Pour Ubisoft, la monétisation de tokens comme les CryptoKitties dans ses jeux en monde ouvert n’est pas d’actualité. L’éditeur mène néanmoins des expérimentations sur la blockchain. Dernière création en date : un token NFT (ERC 721) Lapin Crétin un peu spécial permettant de faire des dons à l’Unicef.
Les tokens non fongibles ou NFT, comme les populaires CryptoKitties, sont très en vogue dans les domaines du gaming et des collectibles. Ces objets uniques à collectionner éveillent naturellement l’intérêt d’un éditeur de jeux comme Ubisoft, en pleine expérimentation.
Les crypto-monnaies ne sont pas les uniques tokens à s’échanger aujourd’hui sur des places de marché et à générer de la valeur sur différentes blockchains. Dans l’univers Ethereum, notamment, les NFT, ou tokens non fongibles, ont eux aussi un potentiel financier non négligeable.
Des freins plus juridiques que techniques pour Ubisoft
Comme le précise Nathan Sexer de l’association Ethereum France, « un token non fongible est par définition un token unique et non divisible. L’ERC 721 est un standard de NFT, démocratisé via les CryptoKitties en 2018 » avec plus de 50.000 utilisateurs.
Les CryptoKitties, ces chats virtuels uniques et échangeables, en sont en effet l’illustration la plus réussie à ce jour. D’autres éditeurs comme le français Sorare, Sandbox ou Decentraland souhaitent à leur tour monétiser ces actifs numériques.
Ubisoft, 3e éditeur de jeux vidéo au monde, pourrait lui aussi à terme exploiter le potentiel des NFT. Leur monétisation n’est toutefois pas encore d’actualité, comme a pu le souligner Nicolas Pouard à l’occasion de la conférence EthCC de Paris.
Nous n’avons pas de cas d’usage commercialisable concret. Nous avons réalisé plusieurs prototypes”, a déclaré le Blockchain Initiative Director d’Ubisoft.
Les initiatives autour des NFT sont donc menées à ce jour au sein du lab innovation de l’éditeur, comprenant une équipée dédiée exclusivement à la blockchain.
Un prototype de jeu développé en 2018
Pas de précipitation avec la commercialisation de produits basés sur la blockchain, mais un intérêt évident, reconnaît le représentant d’Ubisoft.
Un de nos centres d’intérêt était évidemment les NFT. Nos jeux vidéo sont principalement des mondes ouverts dans lesquels les joueurs peuvent récupérer un certain nombre d’items,” rappelle Nicolas Pouard.
Le développement d’un prototype a ainsi été lancé deux ans plus tôt pour évaluer les barrières à l’adoption de ce type de token. Ces freins ne sont cependant « pas d’ordre technique, contrairement à ce que nous pensions au départ » témoigne-t-il.
Non, les difficultés sont avant tout juridiques, la régulation n’étant pas jugée « très claire », et liées aussi à la communication d’Ubisoft.
La monétisation est un très gros sujet dans le secteur du jeu vidéo, et la blockchain apparaît encore comme très attachée à la finance. Dans l’esprit des joueurs, qui ne connaissent pas la blockchain, c’est donc associé à plus de monétisation,”
En clair, les joueurs ne seraient pas prêts à payer plus encore dans un univers du gaming où la pression de la monétisation n’est déjà pas toujours bien vécue par les consommateurs. Ubisoft expérimente donc encore, tout en montant en compétences sur les NFT.
Cela s’est traduit par la possibilité pour les joueurs de générer dans un jeu une partie du monde grâce à des tokens non fongibles, des territoires ou « land », comme sur Decentraland. En 2018, Ubisoft a aussi rapproché les Lapins Crétins des CryptoKitties pour créer des tokens uniques récompensant les gagnants d’un hackathon.
Les Rabbids Tokens, des NFT « always claimable »
Cela a bien fonctionné, mais nous ne sommes pas allés plus loin. Ces tokens existent encore. Ils ont des propriétés dans CryptoKitties. Nous pourrions développer d’autres éléments, mais nous ne le ferons pas pour le moment,” a annoncé Nicolas Pouard.
La dernière réalisation d’Ubisoft dans le domaine des NFT et de la blockchain remonte seulement au 2 mars 2020. L’éditeur a créé cinq « Rabbids Tokens » offerts aux gagnants d’un concours. Ce token ERC 721 est un peu particulier cependant. S’il est non fongible, son propriétaire ne peut le conserver, le token ayant pour caractéristique « d’être always claimable. »
« Il est toujours en vente. N’importe qui peut l’acheter » précise le cadre d’Ubisoft. Il ne s’agit toutefois pas pour l’éditeur d’engranger des bénéfices. Le fruit de chaque vente est en effet reversé à l’Unicef. Par ailleurs, à chaque vente, le token, inspiré des Lapins Crétins, se transforme.
A chaque fois que vous les achetez, ils vont évoluer. De même, à chaque pleine lune, une transformation intervient. Nous avons inventé un proof of pass ownership, popo en Français. Comme ce token peut être pris à son détenteur, celui-ci conserve une trace de la possession du token et de l’évolution possédée,”
Cette preuve d’ownership, un titre de propriété temporaire, constitue également la preuve d’un don au profit de l’Unicef.
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