8 000 Bitcoin partis en fumée. Cette histoire, c’est celle de James Howells, ancien informaticien à Newport, dont la vie a changé en 2013. En voulant se débarrasser d’un disque dur qu’il croyait vierge, l’anglais venait d’envoyer à la décharge un butin estimé aujourd’hui à plus de 180 millions de dollars. Après 9 ans de recherche, il revient avec un plan d’action bien précis pour retrouver le précieux disque dur. Un plan qui pourrait lui coûter plusieurs dizaines de millions d’euros. Mais sa demande se heurte pour l’heure au refus des autorités locales. Un scénario digne d’un film !
Un plan XXL pour retrouver le disque dur !
Depuis 9 ans, James Howells s’implique activement pour retrouver son trésor de guerre : 8 000 Bitcoin jetés en 2013. Aujourd’hui, l’ancien informaticien de 36 ans revient avec un plan qui mêle chiens robots, intelligence artificielle et fonds de capital risque. Un plan XXL qui pourrait faire l’objet d’un long métrage par son aspect insolite.
Le plan pour retrouver le fameux disque dur se chiffre en millions. 11 précisément. De manière schématique, il consistera à fouiller plus de 110 000 tonnes de déchets. Pour optimiser la recherche, Howells table sur une combinaison de trieurs humains, de chiens robots et d’une machine à intelligence artificielle qui aura été spécifiquement entrainée à trouver tout ce qui pourrait s’apparenter à un disque dur. Selon ce qui sera retenu, les fouilles pourraient durer entre 18 et 36 mois.
Pour mener à bien son plan, Howells s’est entouré d’experts aux compétences très spécifiques. L’équipe de choc comprendra un expert du tri assisté par intelligence artificielle, un expert de fouilles en décharge, un spécialiste de la gestion des déchets ainsi qu’un expert dans l’extraction des données. Le plan inclut même des dépenses de sécurité, afin d’éviter que d’autres personnes ne trouvent le disque dur. Les robots chiens de Boston Dynamics, chercheurs le jour, passeraient ainsi en mode garde la nuit.
L’équipe formée par Howells s’est réunie pour la première fois en mai dernier au Celtic Manor Resort, près de Newport. Invité à filmer cette réunion pour en faire un documentaire, l’ancien animateur de “Top Gear” Richard Hammond aurait déclaré la chose suivante :
C’est une histoire qui va de l’incroyablement banal au colossal.
Le conseil municipal comme frein principal
Mais dans ce scénario hollywoodien, il faut nécessairement des péripéties et une certaine forme d’incertitude sur la faisabilité du projet. Ce rôle, c’est le conseil municipal qui le tient depuis près de 10 ans. Depuis qu’Howells s’est rendu compte de son erreur, le conseil municipal lui a toujours refusé la fouille de la décharge, en arguant que ces fouilles seraient à la fois extrêmement couteuses, mais surtout potentiellement dommageables pour l’environnement.
Dans une déclaration faite à Insider, un conseiller municipal déclarait récemment :
M. Howells ne peut rien nous présenter qui pourrait amener le conseil à accepter son projet. Ses propositions présentent un risque écologique important, que nous ne pouvons pas accepter et que les termes de notre permis nous empêchent d’envisager.
Depuis près de 10 ans, Howells déplore le peu d’aide qu’il reçoit de la part du conseil municipal. Il a récemment déclaré qu’il n’avait d’ailleurs jamais obtenu de réunion en face à face avec les membres du conseil. En mai 2021, il avait pu obtenir une réunion Zoom d’une vingtaine de minutes pour exposer son problème. Trop maigre au vu des enjeux. Pour faire avancer sa cause, Howells aurait rencontré la députée locale Jessica Morden le mois dernier.
Sous réserve de l’acceptation de la demande par le conseil municipal, la recherche sera financée par Hanspeter Jaberg et Karl Wendeborn, deux capital-risqueurs suisses et allemands qui se sont engagés à fournir 11 millions de dollars.
La problématique écologique au cœur du débat
Dans le plan des fouilles, Howells prévoit de nettoyer les ordures, d’en recycler un maximum et de ré-enterré le reste. Si le sujet environnemental est aujourd’hui très sensible, Howells a tenu à préciser que son plan ne pouvait être qualifié d’écocide :
Nous ne voulons en aucun cas endommager l’environnement. Au contraire, nous voulons tout laisser dans un meilleur état.
Pour tenter de convaincre plus facilement le conseil municipal, Howells mise aujourd’hui beaucoup sur l’aspect écologique de sa démarche. Après les fouilles, le plan prévoit en effet la construction d’une ferme d’énergie solaire ou éolienne sur le site de la décharge. Pour autant, rien n’indique que le conseil municipal changera son fusil d’épaule.
Quelles sont les probabilités de retrouver le disque dur ?
En premier lieu, elles dépendent grandement du choix que prendra le conseil municipal. En cas de nouveau refus du conseil municipal, Howells pourrait attaquer l’autorité locale en justice. Au motif “d’embargo illégal”. Si l’ex-informaticien se dit réticent à utiliser cette voie de recours, il se pourrait bien qu’elle finisse par constituer sa dernière chance de récupérer ses Bitcoin égarés.
En supposant un dénouement heureux pour Howells avec le conseil municipal, les entreprises impliquées affichent une certaine confiance sur le fait de retrouver le périphérique. Mais c’est sur l’extraction des données que l’incertitude pèse. Le bon fonctionnement du disque dur dépendra d’un composant : le plateau.
Il s’agit d’un disque de verre ou de métal qui contient les données. Selon Howells, si le plateau n’est pas fissuré, il y aurait 80 à 90 % de chances que les données soient récupérables. Phil Bridges, un professionnel de la récupération des données a confirmé que ces chiffres étaient corrects. En revanche, si le plateau est endommagé, les probabilités de récupérer les données tendent vers 0.
S’il parvenait à récupérer les données, Howells a déclaré qu’il garderait environ 30 % du butin. Soit près de 55 millions de dollars au cours actuel du Bitcoin. Un tiers est prévu pour l’équipe de récupération. Environ 30 % devrait revenir aux investisseurs. Dans son plan, Howells prévoit aussi d’aider certaines causes locales. Et de donner 50 livres sterling, en BTC, à chacun des 150 000 habitants de Newport. Quand on vous dit que cette histoire mériterait presque un film !
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Charles Ledoux
