La justice américaine a eu raison du projet blockchain de l’application de messagerie Telegram. Son fondateur Pavel Dourov annonce l’abandon de TON ainsi que de son token Gram. Le dirigeant dénonce au passage la domination technologique imposée par les Etats-Unis.
Telegram était parvenu à réunir un grand nombre d’investisseurs autour de son projet de blockchain TON et de sa crypto-monnaie. Au travers d’une ICO, l’éditeur de la célèbre application de messagerie sécurisée avait ainsi levé plus d’un milliard de dollars.
Pour le régulateur américain de la finance, la SEC, cette opération a cependant été menée en infraction de la législation. Et la justice lui a donné raison à plusieurs reprises, interdisant à Telegram l’émission de son token.
TON aurait surpassé Bitcoin et Ethereum
Pour son fondateur et PDG, il est temps désormais de jeter l’éponge. Dans un message daté du 12 mai, Pavel Dourov annonce en effet que la plateforme blockchain TON, en développement depuis 2,5 ans, ne verra pas le jour. Il en va de même du Gram.
TON a été conçu pour partager les principes de décentralisation initiés par Bitcoin et Ethereum, mais pour leur être largement supérieur en termes de rapidité et d’évolutivité,” revendique le patron de Telegram.
Il n’aura donc pas l’opportunité d’en apporter la confirmation. Un juge a mis un frein à ce projet de mine d’or (TON) commune, dont l’or (Gram) devait revenir à des investisseurs. « Un juge a utilisé ce raisonnement pour statuer que les gens ne devraient pas être autorisés à acheter ou à vendre des Grams comme ils peuvent acheter ou vendre des bitcoins » dénonce Dourov.
La justice US impose sa décision aux autres Etats
Le fondateur de Telegram critique en outre l’extra-territorialité revendiquée par la justice américaine. Le véto US interdit en effet l’émission des tokens dans le pays, mais également toute distribution hors de ses frontières.
Les Grams ne devraient pas être autorisés à être distribués où que ce soit dans le monde – même si tous les autres pays de la planète semblaient être parfaitement en accord avec TON. Cette décision de justice implique que les autres pays n’ont pas la souveraineté de décider ce qui est bon et ce qui est mauvais pour leurs propres citoyens,” lâche le maître d’œuvre de TON.
L’interdiction de la plateforme blockchain est donc un débat sur la souveraineté numérique pour Pavel Dourov. Pour cela dernier, cette décision de justice souligne la dépendance des autres Etats en matière de finance et de technologie.
Les États-Unis peuvent utiliser leur contrôle sur le dollar et le système financier mondial pour fermer n’importe quelle banque ou n’importe quel compte bancaire dans le monde. Ils peuvent utiliser leur contrôle sur Apple et Google pour supprimer des applications de l’App Store et de Google Play,” illustre-t-il.