« Les conseillers ne sont pas les payeurs ». Cet adage est vrai dans tous les domaines, notamment celui de la cryptomonnaie. En effet, il existe de nombreuses personnalités en crypto qui jouent le rôle d’influenceurs. Et parfois il est difficile de faire la part entre la pédagogie et le commercial dans leur propos. Les Autorités ont décidé de s’intéresser de près à ce phénomène. Prenons le cas de Ian Balina, entrepreneur et influenceur crypto.
Ian Balina, un entrepreneur et influenceur crypto
Ian Balina n’est pas forcément très connu en Europe. Pourtant, il est le créateur et le PDG d’une entreprise crypto, Token Metrics. De plus, il est également un influenceur crypto. Il peut d’ailleurs se reposer sur une large communautés de personnes qui le suivent sur les réseaux sociaux. Par exemple, à ce jour, son compte Twitter regroupe 140 000 followers. Sa chaîne YouTube est, elle, suivie par près de 110 000 personnes.
En parallèle de toutes ces activités, il gère également un site internet (ianbalina.com) qui liste les meilleures ICO de l’année. Pour rappel, une ICO est un anglicisme désigne « Initial Coin Offering ». Concrètement, dans le cadre d’une ICO, une entreprise met en vente des coins à prix réduit. Un ICO est un moyen de lever des fonds pour le développement d’un projet.
L’ICO du jeton SPRK
L’un des rôles de Ian Balina est donc de promouvoir des nouveaux projets crypto auprès de son audience. Mais encore faut-il que la personne en question n’ait pas d’intérêts personnels avec certains projets. Selon la SEC, c’est bien là que le bas blesse dans le cas de Ian Balina.
Le token en question se nomme SPRK. En 2018, Ian Balina a présenté en grande pompe un nouveau projet, le token SPRK. Le problème c’est que Ian Balina s’est gardé de dire à ses auditeurs qu’il avait investi à hauteur de 5 millions de dollars dans ce projet. Pour son investissement, il aurait reçu un bonus de 30 % de la part de l’entreprise en charge du token SPRK. Dans ce contexte, difficile de considérer ses encouragements répétés à acheter le token SPRK comme du simple conseil financier…
En avril et juillet 2018, la firme Sparkster (en charge du token SPRK) a réussi à lever 30 millions de dollars auprès de 4 000 investisseurs. Parmi ces investisseurs, on trouvait notamment le nom de Ian Balina mais aussi d’autres investisseurs américains. Là encore, la situation soulève des questions puisque l’entreprise Sparkster avait annoncé que les résidents américains n’étaient pas éligibles à l’achat de jetons SPRK.
La SEC veut poursuivre Ian Balina
La SEC entend poursuivre Ian Balina et l’accuse en quelque sorte de conflit d’intérêt.
Ce que la SEC reproche à l’influenceur crypto
La SEC désigne « The Securities and Exchange Commission ». Il s’agit de l’agence en charge des problématiques financières aux Etats-Unis. C’est un peu l’équivalent de l’AMF en France.
La SEC a décidé de s’intéresser de près à « l’affaire » du jeton SPRK en lien avec les actions de Ian Balina. Concrètement, la SEC reproche à Ian Balina d’avoir promu le token SPRK sans avoir averti son audience qu’il en avait acheté une grande quantité avant l’ICO. De plus, la SEC considère que ce token fait partie des « securities ». L’achat et la vente de ce token devait donc faire l’objet d’une acceptation préalable de la SEC.
L’agence a envoyé lundi une ordonnance à Sparkster et à son PDG Sajjad Daya concernant l’offre non enregistrée et la vente des jetons SPRK. Comme détaillé dans un communiqué de presse de la SEC, la firme Sparkster a immédiatement réglé le « contentieux » à l’amiable. Elle a accepté de verser 35 millions de dollars américains dans un fonds pour les investisseurs SPRK lésés et a demandé le retrait de tous les jetons restants des échanges.
« La résolution avec Sparkster et Daya permet à la SEC de restituer une somme d’argent importante aux investisseurs et nécessite des mesures supplémentaires pour protéger les investisseurs, y compris la désactivation des jetons pour empêcher leur vente future (…) L’action de la SEC contre Balina protège davantage les investisseurs en cherchant à tenir pour responsable un prétendu promoteur d’actifs cryptographiques pour non-respect des lois fédérales sur les valeurs mobilières. » Carolyn M. Welshhans, directrice associée de la SEC, Division de l’exécution.
La défense de Ian Balina
De son côté, Ian Balina se défend de toute malversation. Il se déclare aussi être une « victime » de l’entreprise Sparkster puisqu’il ne « pouvait pas savoir » que le token faisait partie des « securities ». De plus, dans sa déclaration, il affirme également qu’il a acheté pour 106 915.50 $ – et non pas 5 millions de dollars – de jetons SPRK. Enfin, Balina déclare avoir soutenu l’entreprise Sparkster après qu’elle ait remporté de façon honnête une compétition dans laquelle il était juge.
« M. Balina n’a pas reçu d’indemnisation et il n’y a AUCUNE preuve de ces allégations. M. Balina n’a pas non plus profité de son achat de jetons Sparkster. Au contraire, M. Balina est une victime potentielle de fraude et de fausses déclarations de la part de l’équipe Sparkster, comme d’autres investisseurs. Nous sommes prêts à combattre ces accusations frivoles devant la Cour suprême des États-Unis. »
Sur Twitter, Ian Balina a également fait entendre sa voix. Dans un message datant du 19 septembre 2022, il a qualifié les charges de la SEC de « futiles ».
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Charles Ledoux
