Surveillance financière : pourquoi les gouvernements s’intéressent autant aux CBDC ?
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Surveillance financière : pourquoi les gouvernements s’intéressent autant aux CBDC ?

Gilles Nzunga Rédacteur Author expertise
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Lorsque le grand public aborde la notion de surveillance, les premières réflexions se concentrent sur les caméras au coin des rues, les agences suspectes du gouvernement et les smartphones amassant les données personnelles des internautes. Cependant, malgré le désintérêt qu’elle suscite parfois, la surveillance financière est une forme d’espionnage de l’État qui est beaucoup plus effrayante.

Jonathan DeYoung et Marta Belcher, une avocate spécialisée dans les crypto-monnaies et les libertés civiles, ont justement abordé ce sujet dans l’épisode 12 du podcast The Agenda de CoinTelegraph. La discussion s’est rapidement centrée sur le contexte de la surveillance financière aux États-Unis ainsi que sur les raisons qui poussent les gouvernements à se détourner de la monnaie fiat au profit des monnaies numériques des banques centrales (CBDC).

La surveillance financière : définition et importance

Pour mieux appréhender le fonctionnement de la surveillance financière aux États-Unis, il est primordial de réviser la Constitution américaine. Ce que Marta Belcher ne manque pas d’expliquer dans son podcast :

Le quatrième amendement dit essentiellement que si vous voulez obtenir des informations sur une personne aux États-Unis, en tant que loi en vigueur, vous devez avoir un mandat qui doit être signé par un juge sur la base que vous avez des raisons probables de les soupçonner d’un crime.

Toutefois, le gouvernement américain peut invoquer « le third-party doctrine (la doctrine des tiers) » pour justifier le fait que toute information donnée de manière volontaire à un tiers (une banque par exemple) peut être collectée sans obligation de mandat. De plus, vu que la loi sur le secret bancaire impose aux banques d’amasser une quantité de données sur leurs clients, le gouvernement est en droit de disposer d’informations sur la vie financière des citoyens.

Lorsque vous pensez au monde d’aujourd’hui, nous vivons toute notre vie à travers des intermédiaires. À tout moment, nous envoyons d’énormes quantités de données à toutes sortes de tiers. Le gouvernement peut obtenir pratiquement n’importe quelle information sur nous, et cela a rendu le quatrième amendement inutile.

Pourtant, Belcher regrette que cette préoccupation ne semble pas être une priorité pour tout le monde.

En tant que défenseur de la vie privée et des libertés civiles, je rencontre ce refrain commun “D’accord, mais pourquoi devrais-je m’en soucier ? Je n’ai rien à cacher et je me fiche que le gouvernement ait accès à mes transactions financières.

Des arguments que la défenseuse des libertés civiles trouvent limités :

Vous pensez peut-être que vous n’avez rien à cacher en ce moment, mais à tout moment, la loi pourrait être différente. À tout instant, une administration peut changer. Je pense que c’est important, et les gens commencent à comprendre pourquoi c’est important, de pouvoir faire des transactions que le gouvernement ne peut pas voir.

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CBDC : une source d’inquiétude ?

Les controverses autour des CBDC ne datent pas d’hier. Certains pays sont persuadés qu’il est impératif de passer à la numérisation des devises pour rester dans l’ère du temps. Pour d’autres, la CBDC constitue un outil plus efficace pour permettre au gouvernement de contrôler les finances des individus.

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Source : Twitter

Une théorie partagée par l’avocate Marta Belcher, qui pense que les gouvernements du monde entier s’activent au développement des CBDC afin de simplifier la surveillance financière.

Pour elle, ces programmes ne sont que des parties intégrantes de projets plus importants visant à supprimer au fur et à mesure les espèces ainsi que d’autres transactions encore impossibles à tracer.

« Une société sans numéraire est vraiment une société de surveillance. Et ce que nous voyons dans le monde entier, c’est cette poussée pour rendre les transactions traçables. Cela inclut des projets comme mettre en place les monnaies numériques de banque centrale. (…) Pour le gouvernement, non seulement avoir une visibilité potentielle sur toutes vos transactions financières et vraiment fermer d’autres voies potentielles pour ces types de transactions, mais pour le gouvernement, il est également vraiment terrifiant de pouvoir révoquer de l’argent. »

Les dangers des CBDC

L’introduction des CBDC implique des risques importants pour les libertés individuelles des citoyens lambdas. Voici les principaux dangers que les plus sceptiques doivent garder en mémoire.

  • Augmentation de la surveillance financière : les monnaies numériques de banque centrale ont le pouvoir de surveiller étroitement les transactions financières des individus. Ainsi, les gouvernements serviraient des banques centrales afin de contrôler les dépenses des utilisateurs, révélant des données personnelles sensibles. Cela peut commencer des habitudes de consommation jusqu’aux croyances religieuses en passant par les préférences politiques.
  • Perte progressive d’anonymat : la traçabilité et l’identification des transactions en CBDC est beaucoup plus simple, ce qui facilite également la liaison entre les transactions et des utilisateurs spécifiques. Une CBDC peut donc être perçue comme une atteinte à l’anonymat financier et à la vie privée financière.
  • Risques de sécurité et de hacks : le degré de vulnérabilité des CBDC aux cyberattaques et aux piratages informatiques n’est pas négligeable. Si les hackers arrivent à prendre possession des comptes des utilisateurs, la sécurité financière des individus et des nations pourrait être compromise.
  • Possibilité de suspension de compte : Avec les CBDC, les banques centrales auront la possibilité de bloquer les comptes des individus ou de restreindre leurs transactions en cas de suspicion d’activités criminelles ou de fraude. Toutefois, le gouvernement pourrait abuser de cette mesure afin de limiter les libertés individuelles et politiques.

Source : CoinTelegraph


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Gilles Nzunga Rédacteur

Gilles Nzunga Rédacteur

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Grand amateur d'écriture, Gilles a toujours été fasciné par le pouvoir des mots, notamment leur aptitude à transmettre des émotions. Cependant, il ne s'est pas contenté de rester dans le monde de la rédaction web traditionnelle. Gilles a découvert le Web3 en 2021 et a décidé de s'y consacrer, en tant que passionné des nouvelles technologies et leur impact sur notre société. Une opportunité unique de repousser les limites de son métier et d'explorer de nouveaux horizons. Pour atteindre cet objectif, il a consacré beaucoup de temps à l'apprentissage en autodidacte.

En plus d'une licence en informatique industrielle, Gilles a étudié les bases de la blockchain, s'est plongé dans les méandres de la finance traditionnelle et a exploré leurs différentes interactions avec les crypto-monnaies. Grâce à sa propension à la recherche et son besoin constant de rester féru des dernières tendances, il est devenu un véritable atout pour Cryptonaute. Un observateur averti des développements et des événements dans cet espace en constante évolution.

En dehors de Cryptonaute, Gilles a déjà rédigé des articles pour des sites avérés comme Moneyradar, Business2Community, Tokize et Delentredeux.

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