient à s’associer aux P2E et c’est justement ce que de nombreux studios comptent réaliser.
Le cas Battle Infinity
Battle Infinity (IBAT) est un Play to Earn dont la prévente a été un énorme succès. Celle-ci a permis de collecter plus de 5 millions de dollars en l’espace de 24 jours sur les 3 mois estimés. C’est un Fantasy League développé par une équipe indienne.
Le but est d’associer le Metaverse au monde sportif en permettant de recruter ses sportifs favoris sous la forme de NFT et les faire combattre d’autres joueurs. Les Fantasy League sont déjà relativement populaires sur mobile, par conséquent, c’est un P2E qui a beaucoup de potentiel.
Ibat a pour projet de se concentrer en premier lieu sur le cricket, mais ensuite de développer le jeu pour d’autres sports comme le football, le basket ou encore le baseball. Par conséquent, Battle Infinity a le potentiel d’être le digne successeur d’Axie Infinity, car il apporte la dimension amusante, la passion nécessaire pour entretenir le jeu via le monde sportif.
Au-delà de Battle Infinity, un autre Play to Earn potentiellement populaire cette année dont la prévente est toujours en cours : Tamadoge. Celui-ci associe le concept des Tamagotchis et du Metaverse.
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Emmanuel Mounier
Rédacteur
