Depuis 2016, Infura est un pilier de l’écosystème Ethereum. Développée par Michael Wuehler de ConsenSys, cette infrastructure permet aux développeurs de Dapps d’accéder aux données de la blockchain Ethereum sans nécessiter de faire tourner un nœud complet. Toutefois, le service a été critiqué ces dernières années pour sa centralisation. En réponse à cela, depuis septembre 2022, ConsenSys a créé un réseau de partenaires pour compléter ses propres serveurs. Microsoft et Tencent rejoignent l’aventure.
Infura, de la centralisation à la décentralisation
Lorsqu’un service tel qu’Infura tombe en panne, presque tous les utilisateurs d’Ethereum en ressentent les effets.
En avril 2022, une panne majeure d’Infura a mis hors service le portefeuille Metamask et a provoqué des perturbations chez Binance, notamment des informations contradictoires sur les retraits d’ethers de ses clients. Infura est en effet essentielle pour les applications DeFi, les marchés NFT, et les réseaux secondaires d’Ethereum, traitant plus de 10 milliards de requêtes quotidiennes de plus de 40 000 développeurs.
Peut-être trop essentielle ?
Les géants de l’industrie reconnaissent la valeur du service offert par Infura, que l’on pourrait comparer à une sorte d’Amazon Web Services (AWS) de la blockchain. Ce fournisseur d’infrastructure gère des nœuds complets sur Ethereum et les met à disposition des développeurs avec tous les outils nécessaires. Cependant, ils soulignent également que le service d’Infura reste trop centralisé, et appellent ConsenSys à décentraliser davantage son offre.
Face à ces enjeux, ConsenSys a annoncé à Berlin en septembre 2022 un Infura plus décentralisé. Plus précisément, un réseau d’infrastructure décentralisé (DIN) composé de plusieurs fournisseurs de serveurs cloud. Les 19 premiers membres de ce réseau DIN ont été annoncés hier, le 15 novembre, lors de l’événement Devconnect à Istanbul.
Microsoft et Tencent mettent leurs serveurs au service d’Infura
Microsoft, Tencent, 0xFury, Bloq, Chainstack, Covalent, Ellipfra, Everstake, Gateway.fm, Grove, Laconic Network, Linkpool, LinkRiver, Luscent, Mantle, MatrixedLink, Pokt et Rivet.
Ces 18 premiers partenaires rejoignent une première version “fédérée” du DIN. Concrètement, cela signifie que les premières fonctionnalités du DIN se concentrent d’abord sur la fiabilité et la résilience. Une protection contre les basculements signifie que si un serveur ou un nœud dans le réseau rencontre un problème (comme une panne ou une surcharge), le trafic sera automatiquement redirigé vers un autre serveur ou nœud fonctionnel.
Cette continuité de service sera d’abord mise en place sur les blockchains Polygon et Ethereum dans un premier temps. Pour ceux que la technique intéresse, rappelons que dans le contexte des blockchains comme Ethereum et Polygon, le RPC (“Remote Procedure Call”) d’Infura est utilisé pour interagir avec la blockchain à distance.
Par exemple, un développeur souhaitant obtenir des informations sur le dernier bloc de la blockchain Ethereum peut le faire via une requête RPC. Ainsi, le DIN d’Infura vise à décentraliser cette interaction RPC. De sorte qu’au lieu de s’appuyer sur un service qui peut tomber en panne (point de défaillance unique), il y a plusieurs nœuds répartis pour prendre le relais et assurer un fonctionnement normal pour les protocoles de DeFi, les portefeuilles type Metamask et les marchés de NFT.
Sources : ConsenSys
Sur le même sujet :
- MetaMask : les paramètres de sécurité du portefeuille crypto après les mesures d’Infura
- ConsenSys lance son propre layer 2 compatible avec Ethereum