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La sortie du bear market est-elle en train de s’opérer sous nos yeux ? Le bitcoin vient de renouer (brièvement) avec les 21500 dollars, l’ether navigue fièrement au-dessus des 1500 dollars. Sans parler des altcoins tel que l’AVAX qui imprime un magnifique +51% en 7 jours. Retour sur les évènements qui ont marqué une semaine très rythmée :
En résumé. Dans le sillage d’une nouvelle baisse de l’inflation aux États-Unis à 6,5 % contre 7,1 % en novembre, le Bitcoin a bien réagi en brisant enfin la fameuse résistance des 20 000 $ ou du plus haut de 2017. Hier, il a même atteint les 21 500 $ puis s’est stabilisé autour des 20 900 $.
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Ce qu’il faut retenir :
En 7 jours seulement, le BTC a bondi de 17 000 $ à plus de 21 500 $, cotant juste au-dessus des 20 720 $ sur Binance à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Le Bitcoin a commencé l’année à environ 16 550 $.
A l’heure de ces lignes, la 1ère crypto par capitalisation s’échange à plus de 20 720 $ – soit un gain de +26% depuis le 1er janvier.
La hausse du BTC est la plus remarquable depuis la spectaculaire faillite de la plateforme d’échange FTX, qui a envoyé le marché dans le rouge.
A ce stade on ne sait pas vraiment ce qui sous-tend ce rallye haussier et qui sont les plus gros acheteurs, mais certains des paramètres économiques qui ont défini la baisse tout au long de 2022 semblent se calmer (inflation, prix de l’énergie).
L’ETH est aussi sur une trajectoire ascendante, imprimant un excellent +29% par rapport à son cours d’ouverture cette année.
Notre avis. Avec d’autres actifs risqués (Or, valeurs Nasdaq), le bitcoin et l’ether imprimaient déjà une belle reprise avant la mise en faillite de FTX. Maintenant il faut surveiller d’autres faillites qui pourraient menacer ce début de reprise. Nous pensons surtout à Digital Currency Group, la maison-mère de Genesis et de Grayscale (qui détient 634 000 BTC !).
2 – Direction Shanghai pour Ethereum
En résumé. Les développeurs d’Ethereum ont annoncé que les retraits seraient la priorité absolue de la mise à jour Shanghai ((“hard fork”), prévue en mars prochain.
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Ce qu’il faut retenir :
Shanghai est une mise à jour qui ouvrira les retraits sur les ETH immobilisés par les validateurs depuis l’été 2021, retraits qui n’étaient jusqu’ici pas possibles.
Le réseau principal (“mainnet”) sera mis à jour par le biais d’un hard fork.
Les jetons ETH étaient inaccessibles en raison de la mise à jour “The Merge” réussie le 15 septembre dernier, la transition de la blockchain de la preuve de travail à la preuve d’enjeu .
Pour s’assurer de tenir les délais, les développeurs vont mettre en ligne un réseau-test (“testnet”) pour simuler la mise à jour Shanghai d’ici la fin février.
Les développeurs sont tombés d’accord pour remettre l’ajout de l’Ethereum Virtual Machine Object Format (EOF) à plus tard pour ne pas retarder le hard fork Shanghai (EOF = une amélioration majeure de l’environnement de programmation Ethereum).
Notre avis. La libération massive de jetons ETH n’est pas forcément une bonne nouvelle pour le cours de la 2ème crypto du marché. Ni pour les protocoles de staking “liquide” qui se sont développés entre-temps : Lido, RocketPool.
3 – Du rififi chez Huobi
Les faits. La filiale coréenne de Huobi a décidé de couper les ponts avec sa maison-mère Huobi Global, et poursuivre son activité sous une gestion indépendante. Pendant ce temps, Huobi Global envisage de licencier 20% de son personnel.
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Ce qu’il faut retenir :
La crypto-bourse basée à Singapour et contrôlée par Justin Sun connaît de réelles difficultés, avec des rumeurs d’insolvabilité de plus en plus persistantes.
Nouveau plan social en cours, avec le départ de près de 20% de son personnel.
Un récent e-mail interne a fuité, indiquant que tous les salaires locaux (en dollar SGD) seront payés en stablecoins, le personnel étant par conséquent invités à ouvrir un compte Huobi pour recevoir leur salaire.
La sécession de Huobi Korea oblige la filiale à racheter les parts de Huobi Global. Plus de 50% des parts sociales de Huobi Korea sont aux mains de Leon Lin, le fondateur de Huobi Global.
Les autres actionnaires concernés sont le président Jo Guk-Bong et Korea Land Trust. Jo est connu pour son entreprise de minage crypto, et devrait reprendre l’essentiel des parts de Lin.
Notre avis. Beaucoup de mouvements suspects sur les adresses attribuées à Justin Sun, dont des rachats massifs d’USDC en dollars. Justin Sun tenterait-il de renflouer Huobi ? Il est surtout curieux qu’il n’ait pas choisi de racheter directement des USDT de la blockchain Tron auprès de Tether, préférant payer 10 000 $ en frais pour les échanger avec des USDC sur Ethereum – avant d’échanger ceux-ci en dollars auprès de Circle.
4 – La guerre des mots continue entre Winklevoss (Gemini) et Silbert (DCG)
En résumé. Près de 900 millions $ en cryptos appartenant aux clients de Gemini sont toujours bloqués chez Genesis (filiale de DCG). Cameron Winklevoss a exigé que DCG débarque son PDG Barry Silbert, qu’il estime être le principal responsa ble de la situation.
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Ce qu’il faut retenir :
Dans une lettre ouverte adressée au conseil d’administration de DGC, C. Winklevoss dénonce plusieurs agissements de B. Silbert – incluant le détournement par Genesis, la filiale de DCG, des fonds des utilisateurs de Gemini Earn.
Dans le texte : “J’écris pour porter à votre connaissance que Gemini et plus de 340 000 de ses clients sur le programme ‘Earn’ ont été victimes des pratiques frauduleuses de Genesis Global Capital LLC, de concert avec sa maison-mère Digital Currency Group.”
Winklevoss affirme que les prêts accordés par Genesis au défunt fonds 3AC ont en réalité été utilisés pour gonfler artificiellement la valeur du fonds Grayscale Bitcoin Investment Trust, qui est géré par une autre filiale de DCG.
Silbert a répondu aux jumeaux Winklevoss dans une lettre ouverte publiée sur Twitter.
Notre avis. Dans l’ombre de Genesis et DCG couve peut-être la prochaine grande faillite de l’écosystème. DCG a renfloué Genesis à la suite de ses pertes sèches coup sur coup sur 3AC (-2,3 milliards $), sur FTX et les tokens de l’écosystème Terra. Or il s’agissait essentiellement de papiers commerciaux, pas réellement du cash frais. Or surprise, on apprend aussi que Genesis aurait prêté de l’argent en retour à DCG. Un peu complexe ? Oui, un véritable écheveau !
5 – Coinbase licencie pendant que Binance embauche
En résumé. Coinbase annonce le départ de 950 employés, dans un nouveau plan social pour tenter de garder la plateforme à flot. Pendant que son concurrent Binance embauche, avec 680 postes à pourvoir à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Ce qu’il faut retenir :
950 employés = 20% des effectifs actuels. Coinbase avait déjà licencié 1100 personnes en juin dernier.
L’accueil des marchés est plutôt favorable: +10% sur l’action Coinbase au Nasdaq.
En marge d’une conférence en Suisse, le concurrent Binance a annoncé le recrutement de +15 à +30% de capital humain.
Binance était déjà passé de 3000 à 8000 employés en 2022.
Binance lorgne sur l’Europe en rachetant des actifs plutôt que de partir de zéro. Exemple avec l’enregistrement obtenu en Norvège (équivalent de l’enregistrement PSAN français).
Le gouvernement US tente déjà de bloquer le rachat par Binance des actifs restants de la défunte plateforme Voyager Digital (pour 20 millions $).
Notre avis. Coinbase et Binance savent que le prochain bull run sera porté par la clientèle d’investisseurs européens, particuliers et institutionnels. Le premier à être adoubé par les autorités européennes à travers les nouvelles règles MiCA aura l’avantage. A ce jeu, il sera difficile de battre Kraken, qui entretient d’excellentes relations avec les régulateurs. Mais Coinbase a une carte à jouer, à condition de rester à flot …
6 – La traque aux milliards perdus continue chez FTX
En résumé. Les liquidateurs en charge de la faillite de FTX ont mis la main sur un total de 5 milliards $ en divers actifs : comptes bancaires, papiers commerciaux, cryptomonnaies.
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Ce qu’il faut retenir :
FTX ne tenait à peu près aucune comptabilité digne de ce nom. Elle utilisait même QuickBooks, un logiciel normalement réservé à des PME.
Voici ce que déclare un des avocats de FTX, Andy Dietderich : ” Nous établissons des états financiers à partir de zéro en compilant les informations du grand livre et les données bancaires, plutôt que de faire confiance aux états financiers antérieurs – incomplets et peu fiables.”
Le cœur de FTX, sa plateforme de trading de dérivés crypto, pourrait bientôt être vendu à un concurrent pour que la liquidation avance plus vite.
La banque d’investissement Perella Weinberg Partners est chargée de trouver preneur au meilleur prix pour l’essentiel des actifs de FTX.
Pas de révélation des noms des créanciers de FTX jusqu’à nouvel ordre. Le tribunal a accepté de prolonger le secret sur leur identité pour 3 mois.
Le syndic américain ainsi que divers médias financiers couvrant l’affaire font pression pour que les noms des créanciers soient révélés.
Notre avis. Les 9 millions de clients de la plateforme ne pourront pas récupérer plus de 40% de leurs avoirs. La faute à un mille-feuille de frais qui vient plomber la faillite jour après jour : les honoraires des liquidateurs, dont le cabinet Sullivan & Cromwell (2100 $ par heure), ainsi que la décote naturelle des actifs de FTX sur le marché.
7 – Sam Bankman-Fried publie son “J’accuse”
En résumé. Sam Bankman-Fried a publié un billet de blog sur Substack pour faire la lumière sur certains dessous de la faillite de la plateforme qu’il a cofondée, FTX.
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Ce qu’il faut retenir :
Dans son billet de blog, le patron déchu de FTX tente de se dédouaner en maintenant qu’il n’a “pas volé les fonds de ses clients” et qu’il n’a pas “caché des milliards”.
Dans le texte : “Presque tous mes actifs étaient et sont toujours utilisables pour soutenir les clients de FTX. J’ai par exemple proposé de remettre la quasi-totalité de mes actions personnelles dans Robinhood aux clients – ou 100%, si l’équipe en charge du chapitre 11 acceptait l’indemnisation de mes frais juridiques.”
SBF ne ménage pas ses mots quant à la pression psychologique exercée par le cabinet Sullivan & Cromwell, pour le pousser à passer les commandes de son empire à John Ray.
Le billet de blog est assurément inhabituel étant donné que Sam Bankman-Fried en est aux premiers jours de sa défense contre des poursuites au pénal et au civil intentées par le gouvernement américain.
SBF promet des révélations supplémentaires à venir.
Notre avis. Rien ne change. Toujours la même ligne de défense, en tant de mettre la responsabilité du crash de FTX sur Binance et son PDG Changpeng Zhao. Plusieurs chiffres intéressants révélés par SBF, qui prouvent une nouvelle fois le levier démentiel utilisé par Alameda sur ses paris spéculatifs.
8 – Bonus : les jeux play-to-earn revoient leur copie et passent au play-and-earn
En résumé. Après Square Enix qui annonçait “un investissement agressif” dans les jeux blockchain, c’est au tour d’un autre géant du gaming de se lancer dans le play to earn. Voodoo, leader français du jeu mobile, veut lancer son propre token via une ICO en 2023 (source : The Big Whale). Une autre prévente fait parler d’elle : celle du projet Meta Masters Guild (MEMAG).
Ce qu'il faut retenir
Les faits. Voici ce qu’il faut retenir :
Meta Masters Guild est une plateforme de jeux mobiles avec une couche blockchain
L’écosystème est hébergé sur la blockchain Ethereum
Le token MEMAG servira à monétiser l’expérience de jeu et les actifs in-game, on ne parle plus de play-to-earn mais plutôt de play-AND-earn
Notre avis. Un projet intéressant, qui mérite votre attention, surtout à un prix limité. Le play-and-earn promet d’être de nouveau la niche brûlante du marché cette année avec des jeux qui vont désormais se concentrer sur l’essentiel : le plaisir (avant les tokens et les NFT).
David est analyste financier indépendant, et décrypte chaque dimanche pour vous l’actualité de la crypto et de la finance de la semaine. Il écrit régulièrement quelques papiers pour analyser des acteurs clés de la DeFi, des stablecoins et des monnaies numériques de banques centrales.
Diplômé en Finance et Comptabilité, David exerce depuis 10 ans dans l’Audit, le Conseil en management et l’Analyse financière. Ses premiers pas dans la crypto datent de 2020, avec l’étude de projets de monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et de registres distribués (blockchains privées).
Depuis, David écrit régulièrement sur la percée des projets Ripple (XRP), Stellar Lumens (XLM) et Chainlink (LINK). Dans ses articles, il vous montre comment ces projets blockchain s’immiscent et transforment silencieusement le monde bancaire et celui de l'investissement.
Paiements transfrontaliers, transferts d’argent, bancarisation des populations vulnérables, prêts, tokénisation de titres financiers, tokénisation de biens immobiliers, lutte contre la fraude, sécurité … sont le fil conducteur de ses articles.
(Petit disclaimer : il s’exprime à titre personnel et son traitement de l’actualité ne constitue en rien des conseils d’investissement, ni des incitations à acheter ou à vendre des cryptomonnaies. Les prises de position, critiques et conclusions sont établies toujours dans le respect des principes d’éthique et de transparence journalistiques)
Quand il ne rédige pas sur la crypto, David aime explorer l’histoire de l’Art africain et des civilisations arabes.
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