Fusion historique entre Coinsquare, WonderFi et CoinSmart. Les trois plateformes d’échange canadiennes ont confirmé leur rapprochement ce lundi pour créer un géant du trading. Mais pas que : trading et staking institutionnels, i-gaming (poker, casino, jeux divers) et paris sportifs figurent aussi dans la feuille du route de l’opération.
Fusion bouclée après des pourparlers entamés en janvier
Après plusieurs mois de discussions, le rapprochement est acté depuis lundi et devrait être finalisé au deuxième trimestre. En janvier 2023, des sources avaient déjà évoqué des pourparlers entre Coinsquare et WonderFi. La fusion permettra de créer la plus importante plateforme d’échange de cryptomonnaies du pays, avec plus de 1,65 million d’utilisateurs et l’équivalent de 600 millions de dollars sous gestion (410 millions d’euros).
La fusion est perçue par les analystes comme une réponse à l’évolution du paysage réglementaire et concurrentiel dans le secteur des cryptomonnaies. En effet, Coinsquare est devenue la première plateforme de trading de cryptomonnaies canadienne à s’inscrire en tant que courtier en investissement et à obtenir une adhésion à l’Investment Industry Regulatory Organization of Canada (IIROC). Entretemps le gendarme financier a changé de nom pour devenir la New Self-Regulatory Organization of Canada en octobre dernier.
Participations croisées entre les trois acteurs
Selon les termes de l’accord, WonderFi émettra environ 270 millions d’actions ordinaires aux investisseurs de Coinsquare et près de 119 millions d’actions ordinaires aux actionnaires de CoinSmart. Une fois la transaction finalisée, les actionnaires de Coinsquare détiendront 43% de l’entité fusionnée, ceux de WonderFi 38% et les actionnaires de CoinSmart 19%. Cette fusion doit encore être entérinée par les actionnaires, les organismes de réglementation et surtout les tribunaux du commerce comme l’exige la loi canadienne.
La nouvelle entité prévoit de diversifier ses sources de revenus en proposant une gamme de produits variés dans un écosystème toujours limité au public canadien. Le coeur de métier restera évidemment le trading de cryptomonnaies pour les clients particuliers et institutionnels. A cela s’ajoutera le traitement des paiements crypto, véritable eldorado actuel pour les sociétés blockchain régulées.
Le staking et le trading d’actions fractionnées seront également proposés, en plus de l’iGaming et les paris sportifs, des niches également très rémunératrices bien que coûteuses en coûts réglementaires.
Une plateforme vitrine pour l’industrie crypto ?
Cette fusion pourrait déclencher une vague de consolidation dans l’industrie des plateformes d’échange canadiennes. Les acteurs de plus petite taille pourraient être contraints de se regrouper pour faire face aux coûts réglementaires élevés et aux exigences en matière de capital. Rappelons que l’effet de levier est interdit sur les cryptos depuis décembre, les échangeurs tirent leurs revenus principalement des échanges au comptant.
Le discours tenu ne manque pas de rappeler celui de Coinbase. L’opération est décrite comme “un exemple pour les régulateurs et les investisseurs du monde entier sur l’avenir de l’industrie des cryptomonnaies”, selon Kevin O’Leary, investisseur stratégique de WonderFi et fondateur du groupe O’Leary Financial. La nouvelle entité fusionnée vise à offrir “une plateforme sûre, sécurisée, évolutive et réglementée capable de rivaliser avec les plateformes internationales non réglementées qui opèrent encore au Canada”.
Comme les clients européens et américains, les clients canadiens sont de plus en plus soucieux de la sécurité de leurs fonds et de l’accès à des produits innovants en matière de cryptomonnaies. Ils n’ont pas été épargnés par la faillite retentissante de FTX. L’entité fusionnée semble démontrer un engagement certain à se conformer aux réglementations et à collaborer avec les autorités.
Sources : BNN Bloomberg, CoinDesk
Sur le même sujet :
- Le Canada souhaite renforcer la réglementation sur les cryptos pour protéger les investisseurs
- Coinbase nomme un nouveau directeur pour le Canada et fait un pas de plus vers les régulateurs
Partager
David Rajaonary
